Bonus 3 - Edan

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Après avoir quitté Aurore, je me sens beaucoup mieux. Sa présence à mes côtés m'apaise et calme l'ouragan qui fait rage dans mon esprit.

Et cet ouragan ne cesse de faire naître de nouvelles questions que je préférerais ne jamais avoir à me poser. En arrivant ici et en prenant conscience du monde dans lequel nous vivons, j'ai commencé à me poser encore plus de questions en ce qui concerne mon histoire avec Aurore.

Et les questions qui me torturent sont les suivantes : est-ce que nous nous aimons réellement ? Est-ce que c'est le Gouvernement qui nous a fait tomber dans les bras l'un de l'autre ? Est-ce que sans son intervention, nous aurions eu une relation ? Serions-nous tombés amoureux si nous étions tous les deux nés à Utopia ?

Toutes ces questions sans réponses vont bientôt en trouver une, et à vrai dire, je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'écouter les réponses du docteur à ce sujet.

Quand j'ai parlé à Magaly de mes doutes par rapport à mes sentiments vis à vis d'Aurore, elle m'a dit qu'un expert pourrait répondre à toutes mes interrogations. Je n'ai pas du suffisamment réfléchir à l'impact que cela pourrait avoir sur moi. Je me demande si je suis prêt à savoir la vérité. Après tout, peut-être que je connais déjà la vérité, peut-être que je n'ai pas de soucis à me faire.

Toujours est-il que Magaly va bientôt arriver pour m'emmener voir le docteur. Là-bas, je pourrais lui poser toutes les questions que je veux, et il essaiera d'y répondre.

Après avoir mangé, je me prépare rapidement en me recoiffant vite fait. J'enfile mes chaussures et je descends dans le hall du l'immeuble pour attendre Magaly. Quand sa tête brune apparaît, mon coeur loupe un battement et j'ai une soudaine envie de remonter dans mon appartement pour m'y enfermer à double tour. C'est comme s'il elle m'emmenait droit vers ma perte, tel un bourreau.

- Salut Edan, tu vas bien aujourd'hui ? Me demande-t-elle quand elle arrive à ma hauteur.

- Oui, je réponds simplement.

- On peut y aller alors ? Monsieur Charles nous attend à treize heures, ça nous laisse pas mal de temps.

J'hoche la tête et elle ouvre la marche pour sortir. Le vent s'est levé et ses cheveux courts virevoltent eu gré des bourrasques. Pour être honnête, cette fille n'a rien de spécial, mais la maturité qu'elle dégage et son assurance font d'elle une femme de caractère. Elle en reste malgré tout généreuse et sympathique.

Nous montons dans le batram presque vide et nous nous laissons guider vers le centre de soins. Les consultations de ce type sont effectuées au premier étage. Une hôtesse nous emmène jusqu'à la salle d'attente et nous patientons dans le silence le moment où je serai face à l'homme qui pourrait bien changer ma vie.

Les gens semblent tous calmes et sereins. Un perpétuel sourire se dissimule sur leurs visages plus ou moins expressifs. Une femme porte son enfant sur ses genoux. Elle paraît exténuée mais joyeuse. Son enfant lui, a hérité de ses yeux caramel et de ses cheveux. En revanche, il est trop tôt pour dire s'ils se ressemblent au niveau des traits du visage. Le gamin doit avoir deux ans, et il dort paisiblement sur ses genoux. C'est une image qui m'émeut particulièrement car jamais ce genre de scènes se présentait à nous lorsque nous étions a l'Orphelinat. Et encore moins lorsque comme moi, nous n'avons pas de mère. Je baisse les yeux.

J'ai l'impression que toute ma vie n'a été qu'un enchaînement de pertes de gens que j'aime. Tout d'abord ma mère, que je n'ai même pas connu. Plus tard, ce sera Jude. Puis Nélo.

Et maintenant j'ai peur de perdre Aurore.

Mais tout cela dépend de ce que le docteur Charles me dira.

GéniteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant