La confession

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Je ne suis pas folle, je vous l’assure. Il faut me croire. Peut-être que les gens racontent le contraire, mais vous ne devez pas les écouter. Vous devez entendre souvent ce genre de choses. Mais moi, je peux vous écrire ce qui se passe dans ma tête. Ceux qui  m’ont emmené ici disent que mon problème se trouve dans mon esprit. Mais il n’y a qu’une seule personne qui puisse le savoir et ce n’est pas Monsieur-Tout-Le-Monde. Je vais donc vous raconter ce qui s’est réellement passé. Pour ça, nous devons remonter deux mois plus tôt. Mon histoire ressemble étrangement à un roman de John Saul…

Mon époux et moi venions d’emménager dans une petite ville que je connaissais plutôt bien. Mon père y était allé deux ou trois fois au cours de l’année précédente et ne m’en avait dit que de bonnes choses. A vrai dire, cette ville le hantait. Il la trouvait charmante, mais très étrange. Il semblait attiré par cette ville d’une mystérieuse façon. Chaque fois que je lui rendais visite, il ne faisait que me montrer des photos. C’est là qu’il a commencé à me faire peur. Il semblait si obsédé.

Mon père ne vivait que pour toutes les photos qu’il possédait. Il est décédé environ deux semaines avant mon déménagement. Il m’a donné en héritage toutes les photos contenues dans une boîte remplie d’autres souvenirs. J’étais avec lui lorsqu’il est mort. Il m’a dit : 

« Je veux que tu te rendes à Cap Argenté et que tu donnes cette lettre à ta mère. »

La veille de mon départ, ma mère m’a suppliée de ne pas partir. Cette ville avait détruit son mariage et presque tué mon père. Mais je ne l’ai pas écouté. Pourquoi l’aurais-je fait ? Tout était parfait ! C’était tellement beau que je ne pouvais pas croire que tout était vrai. J’en avais le souffle coupé. Il s’agissait d’une petite ville tout à fait calme, sans mauvaise histoire. La perfection totale dans sa plus simple forme. Notre maison était très belle, mais un peu trop grande pour seulement deux personnes. Le patron de mon époux nous avait déniché cette demeure parce qu’il pensait que nous avions des enfants. Il nous a fait promettre de remplir la maison de cris et de rires d’enfants. Nous avons vraiment tenté d’en avoir… mais je ne savais pas que j’en portais déjà un. Quand nous l’avons su, mon époux s’est empressé d’annoncer la nouvelle à son patron. Ce dernier nous a envoyé des fleurs pour nous féliciter et me dire de faire très attention au bébé. Je n’avais pas d’emploi à l’époque. Ne voulant pas rester toute seule à la maison, j’ai commencé à chercher un petit emploi à temps partiel pour combler mes temps libres. J’en ai rapidement trouvé un. Le patron de mon époux a fini par le savoir et j’ai perdu mon emploi très vite. Tout ça parce qu’il a raconté à mon nouvel employeur que j’avais menti sur mes antécédents criminels. Je suis rentrée chez moi, totalement en larmes. Mon mari était désolé pour moi. Son patron m’a dit que c’était mieux ainsi parce que j’étais enceinte.

Seulement le patron et moi savions très bien les véritables raisons de ma nouvelle mise à pied. Je voulais tellement le tuer. Je ne comprenais pas pourquoi il avait fait ça. Je n’avais jamais fait de prison, même pas une seule contravention ! Aucun casier judiciaire. Mais il ne faisait que répéter qu’il ne pensait qu’au bien de l’enfant à naître.

La veille, M. Gilbert, notre voisin, avait levé la main sur sa femme devant leurs deux enfants. La police a embarqué mon voisin. Le jour suivant, je devais me rendre chez le médecin pour un examen de routine. Donc, c’est moi qui avais la voiture. Après mon rendez-vous, mon époux m’attendait à son bureau. J’ai surpris le patron de mon mari discuté avec le chef de la police. Il lui racontait qu’il fallait se débarrasser de cet homme violent et que sa femme refusait de le revoir. Le chef de la police a hoché la tête lorsque le patron lui a carrément demandé de tuer M. Gilbert. J’ai tout entendu ! En reculant, j’ai fait tomber un pot sur le sol. Évidemment, ils ont tout entendu. Le chef a tenté de m’arrêter. Quand je suis arrivée sur le trottoir, une voiture m’a renversée. La voiture était conduite par le patron de mon époux. Ce salaud a tué mon bébé. Mais personne ne m’a cru lorsque j’ai raconté mon histoire devant le jury parce que j’ai intenté un procès contre lui. Je l’ai accusé de meurtre. Le salaud niait tout !

Mon médecin est venu témoigner contre moi. Il a raconté au juge que mon bébé avait quelques problèmes respiratoires à cause du tabac, de la drogue et de tout l’alcool que j’ingurgitais au moment de ma grossesse. Il m’a accusé d’être une alcoolique fumeuse et dépendante de la drogue. Puisqu’il travaillait durant la journée, mon mari ne savait pas ce que je faisais. Le médecin qui m’a soigné a raconté que ma voisine m’avais surprise avec une fourchette à taillader le fœtus… Mme Gilbert est venue confirmer ce qu’elle disait avoir vu…

J’ai été condamnée pour meurtre. Pour des raisons psychiatriques, je purge ma sentence dans un hôpital psychiatrique afin que je ne sois plus un danger pour moi-même. Mon époux refuse de venir me visiter. Durant le procès, il me regardait avec un tel mépris et refusait de me parler. Je ne fais que pleurer.

Je désirais simplement vous avertir que cette histoire est la stricte vérité. Il faut me croire… Vous devez sans doute savoir que ma mère vient me visiter régulièrement à l’hôpital. Je suis très toujours contente de la voir. Elle rencontre parfois mon mari. Elle me donne de ses nouvelles à chaque fois. Selon ce qu’elle m’a dit, il habite toujours à Cap Argenté, mais il ne va pas bien. Il ne dort plus beaucoup depuis mon départ. Ma mère lui a demandé de venir me voir, mais il ne peut pas me pardonner pour ce que j’ai fait. Je lui ai écrit une lettre. Je lui dis la même histoire que je vous ai racontée. Je ne sais pas quel impact elle aura. Je l’aime tant.

C’est ma mère qui a demandé mon transfert dans un autre hôpital. A Cap Argenté, j’étais toujours attachée sur mon lit et je recevais une injection toutes les deux heures d’un liquide qui me donnait des convulsions. Lorsque je voyais ma mère, je la suppliais de me faire sortir de cet endroit.

Je ne mérite pas ce qui m’arrive. Je ne suis pas folle. Mon bébé est mort parce qu’une voiture m’a renversée. Tout le procès repose sur de fausses preuves. Je désire retrouver ma petite vie tranquille. Je vous demande de vous présenter devant le juge pour mon second procès. J’ai besoin de votre aide. Demain, un médecin doit venir m’examiner pour déterminer si je me suis lacérée avec une fourchette pour tuer le fœtus.

Je suis innocente ! Tout le monde a menti durant le procès !

FIN

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant