Chapitre 24

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Nous en étions déjà au dernier quart-temps. Il avait commencé depuis plusieurs minutes et mes supposés coéquipiers faisaient tout pour que je ne touche pas à la balle. Si je sautai, ils sautaient plus haut, si je courrai, ils couraient plus vite. Nous menions le jeu de quelques points mais ça ne me suffisait pas. Je voulais jouer et mes nerfs étaient de plus en plus à vif. Je n'allai pas les faire perdre ! Enfin... Tout dépendait de l'humeur dans laquelle je serai quand j'aurai enfin récupérer la stupide balle. Sérieuse, on jouait au basket en sautant et courant pour ne finir que par être humiliée ? Très peu pour moi. Je n'attendais que le moment opportun. Et il vint enfin.

Ils avaient tous avancé et je m'étais retrouvée seule en arrière. Pas un si gros problème en soit si l'un des adversaires n'avait pas réussi à rattraper le rebond et n'était pas en train de remonter vers moi. Un petit coup d'œil vers mes coéquipiers me permit de voir la terreur qui s'affichait sur leur visage. Ils voyaient déjà la catastrophe arriver. Mais ce ne serait pas le cas parce que, sans trop réfléchir, je fonçai sur le joueur et lui arrachai la balle, si vite que je ne pense pas que lui même ait eu le temps de voir l'action. Tous les autres joueurs avaient commencé à venir vers moi et j'entendais mon équipe m'appeler pour que je fasse une passe. Mais je n'allai pas la faire. J'allai continuer seule et leur prouver que je pouvais y arriver.

Je passai tout le monde avec aisance, ne me souciant pas de ceux qui tombaient après s'être emmêlés pour essayer de m'arrêter – deux ou trois, je crois. Je passai le dernier joueur, fis un deux-pas et lançai la balle une fois que je fus suffisamment en hauteur et assez près du panier pour marquer deux points. Je ne fus pas surprise de ne rien entendre d'autre qu'un silence de mort lorsque je retombai "gracieusement" sur le parquet. Personne ne parlait, tout le monde me regardait avec des yeux exorbités. Ils étaient sûrement trop choqués de me voir jouer aussi bien pour applaudir. Sauf Austin qui, évidemment, affichait un sourire satisfait, démoniaque sur son visage. Je décidai de ne pas faire attention à lui et retournai à ma place.

"Qui gêne, déjà ? ..." lâchai-je froidement au joueur de tout à l'heure.

Je crois qu'ils avaient tous pensé que c'était un coup de chance parce qu'ils avaient tous été retissant à l'idée de me passer la balle au début. Mais ils s'étaient peu à peu décoincés et nous avions enfin commencé à jouer en équipe. Parfois j'avançai, parfois je mettais des trois points et parfois ils me passaient la balle parce qu'ils avaient la flemme d'avancer. Et je m'amusai. Vraiment. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas véritablement fais un sport collectif. Je sais que c'était pour me protéger mais, à ce moment là, je le regrettai. Je regrettai d'avoir été tellement coincée.

Je souris sans véritable raison et me concentrai sur le match. Nous en étions déjà au dernier quart temps et nous étions menés d'un minuscule point. C'était mon action, tous les joueurs étaient trop loin devant et un adversaire revenait avec la balle. Il fallait que je marque avant que les dix dernières secondes soient écoulées. Alors je fonçai. Je fonçai et je réussi à prendre la balle avant de continuer mon chemin vers le panier. A quatre secondes, je me plaçai dans la raquette. A trois secondes, je sautai et lançai la balle. A deux secondes, je me faisais percutée par une masse énorme et retombai au sol. A une seconde, je me cognai violemment la tête contre le parquet.

Je voulais absolument savoir si ma balle était rentrée mais la douleur qui se répandit dans mon crâne à cet instant m'empêchait de faire le moindre mouvement. J'étais sonnée, je n'entendais plus rien et ma vue était troublée. Des bruits sourds me parvenaient, des cris je crois, des voix d'hommes. Je tentais de me relever sur mes coudes mais je tremblai toujours. Le coup que j'avais pris était d'une force bien supérieur à ce que je pouvais supporter. Mais il y avait un autre problème. J'étais en colère. J'étais en colère contre cette personne qui m'avait empêchée de savourer une victoire qui m'était due. Une victoire non seulement pour le jeu, mais aussi pour moi-même. Je m'amusai, putain !

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