Je n'ai aucune idée de la manière dont Fabien a pu réaliser cet exploit. Et pour l'instant, je n'ai pas vraiment envie de savoir. Les infirmières m'habillent pour que je puisse accéder à la salle d'opération. C'est quelque chose qui ne se fait jamais, sauf qu'on dirait bien que le personnel de l'hôpital n'a pas eu le choix.
— Si vous vous sentez mal, vous sortez immédiatement.
Je pénètre dans la salle. Pascal est allongé, inerte, sur la table d'opération. Des tubes sortent de son visage, le bip qui surveille son cœur retentit trop lentement. Ils lui ont ouvert le torse. Il y a du sang partout et du matériel usagé sur le sol. C'est une véritable boucherie ! Les chirurgiens s'affairent, on dirait qu'ils sont en panique. Ils ne me regardent même pas.
— Approchez.
Une infirmière me permet de tenir la main de Pascal. Enfin, du bout des doigts, il faut que je reste éloigné le plus possible de la table d'opération.
— Pascal, tu ne peux pas me faire ça. Il faut que tu reviennes. Je sais que tu es fort et...
Son rythme cardiaque s'accélère. Les chirurgiens paniquent. Je ne comprends rien à ce qu'ils font.
— On va le perdre !
Évidemment, ils ne pensent pas à me ménager, pourquoi feraient-ils ça ? Je ne suis qu'un parasite dans cette salle d'opération. Le bip se fige, son cœur vient de s'arrêter.
— Éloignez-vous, on doit le choquer !
Ça ne fonctionne pas. Ils finissent par approcher une aiguille, sans doute de l'adrénaline. Rien, aucune réaction.
Je m'approche de Pascal. Les chirurgiens s'éloignent, ils ne vont plus tenter quoi que ce soit. Je me penche au-dessus de sa tête.
— Je t'aime.
Je lui dépose un baiser sur le front. Je le regarde une dernière fois. J'ai l'impression qu'il me sourit, alors je lui rends son sourire. C'est impossible qu'il réagisse, mais ça me fait du bien de le croire.
— Je suis désolée, monsieur.
La voix de l'infirmière est douce. Je caresse le visage de Pascal. Je sens des mains se poser délicatement sur moi. On me fait sortir de la salle d'opération. Je ne peux pas détacher mon regard de celui que j'aime.
— Il faudra du temps pour qu'il se remette ?
Le chirurgien est désemparé par ma question. Je ne veux pas faire face à la réalité. Quelques jours de convalescence et je vais retrouver l'homme que j'aime. À cet instant, j'en suis convaincu. Tout ne peut pas se finir comme ça...
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La vie de Mathieu (IV)
Storie d'amoreLes aventures de Mathieu continuent ! Merci à toutes et à tous pour votre fidélité et vos commentaires :)