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En me réveillant ce matin, je suis tout de suite prise d'une euphorie que j'ai du mal à contenir. Je vais enfin quitter le centre de soin et pouvoir m'installer dans mon appartement. Les préparatifs se font rapidement car je suis venue sans effets personnels et tout ce que j'avais emporté chez les Sauvages est resté au village. Il est neuf heures quand Anouk entre dans ma chambre, elle semble tout aussi excitée que moi.

- Alors, prête à découvrir le monde ? Me demande-t-elle.

- Prête ! Je réponds.

Nous nous assurons que la chambre est rangée et dans un bon état, puis nous sortons pour nous diriger vers l'ascenseur.

- Par quoi tu veux commencer ?

- Mon appartement ! Dis-je sans hésiter. J'aimerais rendre visite à Edan après.

Anouk me fait un sourire charmant mais réservé.

- Il habite juste face à ton appartement, sur le même palier. Les conseillers ont jugé bon de ne pas trop vous éloigner. En revanche Jude occupe un appartement sur un étage différent, mais cela ne change pas grand chose.

Mon sourire s'élargit. J'ai l'impression que je vais partir en voyage alors que je vais simplement découvrir mon nouveau lieux de vie. Le paysage que nous voyons depuis l'ascenseur est tout aussi beau que l'autre jour, d'autant plus qu'un grand soleil éclaire Utopia.

Lorsque nous arrivons enfin au rez de chaussé et que nous franchissons les portes du centre, nous sommes frappées par un vent glacial, heureusement qu'Anouk m'a apporté des vêtements chauds. Tout est beaucoup plus impressionnant vu de la terre ferme. La grande route face à la sortie est uniquement réservée aux piétons. Elle est bordée de grands arbres aux feuilles jaunies à cause de l'automne. Certains se déplacent en vélo ou même à pieds, mais la plupart des personnes attendent le "train flottant". La route semble se prolonger à l'infini vers la droite alors qu'elle est dans un grand tournant vers la gauche.

L'air iodé s'infiltre dans mes poumons et le vent sec se calme avant de reprendre dans de grandes bourrasques. L'odeur salée de la mer inonde mes narines et me brûle presque la gorge. Anouk continue d'avancer devant moi alors que je reste en retrait, le temps d'admirer le grand bâtiment qui se dresse devant moi. Je baisse ensuite les yeux pour observer avec plus d'attention les gens. Ils marchent vite, la tête haute et ils ont tous plus ou moins le sourire aux lèvres. Ils sont heureux, c'est le mot. Je ne me souviens pas avoir croisé des gens aussi heureux dans ma ville.

- Tu veux y aller en batram ou à pieds ?

Je sursaute presque à l'entente de sa voix. Je regarde ensuite Anouk qui attend ma réponse.

- Pardon ? Dis-je.

- Tu préfères prendre ça, dit-elle en pointant de "train flottant", ou tu préfères y aller à pieds à ton appartement ? Ce n'est pas tout près, mais c'est acceptable.

Elle ponctue la fin de sa phrase avec un énième sourire.

- Le train flottant, dis-je comme toute réponse.

Elle pouffe de rire.

- Le train flottant ? Tu as de l'imagination dis donc ! On appelle ça le "batram". À l'époque, les Hommes utilisaient un type de transport qui s'appelait le "tramway". Comme nous sommes une ville eau, nous avons retravaillé la chose et nous avons rebaptisé le terme : batram. Bateau, et tramway. Je ne vais pas t'expliquer son fonctionnement, c'est un peu trop compliqué pour moi, mais je t'emmènerais dans le musée de la ville un jour, tu vas y apprendre pleins de choses. Tout ce que je sais, c'est que ça avance avec un système de pistons ...

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