Jord s'assit sur son lit se prit la tête entre les mains.
Il se ressaisit en sentant quelques gouttes d'eau fraîche tomber sur son pantalon et se frictionna vigoureusement avec sa serviette rêche. Il se redressa et rangea sa chemise sur un cintre de l'armoire commune.
Le sol carrelé était froid sous ses pieds ; il tâta un instant le bois de l'échelle avant de relever le coin des draps.
- Hé, Meltroj !
L'interpellé se retourna. Trois garçons le regardaient d'une air moqueur depuis la salle de bain. Le plus grand d'entre un, un blond orgueilleux, s'avança.
- Alors comme ça, ton frère est allé chez les Noirs ?
Il attrapa Jord par la nuque et lui écrasa le visage sur le sol, le maintenant à genoux.
- Les Forces sont la gloire du Monde Emmuré ! On veut pas de chiens, ici !
Il lui envoya un coup de pied dans le ventre et les autres se mirent à rire. Un de ses camarades lui prit la tête entre les mains.
- On t'as fait mal petit toutou ? Oh, j'oubliais, tu n'es qu'un sale chien.
Il le gifla violemment avant de le laisser retomber au sol et d'éclater de rire avec les autres.
Jord se redressa, le nez en sang.
- Vous perdrez pour attendre, bande de débiles. On est ici pour servir le Grand, pas pour faire les malins avec nos origines. Stark... Gund... Fargall... vous avez peut-être des parents qui ont réussi, mais on s'en tape. Parce qu'en vrai, vous êtes des lavettes.
- Ah ouais ? s'esclaffa Stark, le grand blond. Tu veux voir ce qu'elles ont dans le ventre, les lavettes ?
Il lui envoya coup de pied dans les côtes.
***
Le lendemain, pendant qu'il prenait son petit-déjeuner au réfectoire, trois garçons s'approchèrent de Jord.
- Meltroj ? lui lança le premier, un brun massif qui arborait des taches de rousseur et qui semblait être le chef. C'est toi le fils de Bâtisseur dont le frère est allé chez les Noirs ?
L'interpellé releva la tête. Son visage était encore meurtri de coups, mais il n'avait pas peur.
- Ouais, c'est moi.
Les camarades de Jord se tournèrent également : c'était Karkoff, un deuxième année qui était promis à devenir officier.
- Qu'est-ce que tu fous ici ? Pourquoi tu t'es engagé ?
- J'en pouvais plus de ma famille. Mon frère, je voudrais me le faire. J'voulais pas être comme eux, à vivre comme un miséreux à demi révolté. J'ai pris l'argent qu'ils avaient planqué, et j'ai vendu un vieux chandelier que j'avais trouvé, mon oreiller, et deux ou trois autres objets. Et maintenant que je suis ici, je compte bien y rester. On est en pic de criminalité. 'Faut que ça cesse, et vite. Pour la plupart, vous êtes ici parce que ça vous est dû. Mais moi, je me suis battu. Et je continuerai à me battre. Parce que je crois en le Grand, je crois en le système et parce que je prêterai bientôt allégeance à la Grande Famille et à Princesse ; je crois en eux, j'ai placé ma confiance en eux ; et c'est pour eux que je veux vivre ma vie.
Il y eut un instant de silence. Les nouveaux attendaient la réplique de Karkoff.
- C'est bien, petit.
Le futur officier tapa l'épaule de Jord.
- Il en faudrait plus comme toi, ici. Je m'en suis douté dès que je t'ai vu ; ton frère, je voudrais bien le crever moi aussi. Ces gens-là sont la plaie sanglante qui souillent la pureté du système. Vous avez entendu, les gars ? Si on est là, c'est parce qu'on croit en le Grand et en la Grande Famille, et parce qu'on veut se battre pour eux ! Qui est avec moi ?
Des poings se dressèrent à travers le réfectoire, et des cris fusèrent. Une nouvelle accolade, et Karkoff et sa bande sortirent.
Un garçons aux cheveux courts d'un blond vénitien s'approcha de Jord.
- Hé, Meltroj, lança-t-il. Je suis au-dessus de toi dans le dortoir. Je t'ai trouvé vachement courageux hier.
L'interpellé répondit par un signe de tête et un sourire en coin.
- Torj Mirzèck, fit le premier en lui serrant la main. C'est Jord, c'est ça ?
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Bonjour bonjour ! ça manquait de NdA par ici :3 Je compte écrire encore un PDV Jord, il y aura 47 chapitres en tout je pense ^^ dites-moi si ça vous plaît toujours !
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Le Mur
Science FictionL'humanité enfermée derrière un mur, gouvernée par un dirigeant invisible, les hommes forcés à travailler tandis que les femmes sont cloîtrées... Mais malgré tout, la haine, la révolte, et l'amour. Rigus. Harry. Esther. Princesse. Tous si dif...