Le rêve

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Le restaurant était bondé. Les gens parlaient, mangeaient et buvaient comme des éponges. Johanne prit une longue gorgée de vin rouge en écoutant sa meilleure amie lui raconter sa dernière engueulade avec Patrick.

- Je ne peux pas croire que monsieur me demande de lui faire son repas et ne se pointe que deux heures plus tard !

- Et pour quelle raison ?

- Il a travaillé un peu plus pour avoir un peu plus d’argent.

- Est-ce que tu lui as fait une scène ?

- Plus ou moins.

- Caroline ! Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait !

Johanne soupira, découragée par l’attitude de sa meilleure amie. Patrick était amoureux d’elle, mais il n’était plus comme au début de leur relation. Il regardait toujours les autres femmes, mais il ne touchait pas. Du moins, c’était ce qu’il affirmait. Malheureusement, Caroline avait de la difficulté à le croire ou à lui faire confiance. Elle savait ce qu’il avait fait avant de la rencontrer. Et ça lui faisait peur.

- Fais-lui un peu confiance.

- Je sais, mais…

Elles restèrent silencieuses durant quelques minutes. Puis, Caroline prit la parole, un petit sourire sur les lèvres.

- Comment va Mathieu ?

- Je ne sais pas. Ça fait plus d’une semaine que je ne l’ai pas vu.

- Comment ? Vous n’êtes plus ensemble ?

- Il m’a téléphoné hier soir, mais je ne crois pas que nous allons bientôt nous revoir. Il est venu prendre le reste de ses affaires pendant que je n’étais pas là.

- Il habite toujours chez Danny ?

- Oui, je crois.

- Vous devriez vous parler, Johanne. Tu as eu de belles années avec lui.

Johanne haussa les épaules, indifférente. Ils ne s’étaient pas laissés en très bon terme. Elle n’était pas rentrée tôt du travail et il avait refusé de l’accepter. Un collègue de travail l’avait invité à manger un morceau et elle avait accepté. Mathieu s’était mis à lui gueuler dessus sous prétexte qu’elle aurait pu lui téléphoner pour l’avertir. Elle ignorait qu’il l’attendait. Furieuse, elle l’avait accusé d’être jaloux de Charles, son confrère, parce qu’il l’avait invité. De plus, elle devait le rejoindre au cinéma. Mathieu n’était plus en colère, mais fou de rage. Johanne secoua la tête pour chasser ce souvenir de ses pensées. Caroline lui posa une question qu’elle ne comprit pas. Elle fronça les sourcils pour que son amie répète ce qu’elle venait de lui dire.

- Je t’ai demandé si tu l’aimais toujours.

- Sa crise de jalousie n’a servi à rien. Je n’ai pas eu le temps de lui dire que mon collègue Charles a quarante-sept ans, qu’il est marié et qu’il me parle toujours de sa femme.

- Parce qu’il a fait une crise de jalousie ?

- Oui ! Il a refusé de me laisser placer un mot.

- Est-ce que tu as réussi à lui expliquer tout ?

- Il y a environ une semaine. J’ai pu tout lui raconter, mais nous n’avons pas parlé très longtemps.

- Tu ne voulais pas le revoir ?

Johanne haussa les épaules en soupirant profondément, les yeux dans le vague.

- Je croyais que tu désirais un peu d’action dans ta vie, se moqua Caroline.

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant