La vie de Mathieu (IV)

4.40

Nous sommes dans mon bureau. Il faut que nous discutions du contrat de Steven. Parce que son livre va sortir, même si j'ai encore du mal à me faire à l'idée que ça parle de notre histoire.

— Je n'ai pas trouvé beaucoup de fautes. Tu l'as d'abord écrit en anglais ou tu t'es lancé directement en français ?

— Directement dans ma seconde langue. Mais j'ai une copine française, qui a bien voulu me relire. En fait, elle a réécrit certains passages incompréhensibles.

— Nous le ferons passer par notre correcteur, il n'aura pas beaucoup de boulot. Tu as une idée pour la couverture ?

— Je ne sais pas si ça va te plaire.

— Dis toujours.

— Je pensais qu'on pourrait poser tous les deux. Tu vois, genre côte à côte, torse nu. Ce genre d'image ne peut que donner envie.

— Ça va envoyer un mauvais signal, les lecteurs vont croire que ça ne parle que de cul.

— Il y en a quand même beaucoup.

C'est vrai et d'ailleurs c'est peut-être ça qui me dérange.

— Je n'ai pas d'autre idée de toute façon, donc on va programmer ça. Une petite séance photo, on a l'habitude !

— Il y a un autre souci.

Il fouille dans son sac et en sort un papier avec l'en-tête d'une administration française.

— Inutile de te demander si tu te souviens pourquoi j'ai dû quitter la France. L'affaire n'a jamais été classée, donc je risque d'être arrêté à n'importe quel moment.

— On te soupçonne toujours d'avoir abusé de moi alors que j'étais mineur ?

— Je pensais qu'il y aurait prescription, mais pour ce genre d'affaires c'est assez long. On va dire que c'est une bonne chose, les violeurs ne doivent pas s'en sortir. Sauf que dans notre cas, c'est un peu différent.

— Et qu'est-ce que c'est ?

— Un document dans lequel tu demandes à ce que l'affaire soit classée.

Évidemment que je signe tout de suite.