Et tout commença

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Il savait qu'il était encore très tôt, même s'il n'y avait aucune fenêtre en bas. Mais il était incapable de se rendormir. De toute façon, il avait toujours été un lève-tôt. Que pouvait-il faire d'autre ? Il refusait de rester au lit, à ne rien faire. C'était une perte de temps pour lui. Alors il se leva en utilisant sa canne et se rendit jusqu'à sa salle de bain improvisée. Il prit une douche pour se réveiller complètement. Il s'habilla, installa sa prothèse et se rendit jusqu'à son camion pour aller au centre-ville. Comme à tous les matins, il avait grand besoin d'un café fort pour bien commencer sa journée. Et il connaissait l'endroit où il servait le meilleur de la ville : Starbucks. Lorsqu'il entra dans le commerce, il découvrit qu'il n'était pas le seul à avoir besoin d'un bon café. Il était surpris de voir toutes ses personnes. C'était inhabituel pour un dimanche matin. Il attendit patiemment en ligne avec les autres. Il eut un vague sourire alors qu'il regardait la jolie femme qui se trouvait derrière le comptoir. Elle lui rendit à peine son sourire.

- Puis-je prendre votre commande ? lui demanda-t-elle.

Il regarda rapidement le badge d'identification qu'elle portait à gauche de son chemisier : Hannah. Il hocha la tête, commandant la même chose que d'habitude.

- Je vais prendre un grand café noir pour emporter, s'il vous plaît.

- Ça sera tout ?

Il hocha la tête une seconde fois, l'observant toujours et la rendant très mal à l'aise. Il devait regarder ailleurs, mais il en était incapable. Elle était trop jolie. Elle s'empressa de lui donner son café pour qu'il puisse partir. Il lui sourit une nouvelle fois.

- Merci beaucoup, Hannah.

Elle lui rendit vaguement son sourire, regardant derrière lui pour le prochain client qui attendait de se faire servir. Il prit son café et sortit. Qu'est-ce qu'un vieux grincheux comme lui pouvait faire d'autre ? Il était trop vieux pour flirter.

Il retourna jusqu'à son camion dans le stationnement. Il avait encore beaucoup de temps avant l'ouverture du commerce qu'il possédait depuis maintenant dix ans. Il avait acheté la bâtisse après la mort soudaine de ses parents. Il avait hérité de leur assurance-vie - un joli petit montant pour remplacer sa perte - et il avait finalement décidé de ce qu'il ferait de sa vie. Il acheta l'une des plus vieilles bâtisses de la ville et la fit restaurer pour lui redonner toute sa gloire et son style d'antan. Durant les rénovations, il découvrit un escalier secret à l'intérieur d'un imposant placard dans le bureau principal et conduisant sous la bâtisse. Autrefois, il s'agissait d'un respectable établissement où les gens venaient pour voir des spectacles. Et aussi un bar clandestin durant la prohibition. L'endroit secret devint son petit coin de paradis en plus de son entrepôt. Il y avait une lourde porte sur le mur du fond au sous-sol, là où il pouvait recevoir sa marchandise. Mais derrière un mur d'énormes boîtes, près de l'entrée secrète, il y avait un confortable lit dans le coin où le bar se trouvait autrefois. Sur une table contre le mur, il y installa un four grille-pain et une petite cafetière. Près de la table se trouvait une salle de bain de base. Il n'avait pratiquement pas d'eau chaude, mais ça lui importait peu. Après être descendu pour la première fois, il avait aussi découvert dans un coin éloigné du sous-sol une entrée donnant sur les égouts de la ville. Comme une sortie secrète au cas où la police de la prohibition arriverait par surprise. Il adorait ça. Lorsque les rénovations furent terminées, il vendit la maison familiale et décida de s'installer officiellement dans l'emplacement secret sous son magasin. Il se munit d'une boîte postale quelque part près d'un complexe d'appartements pour que le gouvernement le laisse tranquille. Mais officiellement, il habitait sous son magasin et il adorait sa vie solitaire.

Et il était très fier de son magasin qui offrait des choses de l'armée, des objets pour les aventuriers et du matériel de survie. Tout ce dont vous avez besoin, il le vendait : armes, munitions, sacs à dos, lames bien affûtés... Il n'avait aucune qualité de vie lorsqu'il était revenu de la guerre. C'était sa façon à lui de partager son expérience.

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant