Chapitre 40

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La main collée à ma joue, le coude posé contre la table et une moue boudeuse scotchée au visage, je jouais négligemment avec la nourriture dans mon plateau. Je n'arrivais pas à croire que ces garçons, ceux qui étaient sensés être mes amis et celui qui était sensé mon âme-sœur, ait réussi à me mettre là. Sans même que je ne m'en sois rendue compte, d'une seconde à l'autre je m'étais retrouvée dans la cafétéria, un plateau dans les bras et en chemin vers une table libre.

J'avais essayé de convaincre Dani et Benji que je devais rester là au cas où Pa' Patrick sortirait de la chambre et aurait des informations importantes à nous communiquer mais ils savaient très bien que ça risquait de prendre du temps. J'avais ensuite essayé de rappeler à Dwayne que je ne mangeais que de la nourriture saine, sinon je serais malade, mais il m'avait à son tour rappelé que nous étions dans un hôpital et que la nourriture saine... ça ne manquait pas. Et j'avais juste boudé Austin – ce garçon était aussi bouché que moi, quand il avait un but.

J'aurai aimé à peine remplir mon plateau mais, avec la supervision de quatre personnes extrêmement énervantes, j'avais été obligée de prendre l'équivalent d'un repas complet. Et le pire, c'est que voir toutes ces choses avaient vraiment commencé à me donner faim. Le fait que je n'aie pas mangé depuis plusieurs heures en plus du fait que j'étais sensée beaucoup plus me nourrir maintenant m'avaient poussé à manger la moitié de mon plateau. Mais je jouais tout de même avec le reste, ne le trouvant pas aussi appétissant que ce que j'aurai du manger.

"Elle avait dit qu'elle me ferait mon plat préféré, ce soir..." laissai-je échapper sans trop faire attention.

Je senti la tension dans l'air s'épaissir et je regrettai immédiatement mes paroles. Le repas se déroulait déjà dans un silence inconfortable, du au fait que les garçons ne se connaissaient pas vraiment, et voilà que j'en rajoutai un couche.

Dwayne s'éclaircit la gorge :

"Je... suis sûr qu'elle te le feras tous les soirs, dès qu'elle sera rétablie."

Je haussai les épaules, décidant de ne pas continuer sur ce sujet. J'en avais marre, d'être assise là, avec des personnes qui se supportaient à peine et qui n'arrivaient à s'entendre que quand il fallait se liguer contre moi. Je préférai de loin aller tenir compagnie à ma tante. J'espérai que, même dans son état, elle puisse m'entendre.

"Bon." dis-je d'un ton léger, repoussant mon plateau, "Je vais aller voir comment va..."

J'arrêtai immédiatement de parler lorsque je vis Pa' Patrick entrer dans la salle, une expression grave sur le visage. Ce n'était pas du tout bon signe. S'il faisait cette tête, c'est que les choses n'allaient pas bien du tout. Peut-être même qu'il n'avait pas du tout réussi à entrer en contact avec ma tante.

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" me précipitai-je vers lui.

"C'est... plus grave que ce que je pensais."

"Comment ça ?"

Il baissa la tête et la secoua. Comment ça, plus grave que ce qu'il pensait ? Ça ne pouvait pas être plus grave que ce qu'il pensait ! Donc, ma tante... Non. Je refusais de croire qu'elle était en danger de mort. Je- J'étais sûre qu'il avait mal lu le rêve. Je devais aller la voir.

"Non..." secouai-je la tête, horrifiée, "Tu as du te tromper quelque part. Elle ne peut pas..."

"La seule chose à faire c'est la ramener au village. Je suis sûr que le guérisseur saura quoi faire."

"D'accord. Il faut juste... avertir les médecins du transfert et c'est bon."

"Non, non, Margot, pas ce soir. Il est tard et le voyage sera lourd pour elle."

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