Chapitre 39

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L'apparence n'avait jamais vraiment été une chose importante à mes yeux. Je faisais toujours en sorte que mes habits et ma coupe de cheveux soient assez discrets pour ne pas me faire remarquer. Le plus souvent – tout le temps – mes cheveux restaient naturels ; noirs et bouclés. Je n'avais jamais pensé à me les teindre ou à refaire la couleur. Je serais tentée de dire que je n'en avais totalement rien à faire mais je ne peux pas.

Alors, quand ma tante m'a annoncé que mon anniversaire avait apporté un certain changement à ma coupe de cheveux et que j'avais posé ma main sur presque rien, j'avais presque perdu la tête – pour changer. Apparemment, mes boucles étaient tombées et avaient été instantanément remplacée par des cheveux plus lisses, la nuit de mon anniversaire. Je n'avais pas bien prit la nouvelle mais au moins je n'étais pas chauve.

Je caressai une dernière fois mes cheveux, désormais d'un étrange mélange de mèches noires et grises, avant de les recouvrir d'un bonnet. Je regardais ensuite mes yeux, violets. Eux au moins n'avaient pas changé ; j'avais fini par les préférer à ceux bleus, d'avant mes dix ans. Mais je devais les couvrir alors je mis mes lentilles brunes et enfilai mon manteau avant de quitter la chambre.

Petronnia et tante Fati, m'attendant depuis un moment, se turent quand je descendis mais je fis mine de ne pas faire attention. J'avais remarqué qu'elles me cachaient quelque chose mais avais décidé de ne pas mettre mon nez dans leurs affaires. Je pouvais toujours soutirer des informations à ma tante, plus tard, après tout, puisque c'était une mauvaise menteuse. Mais je devais d'abord réorganiser un peu ma vie.

"C'est bon." dis-je en arrivant à leur niveau.

"Très bien." sourit Petronnia, "Prends soins de toi, d'accord ? Tu es encore un peu instable... Et, si jamais tu as un problème, n'hésite pas à venir me voir. Tu sais comment faire, maintenant."

"Merci, Petronnia." souris-je poliment, "Mais je crois que je parlerai d'abord à tante Fati. Elle va encore rester en ville pendant un moment."

"Ah ça, c'est sûr ! Je n'irai nulle part tant que tu ne sauras pas gérer tes émotions."

Je levais les yeux et souris, amusée. Je pouvais compter sur elle pour me coller.

"Margot... Je t'ai déjà dit de m'appeler tante Petra ! Pourquoi toi et Dwayne mélangez toujours les choses !" se plaignit l'Enchanteresse.

Je plissai les yeux, mal à l'aise, mais laissai tout de même échapper un sourire. De ce que j'avais compris, Dwayne aimait l'appeler tante Petra – pour l'embêter, sûrement – et elle ne le supportait pas. Elle aurait préféré que moi je l'appelle comme ça mais... Je n'y arrivais pas. Je l'aurai volontiers fait, avant, mais, je ne savais pas pourquoi, je n'avais pas envie de créer trop de lien. Les gens venaient et partaient facilement et j'avais très bien tenu jusque là avec seulement ma tante, Isaac et Dwayne – mes amis d'enfances, au village, à part. Plus que jamais, je sentais que je n'avais pas besoin de socialiser.

"Je... Il faudrait faire vite. Je veux pouvoir vite réorganiser mes affaires." dis-je avant de rapidement me diriger vers la fenêtre par laquelle Dwayne venait et partait toujours.

"Laisses-lui du temps..." entendis-je ma tante lui dire.

Elle me rejoignit et lança le sort pour nous permettre de voyager par le vent. Celui-ci était différent de celui que j'avais l'habitude d'utiliser. Jusque là, c'était un tourbillon d'air ensorcelé que qui m'enveloppait et m'emmenait où je voulais aller – j'étais obligée d'aller très haut, pour ne pas me faire remarquer. Mais j'avais à apprit à magner le vent d'une toute autre façon ; mon corps ne faisais qu'un avec l'air – devenait de l'air. Effrayant au début mais on s'y habituait vite – voyager par la terre faisais beaucoup plus peur.

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