Je vidai ma quatrième bouteille de jus de framboise et la posai sur le comptoir en poussant un soupir de satisfaction. Le bon goût de ce jus, mélangé au fait que je n'avais pas envie de voir Austin et sa clic, m'avait poussé à rester cloitrée dans la cuisine, à regarder les gens passer les uns après les autres, plus saouls les uns que les autres. C'était assez intéressant de voir à quel point les comportements changeaient, quand on avait bus. Je voyais certains élèves que j'avais l'habitude de voir calme, au lycée, devenir complètement déjantés. Au moins, ça me divertissait. Mais je commençai déjà à m'ennuyer et décidai de quitter la pièce et un peu plus découvrir la maison.
J'embarquai une nouvelle bouteille de jus, que je rangeai dans mon sac, et une autre, que j'ouvris sur le champ. Si je devais encore me perdre là dedans, autant avoir de quoi boire. Il y avait toujours autant de gens – si pas plus. J'essayai difficilement de me frayer un chemin dans la foule en mouvement. Si ça continuait comme ça, j'allai finir écrasée au milieu de tous ces corps géants et transpirants et puants. Et je ne voulais pas être écrasée par des corps puants. Je préférerai mourir dans un champ de culture de Cannelle, merci beaucoup.
En avançant, je découvris une salle, qui me paraissait être de repos, un atelier étrange, une salle de bain et encore plusieurs portes fermées. J'avais marché longtemps, mais pourtant, je savais que je n'avais même pas vu la moitié de cette demeure. Et puis, est-ce qu'ils utilisaient vraiment tout cet espace ? Franchement, je pense que je préfèrerai habiter dans une petite maison où il y a tout le nécessaire plutôt que de payer des impôts pour une maison dont je ne profite même pas pleinement. C'est juste bête.
J'arrivai enfin dans le salon et fixai les danseurs, au centre de la pièce. Les gens se déchaînaient sur des musiques assourdissantes. Et le pire, c'est qu'ils n'étaient même pas dans le rythme. Mais ils avaient l'air de s'amuser. Comment pouvait-on s'amuser simplement en bougeant n'importe comment sur une mélodie ? Ils ne profitaient même pas de cette musique – si on pouvait appeler ça musique.
La seule raison qui pouvait me pousser à danser serait si je devais effectuer un rituel. Pourtant, je me trouvais anormalement attirée par l'offre du jeune garçon qui vint me demander si je voulais danser, un sourire charmeur aux lèvres. Ce n'était pas dans mes habitudes de vouloir danser, encore moins avec un inconnu, mais j'avais l'impression que mon corps et mes envies n'écoutaient pas ma conscience. Comme si quelque chose m'empêchait de faire le lien entre les désirs et la raison. Alors je le suivi, ce bel inconnu.
Je n'étais pas une pro à la danse mais je me débrouillai assez pour ne pas paraître ridicule. Je ne savais pas quelles étaient les intentions du jeune garçon mais je les devinai rapidement en sentant ses mains doucement glisser vers mes reins, puis mes fesses... Mais je le stoppai immédiatement. Pas pour le frapper, non, mais plutôt parce que je venais de voir quelque chose de pire qu'un sale pervers qui essayait de se faire une belle petite brune, ce soir.
Je bousculai rapidement le gars, sans m'excuser, et le dépassai pour essayer de sortir de la foule de danseurs. J'étais sûre que je n'avais pas rêvé. Je l'avais à peine aperçu, pourtant je savais que ce que j'avais vu était vrai. Et tout fut confirmé lorsque j'arrivai au fond du salon, où quelques canapés étaient disposés pour les quelques personnes qui ne souhaitaient pas danser. Cherry. Cherry et Austin. Cherry sur Austin. Je bouillonnai littéralement de rage.
Comment osait-elle être aussi proche de lui ?! Et lui, n'était-il pas celui qui m'avait dit qu'ils n'étaient mêmes pas si proches que ça ?! Ça m'énervait !
Je sais que je ne devais rien à voire à faire avec lui, que je ne devais même pas m'occuper de ce qu'il se passait entre eux... mais la même force qui m'avait poussée à danser me poussait à être jalouse. Extrêmement jalouse. Je ne m'étais jamais sentie comme ça, mais je savais que ça allait très mal se passer pour elle. Et si je... cramai sa crinière ? Non. Ça paraîtrait trop suspect... Alors que pouvais-je faire pour les décoller ? Rien. Absolument rien. Mais je pouvais au moins me joindre à leur petit groupe, pour mettre tout le monde mal à l'aise. Après tout, quoi de mieux qu'un espère de triangle amoureux ne marchant que dans un seul sens, pour plomber l'ambiance ?
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Projet Hybride
WerewolfOn m'a dit que je devrais vivre une vie normale, m'amuser, profiter. Mais comment faire, si tout ce qui devrait être qualifié de 'normal', dans ma vie, m'a été enlevé ? Quand je suis, moi-même, loin d'être normale ? Obligée de me cachée pour vivre...