Le scoop

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Elle le suivait partout où il allait, lui répétant inlassablement la même chose depuis qu’il était arrivé au bureau. Mais comme d’habitude, il refusait de l’écouter. Elle plaidait quand même sa cause. Il avait toujours admiré son entêtement. Plus maintenant. Il s’engouffra dans son bureau. Elle s’empressa de fermer la porte derrière elle, déterminée à se faire entendre malgré son refus.

- Maurice, je dois faire cet article. Ne laisse pas Sophia l’avoir, je t’en supplie… Fais-le pour moi…

- Doris, tu es une très bonne journaliste. Je n’en doute pas.

- Alors est-ce que tu peux me dire où est le problème ?

- Tu n’as jamais couvert ce genre de nouvelle. C’est trop gros ! Et tu n’es pas une fille de terrain.

Elle croisa furieusement les bras sur la poitrine. Le rédacteur en chef du journal se laissa lourdement tomber dans son fauteuil en soupirant. Comment pouvait-il lui faire comprendre le bon sens ? Il secoua la tête, cherchant les bons mots.

- Il me faut quelqu’un d’expérience. Quelqu’un qui s’y connaît, tu comprends 

Les épaules de la jeune femme s’affaissèrent de désespoir.

- Je n’arrive pas à croire ce que tu dis.

- S’il te plaît… De toute façon, je lui ai déjà donnée l’exclusivité…

- Tu te fous de moi ? Pourquoi me faire ça ? Vous saviez tous les deux que je voulais couvrir cette histoire… Pourquoi ?

- Sophia a beaucoup insisté pour que tu n’y touches pas. Elle t’en veut encore pour ce que tu lui as fait. Tu ne peux quand même pas lui en vouloir pour ça.

- J’ignorais que c’était son mari. Combien de fois est-ce que je vais devoir le lui dire ?

- Je n’avais pas le choix, Doris. Je devais le faire, mais il ne faut pas que tu le prennes mal. Elle a plus d’expérience que toi, ne l’oublies pas.

- C’est de la merde.

- Ne le prends pas de cette façon, s’il te plaît.

- Et comment veux-tu que je le prenne, dis-moi ? Avec le sourire ?

Il eut un petit rire nerveux.

- Je veux cette histoire et je l’aurai.

Il connaissait sa détermination, mais il ignorait comment elle comptait s’y prendre pour convaincre Sophia d’abandonner cette exclusivité. Il lui demanda de ne rien faire de stupide. Elle se contenta de lui sourire avant de sortir du bureau. Elle était bien décidée à avoir l’histoire. Elle retourna à sa voiture et démarra en trombe. Elle devait agir si elle désirait obtenir ce qu’elle voulait. Tout d’abord, elle devait rencontrer les personnes susceptibles de lui fournir des renseignements. Il n’y avait qu’un seul endroit où elle pourrait poser toutes les questions qu’elle désirait.

Elle passa le reste de la matinée au poste de police, posant toutes les questions qui lui venaient en tête afin de ramasser le plus d’information pour écrire son article. Un mystère entourait cette histoire, piquant encore plus sa curiosité. Elle questionnait, mais personne ne voulait réellement lui répondre. Elle dut se résigner à rencontrer quelqu’un en particulier. L’inspecteur Baril était un de ses anciens petits copains et représentait maintenant son dernier espoir. Elle comptait beaucoup sur lui pour obtenir toutes les réponses à ses nombreuses questions. Elle devait le faire parler et ce, à n’importe quel prix.

Il se trouvait à son bureau et discutait au téléphone. Il lui fit signe d’entrer et de fermer la porte. Ensuite, il déposa le récepteur, un large sourire sur les lèvres.

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant