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Je n'en peux plus. Mon cerveau a subi trop de traumatismes. Tout d'abord le départ d'Edan, puis l'arrivée de Jude et de toutes les révélations qui vont avec. Edan n'existe plus. Ou du moins, pour le gouvernement. Je suis dans les bras de Jude, en train de réaliser peu à peu ce que tout cela veut dire.

- Edan n'existe plus, dis-je en étouffant un sanglot.

Jude resserre son étreinte.

- Non il est toujours là, je suis sûr que tout se passe bien pour lui. Fais moi confiance.

Je secoue la tête. Comment peut-il en être si sûr ?

- Il faut que l'on reste discret Aurore, on doit se fondre dans la masse, agir comme de vrais partenaires. Je sais que ça va être dur pour toi.

Je presse mes yeux, vaine tentative pour empêcher mes larmes de couler.

- Explique-moi, murmuré-je.

Il prend sa respiration et frotte mon dos de façon délicate.

- Les deux femmes m'ont tout expliqué. Edan à disparu, ils ont donc rayé son nom de la liste des habitants de la ville. Apparemment cela ne les perturbait pas plus que ça, peut-être que les disparitions sont plus courantes que l'on pense. Je suis là pour le remplacer car j'étais censé être ton prochain partenaire. Elles m'ont dit que si nous avons des nouvelles de lui, il faut aller voir le Gouvernement et demander le Service de Repérages.

Je me relève, je sais qu'il ne m'aurait pas abandonné. Je m'accroche à cette pensée et j'arrive à me dire qu'il est en bonne santé et que tout va bien.

- Merci Jude, lui dis-je à l'oreille pour qu'il entende mon chuchotements, merci pour tout.

Mes yeux sont toujours fermés. Je sens sa main caresser mes cheveux et j'enfouis ma tête dans le creux de son cou. Il ne me répond pas. Nous restons sous le saule un moment. Moi sur ses genoux, la tête sur ses épaules et lui une main dans mon dos et une autre touchant mes cheveux. J'aurai besoin de lui et de son attention, du réconfort qu'il pourra m'apporter et de son immense tendresse à son égard.

***

Maintenant que j'ai trouvé un boulot au Gouvernement, je vais pouvoir entamer mes recherches sur la société. C'est donc d'un pas déterminé que je me dirige vers le Gouvernement en ce mardi matin. Je me présente à l'accueil où l'hôtesse me lance ce même regard hautain. Je vais dans les vestiaires et j'enfile ma tenue. Je prends ensuite tout le matériel, et je monte au premier étage en prenant l'escalier de gauche. Dans les escaliers la peste m'interpelle :

- Au fait, certaines portes sont fermées, tu n'y touche pas.

Je la regarde et je réponds :

- Évidemment.

Mon chariot est lourd et assez laborieux à monter, et c'est avec un soulagement incomparable que j'arrive en haut. Je me plante devant le plan de l'étage. C'est tout est simplement immense. Comment un bâtiment qui semble petit de l'extérieur peut se trouver aussi gigantesque à l'intérieur ? Le long couloir forme un carré qui part de l'escalier de gauche et rejoint l'escalier de droite. Dans le premier couloir, des pièces se trouvent de chaque côté de celui-ci. Dans le deuxième et le troisième, les pièces sont seulement sur le mur intérieur ce qui fait que de grandes baies vitrées se trouvent sur l'autre pan de mur du couloir. Le quatrième couloir porte la même configuration que le premier. Tout est symétrique dans ce bâtiment, comme si un miroir était positionné en diagonale du couloir carré. Sur le plan, les pièces ne portent pas de noms, mais une plaquette en or avec des inscriptions est posée sur chaques portes. Je croyais que le Gouvernement possédait plusieurs étages mais je ne vois pas d'autres escaliers sur le plan. Après cette inspection minutieuse, je me lance et je vais dans la première pièce, l'écriteau sur la porte indique que c'est le Service des Métiers et des Emplois. Rien qui puisse m'intéresser dans cette pièce. Je m'applique néanmoins à faire le ménage. C'est une pièce avec des étagères au fond et un bureau au centre, une grande armoire se trouve sur le côté mais je remarque un verrou. Par curiosité, j'essaie de l'ouvrir mais comme je m'en doutais, c'est fermé. Je continue de récurer les pièces du premier couloir. Je n'y trouve rien d'intéressant. Il y a juste le Service de l'Éducation qui pouvait me donner quelques renseignements, mais la porte était fermée à clé.
Vient ma pause de midi, une sonnerie retentit dans le bâtiment et le personnel est prié de descendre au rez-de-chaussée. À ma grande surprise, nous sommes très peu à travailler dans le nettoyage du bâtiments. Beaucoup d'employés sont des hôtesses ou des secrétaires. Je n'ai jamais croisé une seule personne pouvant faire partie du gouvernement dans les pièces où je me suis rendue, à croire que les gouverneurs ne travaillent pas. Les gouverneurs sont ceux qui s'occupent d'un Service précis. Mes connaissances sont très limitées sur ce sujet, on nous apprend très peu de choses sur le gouvernement. Je suppose que c'est pour mieux nous manipuler, comme me l'a fait remarquer Edan. Je chasse rapidement ces pensée de mon esprit.
Le personnel s'engouffre dans une salle, qui doit être la salle de restauration je suppose. Les places sont atitrées par poste, et en tant que femme de ménage, je me retrouve tout au fond, à côté d'une certaine Judith et en face d'un certain Samuel. Nos assiettes sont déjà garnies, il suffit de manger directement. Une silhouette s'approche et un homme s'assied face à moi. Il me dévisage longuement avant de me dire :

GéniteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant