La vie de Mathieu (IV)

4.29

Paris est calme pendant le mois d'août. Tant qu'on ne fréquente pas les lieux touristiques, on a l'impression que les gens ont déserté la ville. On peut s'asseoir dans le métro ! Je sais, ça paraît idiot, mais c'est presque un privilège. C'est quand même beaucoup mieux que de se retrouver serré comme une sardine contre des gens qui puent.

— C'est le désert ici.

Pascal et moi sommes en train de prendre un café. Peut-on travailler efficacement sans commencer par une pause café ?

— Même le grand patron n'est pas là.

— Je sens qu'on ne va pas bosser comme des malades.

— Il y a une tonne de boulot posé sur mon bureau, je n'ai même pas envie de m'y mettre.

— Moi non plus. On se fait un resto à midi ?

Parce que les pauses déjeuner vont être beaucoup plus longues que d'habitude. Nous ne sommes que cinq employés présents dans les locaux, et personne n'a vraiment envie de travailler. Encore moins que d'habitude !

Comme convenu, donc, Pascal et moi allons au restaurant pour déjeuner.

— Tu n'as pas faim, Mathieu ?

— Bof, pas trop. J'ai passé la matinée à lire des manuscrits de livres érotiques. Décidément, les auteurs n'écrivent pas beaucoup sur les sentiments, c'est surtout en dessous de la ceinture.

— Il y en a un qui sort du lot ?

— Il y en a surtout un qui me perturbe beaucoup. Je connais l'auteur !

— Comment ça ?

— Il a utilisé un pseudonyme, mais dans son livre, c'est notre histoire qu'il raconte.

— Pas possible, et c'est qui ce mec ?

— Mon premier amour, Steven.

Pascal n'est pas plus choqué que ça. Moi, j'avoue que je suis particulièrement perturbé. Dès les premières phrases de ce roman de « fiction », j'ai reconnu les aventures. Je ne sais pas quoi en penser.