Recueil de nouvelles

Douce vengeance

Julia marchait lentement dans un long corridor. Son sac à dos était très lourd, lui faisant mal aux épaules. Elle entendit des pas derrière elle. Deux filles parlaient ensemble. La jeune fille reconnut une des deux voix.

- Dégage le chemin, l’attardée, lui lança Katherine Bastien en passant près d’elle.

La jeune fille cessa de marcher après s’être collée contre le mur de béton. Les deux jeunes filles passèrent. Katherine murmura quelque chose à l’oreille de son amie que Julia fut incapable de comprendre. Puis, les deux filles éclatèrent de rire. Elles s’éloignèrent en ricanant comme des fillettes. Elles tournèrent dans un autre couloir. Une fois encore, une larme glissa sur la joue de Julia. Autrefois, Katherine et Julia étaient de grandes amies. Depuis la petite école, elles étaient toujours ensemble, pratiquement inséparables. Mais plus maintenant. Katherine avait d’autres amis et détestait Julia. Elle ne manquait pas une seule occasion de la ridiculiser en public. La présence de Katherine gâchait toujours la vie de Julia.

* * * * *

- Sais-tu qui j’ai vu ? lui demanda Caroline. Le beau Mathieu !

- Et alors ? répliqua Julia en haussant les épaules.

Caroline soupira, faisant la moue.

- Toi, tu as croisé Katherine.

Son amie hocha la tête.

- Est-ce que tu as rêvé à elle ?

- Oui et cette fois-ci, je la renversais avec ma voiture. J’ai pu la voir voler dans les airs et retomber sur la chaussée.

Caroline secoua la tête.

- Tu es vraiment obsédée par elle ! Tu rêves de la tuer à peu près toutes les nuits. Ça t’arrive de rêver à des choses plus… normales… ?

- Je veux la voir mourir, la voir souffrir et pouvoir lui dire en plein visage tout ce qu’elle m’a fait endurer. J’ai le droit, non ?

- Ça va, mais ne fais rien que tu pourrais regretter.

Julia haussa les épaules, repensant à son rêve. Elle sortit de ses pensées pour regarder sa montre. Elle prit son sac à dos et dit à son amie qu’elle devait se rendre à son cours. Elle arriva dans son local. Katherine ne s’y trouvait pas. Elle en fut soulagée. Soupirant, elle alla s’asseoir dans le fond de la classe, près du mur. Son ennemie ne se présenta pas en classe. Pendant toute la période, Julia se mit à dessiner des épées et à jeter un sort à la personne qu’elle détestait le plus.

Elle retourna chez elle à la fin de la journée. La pluie tombait, froide. Il n’y avait pas de vent. La neige était maintenant fondue. Une fois dans son appartement, elle se laissa tomber sur son lit, les yeux fermés. Le téléphone se mit à sonner. La jeune fille ne bougea pas, laissant le répondeur prendre le message. David lui laissa un message, lui demandant de la rappeler. Elle se leva péniblement et alla chercher le téléphone. Elle se laissa choir une nouvelle fois sur son lit et attendit quelques minutes avant de passer un coup de fil à son petit ami. Martine entra dans l’appartement.

- Bonjour ! Est-ce que j’ai eu des appels ?

- Non, répliqua Julia.

- Et tu fais quoi avec le téléphone ?

- Je réfléchis.

D’un coup de pied, elle referma la porte de sa chambre. Elle composa le numéro de David.

- Je ne sais pas si je pourrai.

- S’il te plaît, la supplia David. Je veux voir ce film avec toi et il sort en salle ce soir. Tu ne veux pas passer ton vendredi soir avec ton petit copain ?