Chapitre 49

1.3K 86 40
                                    

J'étais assise dans les gradins depuis bientôt une heure et demie et je ne cessai de dévisager la drôle de mascotte. Je ne savais même pas qu'on avait une mascotte, franchement. Et puis, c'était sensé être quoi ? Un chameau avec des ailes... ? Un éléphant défiguré par la vieillesse ? Ce truc n'avait franchement aucune forme. La pauvre personne à l'intérieur du costume, à se ridiculiser comme ça – au moins, personne ne voyait son visage.

Mais s'il y avait bien une chose pour laquelle j'enviai le comédien, c'était le fait qu'il était au chaud pendant que je devais me geler les fesses, sur un banc, entourée de surexcités qui n'arrêtaient pas de crier dans tous les sens. Il faisait un froid de canard et, même si j'avais du mal à l'admettre, je pense que ça aurait été pire si j'avais été seule. Mais tout de même... J'aurai tellement préféré être au chaud, dans ma chambre.

Je ne serais pas venue, vraiment, je serais restée. Ma première réponse avait été non, d'ailleurs, mais il avait été tellement adorable en demandant... Stupide lien de mes deux ! Si seulement je pouvais encore y résister, j'aurai pu simplement lui dire non, sans revenir sur ma décision... Et peut-être promis qu'on se verrait après.

Argh ! Stupide lien !

La veille, après mon petit show, la conversation avait eu un peu de mal à reprendre mais la plus tard avaient fini par passer outre. Enfin, surtout moi ; je parlais et riais presque avec les gens que je connaissais – Owen, Mattéo et Lori, principalement – sans même faire attention aux regards noirs que me lançaient les copines de Cherry. Elle ? Elle n'avait levé les yeux de son plateau que pour quitter la cafétéria.

Austin n'avait pas parlé de l'incident avant la fin de la journée, ne venant me voir qu'après le dîner, comme il aimait tant le faire. Il avait d'abord entamé avec une conversation légère et simple mais avait ensuite parlé du plus important. Je savais que cette conversation ne tarderait pas à arriver et j'étais totalement prête à l'accueillir ; bien lui faire comprendre que je ne regrettai pas d'avoir fait ce que j'avais fait.

Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il dit qu'il me félicitait. En quelque sorte. Il m'avait dit qu'il était content que je me défende enfin et qu'il était désolé de n'avoir, encore, rien fait. Bien sûr, prenant mes grands airs, je lui avais dit que s'il essayait encore de prendre sa défense, comme il l'avait fait, on aurait un grave problème... Mais finalement, que du bon était sorti de cette conversation. Enfin...

Nous parlions de tout et de rien, comme d'habitude, quand il entama le sujet des vacances. J'avais d'abord pensé que ce serait un sujet jouissif, jusqu'à ce qu'il me parle du dernier match de foot qu'ils auraient... et qu'il m'y invite. Comme je l'ai dit, j'avais d'abord refusé, mais il avait été tellement adorable en demandant... J'avais bien vu que ça lui tenait à cœur et, avec ses yeux gris fixés sur moi, suppliant pour que je dise oui, je n'avais pas pu refuser.

J'étais donc là, depuis plus d'une heure et demie, maintenant, à regarder un jeu auquel je ne comprenais rien, n'attendant que sa fin. Loin de moi l'idée que les filles ne devraient pas s'intéresser au foot – chacun sa vie – mais le sport n'était pas vraiment mon truc. Les seuls sports dont je connaissais les règles étaient ceux que j'avais eu à pratiquer à l'école, parce que je n'avais pas vraiment eu le choix. Et, pour être honnête avec moi-même, je n'en avais même pas besoin.

Remarquant que tout le monde autour de moi s'était calmé, comme attendant quelque chose, je déduisis que le match était bientôt fini. Et c'était le cas, d'ailleurs, car j'entendis un coup de sifflet qui me déchira les tympans, juste avant que la foule ne se déchaine de nouveau, poussant des cris que je supposais être de victoire.

Je n'étais tellement pas habituée à être entourée par une foule, et encore moins à entendre autant de bruit, que je restai sur le banc quelques secondes, sonnée. Mais merde, quoi – et après, on s'étonnait que je n'aimais pas les gens ! Non, franchement, une fois en groupe, personne ne savait être civilisé !

Projet HybrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant