PDV Margot – interne.
J'inspectai une dernière fois mes dents et passai ma langue dessus avant de fermer le robinet. Je rassemblai ensuite mes affaires dans une trousse achetée à l'occasion et enfilai un jeans simple noir et un col roulé gris. C'était une tenue basique mais je m'y sentais confortable, surtout que l'automne commençait. Il ne faisait pas froid, mais l'air frais ne m'incitait pas à être sophistiquée.
Quittant la sale de bain pour ma chambre, je faillis trébucher sur un câble. Il y en avait beaucoup et, en un mois et demi à fréquenter cette chambre, j'avais toujours du mal à m'y sentir comme chez moi. J'avais passé le plus clair du temps au lit, après tout, et n'avais marché que pendant peu de temps. Mais, au moins, je l'avais exigé : je ne me baladerai ni en pantoufles ni en robe de chambre.
Je fini d'engouffrer mes dernières affaire dans mon grand sac, sans oublier la trousse de toilettes, et fermai la tirette. Il n'était pas très gros, comme sac de voyage, mais je n'avais pas beaucoup d'affaires, non plus... Disons qu'il était juste assez grand pour une voyageuse légère, comme moi.
Je tirai le sac jusqu'à la porte et me retournai, pour observer une dernière fois cette chambre. Dernière fois car, aujourd'hui, je quittai enfin l'hôpital. J'avais passé un mois et demi, ici, mais je ne me souvenais pas du premier mois... Il paraît que j'ai dormi, mais aussi que j'ai ouvert les yeux. Il parait aussi que j'ai bien failli tuer tout le monde à plusieurs reprises – que j'avais souvent perdu le contrôle avant que Shana n'arrive à stabiliser mon état.
Pour être honnête, je ne me souviens pas de grand-chose. J'étais dans la clairière et je venais d'enfermer tout le monde pour les protéger, j'avais agrippé Michel par la gorge et avais fermé les yeux... Après ça, je m'étais réveillée dans le lit de cet hôpital, il y a une semaine ou deux, totalement en forme – un peu comme si j'avais fait la plus grosse sieste de ma vie – et j'avais raté mon été.
J'avais assuré à tout le monde que je me sentais parfaitement bien, mais ils n'avaient rien voulu entendre : ils ont fait plusieurs tests, radios... juste pour découvrir que je ne mentais pas ! Enfin, peu importe. Ils avaient tenu à ce que je reste tout de même au lit pour encore quelques temps, idée de s'assurer que je ne perdrais pas la tête une nouvelle fois, et j'avais accepté à condition qu'on m'apporte des affaires – encore une fois : pas de pantoufles ni de blouse horrible.
Maintenant qu'ils étaient convaincus que je ne les attaquerai plus (bien que je n'en aie aucun souvenir), je pouvais quitter l'hôpital et rentrer chez moi, et ce n'était pas pour me déplaire. J'avais rapidement rangé mes affaires dans la nuit pour partir au plus vite.
J'entendis la porte s'ouvrir, derrière moi, et me retournai pour faire face au visage surpris de Pa' Patrick et Christelle. Ah, Dani et Benji était aussi là.
"Tu... es prête ?" demanda Pa' Patrick, sourcils froncés.
"Oui !" sous-je, avant de faire face à Christelle, "Et toi ?"
Elle parut encore plus surprise que lorsqu'elle m'a trouvée déjà prête :
"Moi... ?"
"Oui."
"Prête à quoi ?"
"À passer deux mois entiers à devoir me supporter."
Pendant plusieurs secondes, ma petite cousine m'a regardé en clignant des yeux à multiples reprises. Puis, elle a sourit. Un énorme sourire qui réchauffe les cœurs.
Christelle me sauta alors dans les bras :
"Oui ! Ça veut dire que tu vas venir au village ?"
Je ris :
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Projet Hybride
WilkołakiOn m'a dit que je devrais vivre une vie normale, m'amuser, profiter. Mais comment faire, si tout ce qui devrait être qualifié de 'normal', dans ma vie, m'a été enlevé ? Quand je suis, moi-même, loin d'être normale ? Obligée de me cachée pour vivre...