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C'est avec un immense sentiment de paix que je me réveille ce matin. Mes paupières sont légères et je me sens régénérée. Vivante et en pleine forme.

Le monde ne tourne peut-être pas rond, mais je n'ai pas honte de dire que je me sens bien et que je suis prête à affronter n'importe quoi. Je prends le temps de profiter du soleil ardent qui me chauffe le visage, alors que je suis confortablement allongée dans mon lit douillet. Je me sens enfin chez moi, dans un cocon qui me parait indestructible et dans lequel je vais pouvoir m'épanouir.

À dix heures, je décide finalement de me lever, je sais que les visites ont commencé et je veux être sûre de voir Louise.
Je bois la Boisson qui m'attends puis je me prépare pour partir. Mais sur le pas de la porte, je remarque une envoloppe cachetée qui m'attend. Je la prends délicatement et je lis dessus "Centre de la Paix". L'écriture est sublime et elle brille d'un éclat argenté. En l'ouvrant, je découvre à l'intérieur une lettre qui me convoque au Centre de la Paix en raison des évènements qui se sont produits à Rarya. C'est vrai que personne n'est venu me voir pour m'interroger à ce sujet, et je pense que je vais devoir m'expliquer, car tout ce qu'il s'est passé est de ma faute. Je n'aurais jamais du présenter devant Louise cet interrupteur. Mais je ne peux pas lui en vouloir.
Et puis je veux aussi savoir ce qu'il advient de Rarya. Comment les choses se passent pour les habitants.

Je prends soin de mettre l'enveloppe dans mon sac quand je quitte l'appartement pour me rendre auprès de Louise.

Comme par écho à mon état d'esprit, le soleil brille dans le ciel bleu. C'est aussi un des rares jours où le vent ne souffle pas, mais je suis quand même contrainte de porter une écharpe bien chaude. Le batram est presque plein et je prends plaisir à observer les gens.

À côté de moi, une femme profite d'un livre qu'elle semble dévorer. Elle tourne les pages rapidement et je réalise que le frottement de la peau contre le papier me manque. J'aimerais, tout comme elle, me procurer un bon livre et le lire emmitouflée dans les couvertures de mon lit. Si je le pouvais encore, je rajouterais à ce tableau une tasse de café fumant. Mais la seule chose qui m'accompagne désormais est cette Boisson peu ragoûtante.

Plus loin, un enfant qui porte un sac sur le dos joue avec ses mains. Il fait des formes, des ombres sur les gens et des bruits étranges. Mais il s'amuse et l'étincelle de malice dans ses yeux m'éblouit presque.

La cloche annonçant la fermeture des portes sonne, et je me précipite in extremis en dehors du batram. Le froid se saisit de mes joues qui doivent rougir immédiatement. Je marche donc d'une allure vive jusqu'au centre de soin pour tenter de me réchauffer.

- Bonjour, je souhaiterais rendre visite à quelqu'un, dis-je à l'hôtesse d'accueil.

- Bonjour, me répond-elle. De qui s'agit-il ?

- Louise.

Elle me regarde d'un air perplexe comme si elle attendait une suite, puis son visage s'illumine quand elle comprend.

- Quelqu'un va venir vous chercher pour vous accompagner jusqu'à sa chambre. Bonne journée.

- Merci, je réponds en souriant.

Puis je vais m'asseoir sur les sièges prévus pour attendre. Quelles minutes plus tard, une femme se dirige vers moi le sourire aux lèvres et elle m'accompagne jusqu'à la chambre de Louise. Elle ouvre la porte pour me laisser entrer.

- Elle est dans la salle de bain pour le moment. Je vous laisse attendre ici ?

J'hoche la tête et elle referme la porte doucement en me laissant seule dans la chambre.

J'entends l'eau couler dans la pièce d'à côté et pour patienter, je m'assois sur le lit. Cette chambre est bien différente de celles que j'ai eues. Tout d'abord parce qu'une grande fenêtre ouvre la vue sur l'extérieur, ce qui fait de la pièce un lieu très agréable et presque chaleureux.
Même si les murs et le sol sont de la même couleur que les autres chambres, l'ensemble parait beaucoup moins austère. Mais en réfléchissant, il est peut-être plus logique d'attribuer ce genre de chambre à une femme enceinte veuve qu'à une femme comme moi.

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