La vie de Mathieu (IV)

4.1

Je suis surpris que Sébastien nous mate pendant que Pascal et moi faisons l'amour. Je ne pensais pas que ça l'intéresserait... Je l'ai vu. Il sait que je l'ai vu. Pourtant, il n'a pas pris la fuite. Et de mon côté, je fais mine de rien, puisque mon chéri est sur le point de se libérer. Comme toujours, après cela, il s'effondre sur moi. Nous sommes trempés de transpiration, mais cela n'a aucune importance. C'est l'été, il fait chaud et j'apprécie l'odeur de mâle qui se dégage de celui que j'aime.

Les autres sont dans la piscine. Sébastien est resté sur son transat. J'ai conscience que ce n'est pas par hasard, il veut que l'on parle et c'est à moi de faire le premier pas. Je viens m'asseoir à côté de lui.

— C'est la première fois que tu regardais ?

— Ouais. J'ai un peu honte. Mais sans doute que je voulais être surpris.

— Tu n'étais pas très discret, en effet. Je n'ai juste pas vu si tu te...

— Comme un dingue.

— Ce que tu as vu t'a excité ?

— Ouais. Sans doute que je suis en manque. Vous faites l'amour plusieurs fois par jour. On vous entend aussi la nuit. Je voulais jeter un œil.

— C'est mieux qu'un porno.

— Y a même pas photo.

— Qu'est-ce que tu t'es dit pendant que tu regardais ?

— Je me demandais si ça faisait mal. Tu poussais des cris qui pouvaient signifier soit le plaisir, soit la douleur.

— C'est toujours un peu douloureux, surtout au début. Mais ensuite ce n'est vraiment que du plaisir.

— On ne peut pas comprendre si on n'a pas essayé.

— Non, en effet. Où va cette conversation ? Tu as quelque chose à me dire ?

— Rien de spécial. Je suis juste curieux. Et le fait d'être à poil en permanence me rend super chaud. Donc je m'imagine des scènes.

— Tu voudrais tenter ?

Il ferme les yeux, juste pour ne pas répondre.