Le prix à payer

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Elle alluma une cigarette, laissant le silence les submerger. Il l’observait sans briser l’atmosphère qui s’était installée entre eux. Que pouvait-il y faire ? Afin de conclure une affaire, il savait se montrer très patient. Puisqu’elle voulait prendre son temps avant de lui expliquer toutes les clauses de leur entente, il pouvait très bien attendre. Elle finit par déposer sa cigarette dans le cendrier et le regarda droit dans les yeux.

- Vous devez assassiner mon époux, dit-elle, impassible. Aussi simple, M. Cane.

Il hocha la tête sans ajouter un mot. En tant que tueur à gages, il savait s’adapter à toutes les situations. Ce n’était pas la première fois qu’une personne faisait appel à ses services pour ce genre de chose. Du genre plutôt curieux, il aimait bien connaître la motivation derrière cet acte sans appel. Habituellement, s’il devait tuer quelqu’un, la raison était toujours la même : punition pour infidélité ou pour l’argent. Il leva les yeux vers la femme.

- Puis-je connaître la raison qui justifie votre décision ? lui demanda-t-il.

Elle prit une profonde inspiration.

- Il me trompe depuis neuf mois, répondit la jeune femme.

Un cas tout à fait banal et classique.

Il devait maintenant discuter d’argent. Bien sûr, ses services n’étaient pas gratuits. Un travail bien fait, ça se paye ! Il lui demanda jusqu’à combien elle était prête à débourser pour le meurtre de son mari. Elle haussa les sourcils, surprise d’en arriver là aussi rapidement. Finalement, elle lui répondit que son prix serait le sien. Il lui sourit faiblement. Elle a une volonté à toute épreuve. Elle veut le voir mort, peu importe le prix. Il l’admirait pour ça. Elle devait avoir longtemps songée à toutes les alternatives avant d’en arriver là. Voyons voir si elle est vraiment prête à tout pour le voir mort.

- Le montant demandé est de quarante mille dollars payable en deux versements.

Elle eut un petit mouvement de recul. Il réprima un sourire. C’était toujours la même chose : quand venait le temps de passer à la caisse, personne ne voulait payer la note.

- Quelque chose ne va pas ?

- Et bien… J’ignorais que le montant serait aussi élevé.

- Je peux vous donner le numéro d’un collègue moins cher, si vous préférez.

- Non ! Ce n’est pas la peine… Je suis seulement surprise, mais j’ai besoin de votre aide.

Il hocha à nouveau la tête. Elle semblait maintenant désespérée d’en finir avec toute cette histoire. Il ne pouvait pas la blâmer. Elle lui expliqua la situation dans laquelle elle se retrouvait. Son époux était assez fortuné, mais il surveillait très étroitement toutes leurs dépenses. Il ne faisait pas facilement confiance aux gens, étant un peu paranoïaque. Où veut-elle en venir ? Il la laissa quand même parler. Elle hésita avant de lui dire :

- Et bien… Je dois dire que le montant demandé sera peut-être un peu difficile à…

Le tueur à gages fronça les sourcils. Elle lui fit un petit sourire timide sans terminer sa phrase. Elle espérait qu’il comprenne la situation dans laquelle elle se retrouvait. Elle lui demandait une sorte de crédit, en quelque sorte. Ce n’était pas dans ses habitudes de faire crédit à ses clients avant même que l’entente ne soit conclue. Il risquait quand même beaucoup dans son métier. Malgré les nombreuses identités qu’il endossait la plupart du temps, la police le recherchait quand même. Il n’aimait pas ce qu’il venait d’entendre. Il s’humecta les lèvres.

- Alors notre entente est impossible.

- S’il vous plaît… Vous devez comprendre que je ne peux pas trimbaler une telle somme sans éveiller ses soupçons… Mais il doit quand même payer pour ce qu’il a fait.

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