Chapitre 9 ~Harry

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Harry Diggs était de plus en plus lassé de sa vie et de sa maison. La vue de sa mère ne le réjouissait plus ; son frère l'agaçait plus qu'autre chose. Durant ses heure d'ennui, il sortait et arpentait la Ville, jusqu'à ses frontières parfois, et alors il fermait les yeux et collait son front contre le Mur. Et dans ces moments-là, il criait intérieurement de désespoir et implorait ce Mur froid et sinistre auquel on vouait un culte divin de ramener dans sa vie cette étincelle qui nous pousse, chaque matin, à nous lever et à affronter la journée, cette lueur qui fait vibrer nos cœurs et nous fait sourire dans l'obscurité la plus profonde de la nuit.

Sans le savoir, Harry Diggs priait pour que l'Amour illumine sa fade existence.

***

C'était un de ces jours où il était de sortie que sa marche le conduisit au pied du mont qui abritait la Cité et le Couvent. Il se prit à fixer à nouveau cette haute bâtisse sévère et sinistre qui renfermait ces créatures exquises et interdites qu'étaient les femmes.

Il soupira et ferma les yeux. Son cœur battait plus vite que d'ordinaire sans qu'il sache pourquoi.

- Ah... si seulement moi aussi j'avais des enfants ; des enfants qui eux aussi connaîtraient leurs deux parents... Des enfants qu'une mère aimante et serviable nourrirait au quotidien... Mais pas n'importe quelle mère, oh, non ! Une mère que j'aurai choisie moi-même, pas une misérable Mère Blanche, non, la plus belle et la plus fraîche des pures Vierges du Couvent. Ah, ma femme, elle les porterait contre son sein, et en retour ils l'embrasseraient elle aussi, murmura-t-il.

Il porta à nouveau son regard vers le Couvent et reprit :

- Diable ! Il doit y en avoir, des femmes, là-haut.

Il reprit sa contemplation ; et resta longtemps sans plus penser à rien. Il effleura de la paume de sa main la roche grossière qui montait à pic. Il y apposa, un instant, son front.

Puis il entendit un léger bruit de chute suivit d'un éclat.

Il se retourna ; un petit morceau de pierre gisait à ses pieds. Par instinct, il le ramassa. Le Chevalier Harry Diggs était là, au pied du Mont du Mur, à inspecter un petit caillou lisse.

Alors une idée le frappa. Il réalisa soudain que cette chose provenait du mur intérieur d'un bâtiment. Elle n'était pas tombée, on l'avait fait tomber.

Quelqu'un, à l'intérieur du Couvent, avait lancé une pierre au Chevalier Diggs.

***

Harry resta longtemps hébété au pied du mont. Il décida de prendre ce caillou comme un message. Mieux encore, comme un appel.

Quand la nuit sera tombée, songea-t-il, je reviendrai. Ainsi je serai fixé.

Il se mit en route vers chez lui d'un pas déterminé.

Merci de lire Le Mur ^^ A très vite !









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