Chapitre 11 ~Rigus

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Le matin, Rigus se présenta au comptoir habituel. Josk, le vieux qui s'en occupait, donc, et qui, avant qu'il ne pointe pour se rendre dans les mines, lui souriait tous les matins, lui demanda un justificatif d'absence. Rigus lui tendit sa feuille avec le cachet des Noirs.

- Rigus Meltroj... fit sèchement l'homme. Le chef d'unité Kapek t'attend.

L'interpellé serra les dents et se dirigea vers le conteneur aménagé qui servait de bureau au chef de l'unité B-07. Il entra.

Tout au bout de la pièce, Kapek était assis derrière un bureau et sur une chaise de bois au design épuré. Un stylo, quelques dossiers, une lampe basique et des étagères de pochettes cartonnées constituaient, avec un banc à l'entrée et une corbeille, le seul ameublement de la pièce.

- Meltroj... siffla avec hargne le chef d'unité.

- C'est moi même, maître Kapek.

Rigus se raidit en garde-à-vous.

- On ne vous a pas vu, ces trois derniers jours.

- J'étais chez les Noirs... Vous m'y aviez envoyé, maître.

- Mouais. Faites voir votre justificatif.

Rigus lui tendit son papier. Le chef d'unité le déchira en deux et le jeta dans la corbeille.

- Maintenant, dit-il, où étiez-vous ?

- Mais... chez les Noirs.

- Où est votre justificatif ?

Rigus, furieux, enleva sa chemise et montra son tatouage. Kapek resta silencieux.

- Alors comme ça, vous vous absentez trois jours, et vous nous cachez que vous êtes allés chez les Noirs ?

- Mais...

- Silence ! Je devrai vous faire condamner et exécuter. Je me contenterai de vous renvoyer.

- Me... ? Mais... je... après l'Âge de Liberté, plus personne ne peut changer de travail. Vous ne pouvez pas me mettre à la porte.

Kapek attira Rigus à lui, et lui siffla dans l'oreille :

- Vous ne me plaisez pas, Meltroj. Vous n'auriez pas dû faire ces démarches. Ne tentez rien ; subissez ; car dès demain toute trace de votre envoi chez les Noirs à ma demande aura disparu.

Puis il reprit à voix haute :

- C'est extrêmement rare, en effet. Les fautifs de votre genre sont généralement fusillés. C'est une faveur que je vous fait de vous laisser la vie sauve. Enfin, je n'ignore pas que vous ne serez jamais repris dans une autre unité.

- Que vais-je devenir, maître ?

- Vous ferez de l'intérêt public. Tout comme vous feriez n'importe quel autre travail. Nettoyage des rues, transport des morts...

- Et j'aurai des revenus alimentaires ?

- Juste le minimum nécessaire. Pendant quelque temps, un peu plus pour votre frère, puis il choisira sa carrière lui aussi, non ?

- Oui, mais...

- Mais ?

- Mon père...

- Vous avez encore un père ? Oh ! Dans ce cas, peut-être désirez-vous que l'on vous envoie des officiers de recensement ?

- Non, non, bien sûr, veuillez m'excuser, maître.

- Bon, je n'ai pas que ça à faire. Sortez. Des hommes viendront après-demain chez vous pour que vous commenciez à travailler. Je ne vous salue pas, vous n'en êtes pas digne.

Rigus sortit en proie à la fureur et au désespoir. Une vie entière venait d'être ruinée par un homme haineux. Le chef d'unité Kapek.

Et voilà ! Désolée du retard, en espérant que ce chapitre vous plaira ^^






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