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Anouk m'a laissé avec Edan pendant environ une heure pendant laquelle nous avons presque échangé aucun mot. Il est dévasté par la perte de Nélo, ça se voit profondément sur son visage. Le voir ainsi anéanti me fait un mal de chien, mais je dois être là, c'est mon rôle.

Pour me changer les idées, je décide de passer un petit interrogatoire à Anouk.

- Nous sommes dans un hôpital n'est-ce pas ?

- Tout à fait, répond Anouk, nous appelons ça un centre de soin.

J'hoche la tête. Hôpital, centre de soin, c'est la même chose non ?

- J'ai trop de questions, avoué-je. Comment ça se fait que nous n'ayons jamais entendu parler d'Utopia ? Et de quoi votre ville nous a sauvé au juste ?

Anouk soupire bruyamment. J'ai besoin de ces réponses car elles vont me permettre de comprendre ce qu'il se passe, ce qu'il m'arrive.

- Je ne suis pas en mesure de te répondre.

C'est à mon tour de soupirer, elle est fermée comme une huître, impossible de lui soutirer la moindre information.

- Mais j'ai le droit de savoir non ? Mettez-vous à ma place ! Je me réveille dans un endroit totalement inconnu dont je n'ai jamais entendu parler, et vous refusez de me donner la moindre réponse ?

Je pense que je suis maintenant totalement réveillée. Mon cerveau ne marche plus au ralenti et j'arrive à coordonner mes gestes. Mais cela veut aussi dire que je retrouve tout mon caractère.

- Ce n'est pas mon rôle tout simplement ! Je suis juste là pour t'accompagner, je dois prendre soin de toi, c'est tout.

Je retiens un autre soupir.

- Que va-t-on faire de nous ?

Anouk ne répond pas et cela à le don de me mettre en rogne.

- Vos autorités ont surement secouru d'autres Sauvages non ? Où sont-ils ?

- Je n'en sais rien, répond Anouk d'une voix monotone.

Devinant qu'elle ne va pas me porter plus de réponses que ça, j'abandonne mes questions, mais je les garde pour plus tard. Je refuse de rester sans rien faire alors que je ne sais rien de ce qu'est devenu Nhoa ou même si je reverrais un jour Louise. Cette pensée s'abat sur mon corps comme un poids qu'on m'aurais lançé.

Je ne sais même pas où je suis précisément. Certes à Utopia mais où par rapport à notre ville. Je n'ai pas vu beaucoup de cartes mais je trouve que c'est rassurant de pouvoir se repérer. Je ne connais rien de cette ville à part les couloirs blancs et le sol bleu. Je veux sortir de là, je veux respirer, je veux des réponses.

- On retourne dans ma chambre ?

- Oui, vous devez vous reposer.

A quoi ça sert de me reposer ? Je suis sûre que j'ai passée les dernières vingt-quatre heures anesthésiée par le foutu produit !

- Combien de temps ai-je dormi ? Nous sommes quel jour ?

Je sais que c'est des questions auxquelles Anouk peut répondre. Elle ne peut pas me laisser dans une telle ignorance, juste par pitié.

- Vous êtes arrivés Dimanche soir mais je ne sais pas depuis combien de temps tu dormais. Nous sommes lundi au fait.

Lorsque j'étais chez les Sauvages, j'ai presque perdue toute notion des jours et des dates. Je savais que l'on était le week-end lorsque nous ne travaillions pas, mais en ce qui concerne la date précise, je n'en ai aucune idée.

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