La vie de Mathieu (IV)

4.41

Pour le déjeuner, nous nous retrouvons tous les trois au restaurant.

— C'est quoi cette histoire !

Je veux tout raconter à Pascal, parce que je n'ai pas envie de lui « faire » de secret.

— C'est juste un mec que j'ai viré de ma société de mannequinat. Il n'a pas supporté et pour me faire chuter, il a lancé ces accusations.

— Et nous ne pouvions pas vraiment le contredire, puisque nous couchions effectivement ensemble.

— J'aurais pu me battre, mais la procédure aurait été longue et même avec le témoignage de Mathieu il n'aurait pas été certain que ça se termine bien pour moi.

— On ne voulait pas non plus que mes parents soient au courant. Donc il y a eu un dépôt de plainte, mais comme Steven a quitté la France immédiatement, les poursuites n'ont même pas été lancées.

— Ça nous a bien arrangés que la justice soit débordée.

— Mathieu, regarde-moi dans les yeux. Tout ça c'est faux, n'est-ce pas ?

— Steven n'a jamais abusé de moi, sauf quand je le lui demandais, pour pimenter nos ébats.

— Bon, je préfère ça. Parce que si la justice ne peut plus rien faire, moi je me serais occupé de Steven.

Nous ne disons rien, même si nous pensons la même chose. Un combat entre Pascal et Steven ? L'issue ne fait aucun doute.

— Il ne faut jamais sous-estimer la rage. Si tu avais abusé de Mathieu je serais sans doute assez en colère pour te donner une bonne raclée.

— Je préfère qu'on ne teste jamais.

— Bien, quelqu'un prend un dessert ?

Je sens que Pascal ne me croit qu'à moitié. C'est ce qu'il y a de terrible avec ce genre d'accusation. Il est impossible pour ceux qui regardent la situation de l'extérieur de savoir si quelque chose s'est passé ou non. En tout cas, la réaction de Pascal nous permet de dire que la justice ne m'aurait jamais cru et que Steven aurait finalement été condamné.

— Pourquoi je n'ai pas signé ce papier plus tôt ?

— Il n'y avait aucune raison, je ne pensais pas revenir en France.

Qu'est-ce qui l'a fait changer d'avis ? Pas l'amour de la littérature...