Mon plan temporaire pour éloigner Austin de moi avait été un échec total. Je voulais lui montrer à quel point je pouvais être infernale ? C'est ça, oui. Je lui ai surtout montré à quel point je pouvais perdre mes moyens devant lui. Sérieusement, soit je disais n'importe quoi, soit je ne disais rien pour, je suppose, paraître indifférente à sa présence. Il n'avait pas arrêté, pendant toute la journée du jeudi et celle du vendredi, d'essayer de me parler. Il voulait que je mange avec lui à midi ou venir avec moi à la cours arrière, il voulait m'accompagner à mes cours, et j'en passe. Il était tellement... Collant. C'était dérangeant. Mais le pire étaient ses humeurs : un coup il était de bonne humeur et osait même sourire, un autre, il me lançait un regard meurtrier, comme s'il ne me supportait pas. Il me frustrait. Et là, alors que la sonnerie annonçant la fin des cours du vendredi après-midi retenti, je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi pour m'éloigner du joueur de foot.
Je rassemblai rapidement mes affaires et me mis en chemin dans les couloirs pleins. Je suppose que tout le monde voulait rentrer profiter de leur week-end, mais j'en avais encore plus envie. Je marchai d'un pas pressé vers la sortie du couloir et décidai que cette fois, aucun loup n'allait me faire changer ma route. Sauf que je m'arrêtai en voyant Austin juste devant, le regard déterminé. Je voulu le contourner mais il m'arrêta en me disant qu'il voulait me parler. Je ne voulais pas mais il ne m'avait pas laissé le choix, alors je le suivi.
Nous marchions, côte à côte, sans jamais rien se dire mais je fini par remarquer quelque chose. Nous marchions vers les vestiaires des garçons de l'équipe de foot mais les couloirs étaient anormalement vides. D'ailleurs, Austin devait également être en train de jouer, mais quand je levai le regard vers lui, il était habillé comme ce matin. Il n'a pas été à l'entraînement... Je m'arrêtai brusquement, trouvant cette situation trop étrange. Il s'arrêta également et me lança un regard qui en disait long sur la situation. Tu t'es fait avoir, dit une voix dans ma tête.
Je voulu reculer d'un pas mais il fut plus rapide que moi et, sans que je n'ai eu le temps de réagir, me tira dans un placard. Il ne faisait pas très clair, mais je reconnu l'endroit, c'était...
"Tu reconnais cet endroit ?"
Je relevai le regard vers Austin, à seulement un pas devant moi. Je n'avais pas réalisé à quel point il était proche. J'avais oublié qu'il était là, en fait. Toujours la même manie de me déconnectée du monde. Tout fois, je fronçai les sourcils, n'aimant pas ce qui se passait.
"Qu'est-ce que tu fou ?" demandai-je agressivement.
"Tu reconnais cet endroit ?" reprit-il durement.
"C'est un placard à balai, et alors ?"
"Hm. Tu es une bonne actrice. Beaucoup trop bonne, même, pour que je te crois."
"De quoi tu parles ?"
Ce garçon était bien plus perspicace que ce que je pensais, je n'aimai pas du tout où allait cette conversation.
"Arrêtes. Je t'ai trouvé bizarre dès la première fois où je t'ai vu. Depuis le début : je suis le seul à sentir ton odeur, tu saute plutôt haut pour une fille nulle en basket ; comme par hasard tu dois rencontrer Ethan et tu joue la fille gentille mais la semaine d'après, t'es une vraie peste. Sans parler de ton agression par – quelle coïncidence ! –" rit-il froidement, "des membres de l'Ordre. Je ne sais pas exactement ce qui te lie à l'Étrange donc je ne peux pas trop en dire, mais tu sais quelque chose sur nous. Alors ? Tu as quelque chose à dire ?"
Je restai complètement estomaquée par ce qu'il venait de dire. Je n'avais rien à répondre. Il était beaucoup plus malin que ce que je pensais, beaucoup plus observateur. Si je continuai à être aussi imprudente, il allait découvrir qui j'étais. Je décidai de jouer à la fille perdue et commença à lui marteler le torse de mes poings pour sortir du local du concierge.
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Projet Hybride
WerewolfOn m'a dit que je devrais vivre une vie normale, m'amuser, profiter. Mais comment faire, si tout ce qui devrait être qualifié de 'normal', dans ma vie, m'a été enlevé ? Quand je suis, moi-même, loin d'être normale ? Obligée de me cachée pour vivre...