La vie de Mathieu (IV)

4.24

Ces vacances commencent à être intéressantes. J'imagine qu'avant, tout le monde était un peu coincé. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais soudain chacun semble beaucoup plus ouvert sur des questions que nous n'avons jamais abordées.

— Alors, tout va bien, Nicolas ? Tu n'as pas trop chaud ?

— Ça va. Pendant deux jours je n'ai pas le droit de prendre de douche, ça va vite sentir le fauve.

C'est déjà le cas, mais je vais me retenir de le lui dire, évidemment.

— Il faudrait que quelqu'un s'occupe de me laver.

— J'appelle les autres, on va faire ta toilette.

— Non, Mathieu. Je veux que ça reste entre nous. C'est assez humiliant comme ça.

Ah, et devant moi personne n'a honte de s'humilier. Je ne sais pas comment je dois le prendre.

— Je ne veux pas que Cyril ou Sébastien me touchent, ça les dégoûterait de s'occuper du corps d'un mec.

S'il savait...

— Pascal, je ne le connais pas trop bien encore, je ne veux pas me montrer plus bas que terre devant lui. Toi, je sais que ça ne te dérangera pas de me toucher et qu'en plus tu n'auras pas de pensées impures.

S'il savait...

— Mais je ne veux te forcer à rien, je comprendrais que tu n'aies pas envie de le faire.

— Évidemment que je vais t'aider, Nicolas. Viens avec moi, on va jusqu'à la baignoire. Pendant ce temps, je demande à Pascal de changer les draps, tu as beaucoup trop transpiré.

Et mon petit copain est assez gentil pour accepter de jouer la femme de ménage.

— Attention, mon chéri, ne prends pas trop de plaisir à jouer à l'infirmière avec Nicolas.

— Tu peux assister au lavage si tu veux.

— Non, j'ai totalement confiance en toi et Nicolas ne veut pas que je le regarde pendant cette épreuve.

— Je ne vois pas ce qu'il y a d'humiliant.

— Quand on doit dépendre entièrement des autres, ça fiche un coup au moral. Mais avec toi, il est entre de bonnes mains.