La vie est belle

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Le paysage se promenait sous ses yeux. Il était possible d’apercevoir le soleil se coucher à l’horizon. La voiture n’avançait pas très rapidement. Nous n’arriverons jamais à New York avant la nuit, pensa-t-elle en soupirant. Sa mère la regardait d’un air étrange.

- Tu ne te sens pas bien ? lui demanda sa mère, un étrange sourire sur les lèvres.

- Tout va bien, mère.

Elle n’avait pas envie de discuter avec elle. Elle reporta son attention sur le paysage. La route était trop longue jusqu’à New York. Son oncle Jacob donnait une réception pour l’anniversaire de sa fille Katia. Elle fêtait ses vingt-un ans ce soir-là. Le voyage était beaucoup trop long, s’éternisant comme toujours. Il y avait un moment qu’elle n’avait pu sa cousine. Ça remontait à ses treize ans. Elles avaient observé le jeune homme qui s’occupait des chevaux de Jacob. Il se trouvait dans une clairière, complètement nu. Il nageait dans le lac. Elles s’étaient cachées derrière un bosquet, près des vêtements du jeune homme. L’eau ruisselait sur sa peau bronzée et ses cheveux étaient complètement trempés. A ce souvenir, la jeune fille se mit à sourire.

- Et bien ! Tu souris pour rien, maintenant.

- Non, mère.

La voiture s’arrêta devant la porte principale de l’impressionnante demeure de Jacob Richardson. Les passagers descendirent du véhicule. Maria, la mère de la jeune fille, pénétra à l’intérieur en se tenant au bras de Nestor, son époux. Leur fille Sarah les seconda, ne voulant pas mettre sa mère en colère.

- Oh ! Maria ! s’écria Catherine, l’épouse de leur hôte. Avez-vous fait un beau voyage ? Robert ne vous a pas fait trop attendre ?

- Ne vous en faites pas, voyons !

Catherine se tourna vers sa nièce, un immense sourire sur les lèvres.

- Bonsoir Sarah ! Oh ! Comme tu as grandi !

- C’est gentil, tante Catherine.

- Katia est près du piano. Passez une belle soirée !

La jeune fille s’éloigna de sa tante et de ses parents avant qu’ils ne puissent ajouter le moindre mot. Elle se dirigea vers sa cousine. Cette dernière lui fit un signe de la main. Elle vint à sa rencontre, visiblement très heureuse de la revoir après toutes ses années. Elles se serrèrent un court instant. Sarah lui souhaita un joyeux anniversaire. Katia la remercia en riant.

- Je ne sais pas pourquoi mon père tenait absolument à organiser cette réception. C’est stupide ! Je ne connais pas la moitié des gens ici !

Elles éclatèrent de rire. Elles sortirent de la maison et allèrent se promener dans le jardin en bavardant du temps qu’elles avaient perdu, éloignées l’une de l’autre. Elles remontèrent dans le temps, se remémorant les choses qu’elles avaient faites. Elles se mirent à rire comme elles le faisaient autrefois. Assises sur un banc, près du lac, elles poursuivirent leur discussion.

- Te souviens-tu de Luke Stuart ? lui demanda Sarah en lui prenant la main.

- Comment pourrais-je l’oublier…

- Est-ce qu’il travaille toujours ici ?

- Il est parti à Londres quand sa mère est tombée malade. Papa lui a fait parvenir un billet pour rentrer à New York dès que sa mère se porterait mieux. Il est… il est mort le en avril, il y a quatre ans. Il était à bord du Titanic.

Sarah baissa la tête, honteuse de lui avoir posé la question. Le jeune homme était mort alors qu’elle était âgée de quinze ans.

- Ça été un choc pour moi aussi.

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant