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Rien de ne peut décrire ce que je ressens. Peut-être que je ne ressens rien. Mais est-ce possible ? Il me semble avoir vu un jour que bon nombres de nos sentiments sont reconnaissables par leurs manifestations physiques. En effet, la peur augmente notre rythme cardiaque. La tristesse active nos glandes lacrymales. Le stress et la nervosité tendent nos muscles. L'amour fait naître en nous tout un ouragan de réactions : notre cœur bat plus vite, notre respiration devient lourde, nous transpirons. Chaque sentiment peut s'associer à une réaction physique.

Mais mon esprit est inerte. Je ne saurais même pas dire si c'est agréable ou non.

Et puis, je commence à sentir un gout acre dans la bouche. Mon odorat reconnait une senteur acide et stérile. Je suis dans un hôpital ?

Je peux même deviner les murs blancs qui m'entourent même s'il m'est encore impossible d'ouvrir les yeux, car je n'ai pas assez de force.

Mon corps se réveille petit à petit.

Je capte quelques sifflements dans mes oreilles. Un dialogue sourd s'engage dans la pièce mais mon cerveau est incapable d'analyser les paroles prononcée.

Mes muscles sont endormis et je n'arrive pas à serrer mes poings. Je commence malgré tout à ressentir une douleur dans mon cou.

- Elle va se réveiller.

- On doit la garder inconsciente jusqu'à la ville, comme tous les autres.

- Il faut lui administrer une autre dose d'anesthésiants avant qu'elle ne reprenne pleinement conscience.

La douleur s'évanouit et tout s'éteint de nouveau.

***

Lorsque j'ouvre les yeux et que je vois un plafond blanc immaculé au-dessus de ma tête, je n'ose plus bouger. Je suis prise d'une panique qui augmente au fur et à mesure.

Où suis-je ?

Au Gouvernement ?

Je ferme les yeux et je tente d'analyser mon environnement sans faire confiance à ma vue. Je sais qu'elle peut me trahir.

Un bip continuel résonne dans la pièce. C'est un bip strident qui ne dure qu'un instant mais dont l'écho résonne à l'infini.

Il semble que je sois allongée dans un lit car je me sens flotter au-dessus de quelque chose. Le matelas est mou et j'arrive à le sentir sous mes paumes engourdies.

Je bouge un pied, puis l'autre. Tout va bien. Je porte alors ma main à l'endroit où j'ai senti la brûlure, au niveau de mon ventre. Un pansement s'y trouve et la zone est un peu douloureuse, mais rien de plus.

Sous mes paupières, je sens que la pièce est bien éclairée et lumineuse, mais ce n'est pas de la lumière naturelle, elle est trop forte et agressive pour que cela soit le soleil.

Je prends une grande inspiration et le bip s'agite un peu.

Et j'ouvre les yeux.

Je suis toujours face au plafond blanc. Ce n'est pas un rêve et j'avoue que je nourrissais l'espoir que tout cela soit faux. Peut-être que c'est le jour des tests et que je vais retrouver Louise à l'Orphelinat ? Peut-être que c'était ça les tests !

Une grande joie me submerge, je vais enfin retrouver Louise !

Le bruit d'une poignée qui s'actionne me sort de la transe dans laquelle je suis plongée. Je tourne la tête pour découvrir une jolie jeune femme qui s'avance vers moi. Elle a des cheveux châtains rassemblés dans une queue de cheval qui se balance gracieusement au rythme de sa marche. Elle porte une blouse blanche et un pantalon bleu. Je lui souris automatiquement.

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