Projet Hybride

Chapitre 58

PDV Margot – externe.

C'est vrai qu'il devait venir la voir, Austin l'avait prévenu. Elle savait aussi que cette entrevue était inévitable, mais elle ne pensait pas qu'il viendrait aussi vite. Elle ne pensait pas que rencontrer une "traîtresse" pouvait être aussi important, alors qu'elle n'était là que depuis... combien de temps ? Oh, elle ne savait as vraiment et, à ce stade, elle n'en avait plus rien à faire.

Mais en prenant en compte le fait qu'elle soit l'âme-sœur du fils de l'Alpha... Oui, il devait venir la voir. Il devait l'évaluer et s'assurer qu'elle n'était dangereuse ni pour son fils ni pour la meute – même s'il n'avait pas vraiment à s'en faire, puisqu'elle partait.

Enfin... Elle était déjà dans cette situation à cause de son imprudence, alors autant avoir la fatale conversation avec son "beau père" – Beurk... ce terme la dégoûtait. Il était toujours aussi effrayant d'ailleurs ; grand, avec de larges épaules et les yeux gris, plus sombre que ceux de son fils. Il était exactement le genre d'homme qu'elle aurait évité, si elle l'avait croisé dans la rue sans rien savoir de lui... Et dire qu'elle avait habité avec.

Sans même regarder les deux subordonnés de son fils, l'Alpha leur "demanda" de partir, pour les laisser seul. Son expression n'était pas aussi grave que ce à quoi Margot aurait pu s'attendre, mais elle se méfiait quand même. Elle n'oubliait pas ce qu'il était, ni dans quel état elle était – s'il s'énervait, elle n'avait aucun moyen de se défendre.

Mais Margot étant Margot, elle ne le quitta pas des yeux, alors qu'il faisait un pas dans sa cellule. Les Alpha détestaient la défiance, or les regarder dans les yeux en était une preuve – et elle le savait. Pourtant, elle sourit.

"L'Alpha du Marcquois. Vous avez été plus rapide que ce que j'aurai pensé, monsieur."

Le loup soupira, déjà agacé mais n'en montrant aucun autre signe. Il faisait preuve de patiente, remarqua Margot.

"Je considère que tu es un problème urgent à régler." dit-il calmement.

"Je me sens flattée." rétorqua-t-elle, sarcastique.

"Mais je suppose que tu sais déjà ce que je veux savoir." reprit l'Alpha, "Alors parle, pour que je prenne une décision."

"Oh, monsieur ! Tant de gens veulent savoir tant de choses sur moi. Si je devais tout déballer en espérant les satisfaire, j'aurai été dans une cellule telle que celle-ci depuis longtemps."

L'Alpha plissa les yeux :

"Tu n'as pas froid aux yeux."

"Comment serais-je entrée dans votre maison, sinon ?" provoqua-t-elle.

Elle espérait obtenir une réaction de ses petites piques, ayant remarqué qu'elle ne l'avait pas encore énervé, mais le vieux avait plus de self-control que ça. Il pouvait résister à des situations dix fois plus stressantes. Enfin, s'il considérait cette situation comme stressante.

"Je vais donc poser des questions précises. Qui es-tu vraiment ? Qui sont tes parents ?"

Margot tiqua, inévitablement inconfortable avec ce sujet. Parler de ses parents avec lui ne la tentait pas vraiment, mais elle devait se montrer conciliante. Et, comme toujours, fière.

Alors, prenant une grande inspiration :

"Qui étaient mes parents." corrigea-t-telle, "Je suis la fille de Mundi Sigamilia, chef légitime du village de la Communauté de l'Ouest, et de Katherine du Montage, Bêta légitime de la meute Fross." débita-t-elle en détaillant l'expression de l'Alpha.

Pour dire vrai, il n'avait pas réellement réagi. Légèrement flanché lorsqu'elle avait donné le titre de ses parents, mais pas plus. Il contrôlait parfaitement son corps, juste assez pour ne pas montrer de signe extérieur de son étonnement –pourtant, Margot savait qu'il l'était. Qui ne le serait pas ? Quand vous découvrez que vous étiez si proche d'une personne recherchée depuis dix-huit ans...