Les yeux de ma tante étaient toujours rivés sur moi. La dernière fois qu'elle m'avait lancé ce regard, je devais avoir onze ans et j'avais "accidentellement" mit le feu à la tête d'une petite peste qui n'arrêtait pas de s'en prendre à moi sans aucune raison apparente. Bon, j'avoue, ce n'était pas si accidentel que ça, mais elle m'avait cherché. Non seulement de toujours dessiner au marqueur dans mon agenda pour que je me fasse gronder, elle racontait à qui voulait bien l'entendre, que j'étais amoureuse de Larry Joanis, un petit garçon qui se fourrait toujours le doigt dans le nez et qui mangeait en cachette en classe. J'étais sûre qu'elle était amoureuse de lui mais qu'elle ne se l'avouait pas, mais j'avas préféré lui fermer le clapet pour une fois, en embrasant sa sale tignasse rousse.
Mais cette fois-ci, il y avait quelque chose d'autre dans le regarde tante Fati. On aurait dit que, en plus de l'accusation évidente, elle était aussi impatiente. Bon, j'avais beaucoup à lui raconter, en partant de la première rencontre dans le couloir à comment je m'étais retrouvée à travailler avec Austin. Comme si ce n'était pas déjà suffisant de le supporter chaque jour, j'allai devoir en parler. Et moi qui espérai garder le secret le plus longtemps possible.
Je pris une grand inspiration et avança vers ma tante, un sourire se voulant innocent aux lèvres :
"Hey tantie ! Comment tu vas ? Tu as beaucoup, beaucoup de travail, hein. Je ne vais pas te déranger plus-"
"Assieds-toi."
Son ton ne laissait aucune place à la négociation, alors je m'assis sans protester. J'étais pourtant sûre que, tout à l'heure, elle se moquait de moi. Quand elle m'a annoncé qu'Austrella alias Austin était venu(e) me rendre visite.
"Je t'assure que je voulais te le dire ! Juste, pas maintenant... Tu vois, parce-"
"Il y a plus important." me coupa-t-elle encore la parole, et je haussais un sourcil, "Est-ce que votre rencontre était romantique ? Oh, j'aurai tellement aimé voir ça ! Et dire que tu vas chez lui depuis lundi. Vous sortez ensemble, hein, ça y est ?" déblatéra-t-elle d'une traite, la voix enjouée.
Je restai muette quelques instant, essayant de comprendre ce qui se passait. Est-ce que j'avais bien entendu ? A en croire les rires moqueurs d'Isaac et Dwayne s'arrêtant net, dans le fond - ils avaient commencé quand ma tante m'avait ordonné de m'asseoir -, je compris que ma tante venait réellement de me demander si ma rencontre avec mon âme-sœur était romantique. Mais... Elle n'était pas sur le point le point de me passer un savon ? pensais-je. Je commençai sérieusement à croire qu'elle était complètement folle.
Elle m'observait toujours avec des yeux curieux alors qu'elle recevait de ma part un regard incrédule. Je ne savais ce que j'étais sensée répondre. Déjà :
"Comment tu étais au courant ?"
"Dwayne et Isaac me l'ont dit." haussa-t-elle les épaules.
"Traître !" soufflai-je avec haine en direction de ces deux derniers.
Ils levèrent immédiatement les mains, en signe de défense :
"Elle m'a promit de me faire du poulet au beurre de cacahouète jusqu'à ce que tu finisses le lycée." dit l'un.
"Et, à moi, elle m'a promit des poches de AB négatif." dit l'autre et je soupirai de désespoir.
Si je ne pouvais même plus faire confiance à mes acolytes pour garder un secret !
"Tu es complètement folle." soufflai-je en me retournant vers ma tante.
"Oh, allé ! Pour une fois que tu tombes amoureuse."
"Je ne suis PAS amoureuse." lâchai-je immédiatement pour clarifier la situation, "Et je ne sais pas comment je devrais le prendre. Tu sais très bien que les garçons ne m'intéressent pas."
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Projet Hybride
WerewolfOn m'a dit que je devrais vivre une vie normale, m'amuser, profiter. Mais comment faire, si tout ce qui devrait être qualifié de 'normal', dans ma vie, m'a été enlevé ? Quand je suis, moi-même, loin d'être normale ? Obligée de me cachée pour vivre...