La vie de Mathieu (IV)

4.37

Les discussions ne sont pas intenses. À mesure que nous passons de station en station, le RER se remplit. Donc nous sommes plus concentrés sur la foule et la surveillance des bagages que sur autre chose. J'aurais vraiment dû penser à venir en taxi, je le note pour la prochaine fois. Est-ce qu'il y aura une prochaine fois ?

— Fais comme chez toi.

Une fois dans l'appartement, je montre sa chambre à Steven. Pendant qu'il défait ses valises et prend une douche, nous préparons un apéritif. Il faudra bien que je boive pour affronter la situation.

— Punaise, il fait une chaleur à crever à Paris.

— Ouais, je ne n'ai jamais connu un été aussi terrible. Enfin du moins, je ne m'en souviens pas. Personne n'ose parler de canicule, pour ne pas semer la panique. Mais pour moi, quand il fait trente la journée et jamais moins de vingt-cinq la nuit, j'appelle ça de la canicule.

J'essaie de combler la discussion parce que je sais très bien pourquoi Steven a abordé le sujet. C'est finalement Pascal qui prend l'initiative.

— On peut tous se mettre en caleçon, j'imagine.

Il suffit d'évoquer l'idée pour que chacun se déshabille. Nous sommes beaucoup plus à l'aise. Ou presque...

— Eh bien, Mathieu, je vois que tu as bien bossé.

— J'essaie de garder un corps musclé, mais c'est vrai que je pratique moins qu'avant.

— Non, c'est parfait. Tout est harmonieux, bien dessiné, beau travail.

— J'ai eu un bon professeur !

— Et toi, Pascal, on dirait que tu t'y es mis.

— Comment tu peux le voir ?

— Je fais de la musculation depuis des années. Tes biceps ne peuvent pas être naturellement dessinés comme ça.

— J'essaie mais c'est difficile. Je voudrais bien avoir des pecs plus gros.

— Ça va être difficile. Chacun a sa morphologie et la tienne te permettra d'être bien musclé, mais pas de développer des gros pectoraux, par exemple.

Au moins, le fait d'enlever nos tee-shirts et de se retrouver en caleçon nous donne des sujets de discussion...