J'avais, par je ne sais quel miracle, réussi à survivre à mon horrible matinée. Horrible car, non seulement d'avoir eu cours de philosophie avec le joueur de foot, tous mes cours d'avant-midi étaient partagés avec la classe de Terminale ES. J'étais de mauvaise humeur... mais j'aurai pu passer outre la présence de mon âme-sœur. Seulement, il s'amusait à me déconcentrer avec des regards insistants et des bouts de papiers qu'il osait me lancer. J'avais eu énormément de mal à me contrôler au dix-neuvième projectile lancé - j'avais compté - mais heureusement que mon très cher vampire était là pour me calmer. Sa main me caressait le dos avait un effet tellement relaxant sur moi que j'avais réussi à rire en voyant Austin se renfrogner. Il avait fini par arrêter, comprenant que ses gestes ne faisaient que nous rapprocher, moi et Isaac.
Dès que la sonnerie annonçant la pause de midi avait retenti, je m'étais précipitée en dehors de la salle de mon dernier cours et avais foncé jusqu'à mon casier, tirant Isaac derrière moi. Vous me direz que c'est normal d'être excité d'enfin fuir les cours pour aller manger mais, me connaissant, ce n'est pas la nourriture qui m'intéressait autant. Non, c'était plutôt ce que j'allai faire pendant cette petite pause d'une heure.
La veille, j'avais donc parlé à ma tante du fait le directeur avait autorisé que les professeurs me fassent travailler en groupe mais lui avais demandé de ne pas intervenir. Bien sûr, loin de moi l'idée de laisser couler l'affront que le vieux Paul avait osé me faire. J'adorai lui faire flipper un peu sa race et je comptai bien le faire. Et avec l'aide d'Isaac ça allait être encore plus amusant. Je l'avais mit au courant de la situation et de mon plan - quoi que je lui rendais tellement visite qu'on ne pouvait plus dire qu'il s'agissait de plans spécifiques - et il avait tout de suite été ravi de s'amuser un peu lui aussi.
C'était donc avec une satisfaction malsaine que je me tenais devant la secrétaire pour lui demander la permission d'entrer dans le bureau du directeur. Elle m'autorisa à y aller, bien sûr, et je lui souris avant d'avancer vers la porte.
"Euh, jeune homme, où allez vous comme ça ?" interpella-t-elle Isaac.
Isaac lui adressa un regard mauvais et je décidai d'intervenir avant que ça ne tourne au vinaigre.
"On doit voir le directeur ensemble, madame."
"Oh. Très bien, allez-y." dit-elle alors avec un sourire nerveux.
Je comprenais qu'elle fut un peu effrayée par la réaction du vampire quand elle lui a posé la question car malgré son air généralement enjoué, Isaac savait faire peur. Et la raison pour laquelle il avait l'air de tellement détester une personne qu'il ne connaissait pas était tout à fait stupide : la secrétaire était rousse. Pas le joli rouge bordeaux foncé que portent généralement les femmes à tomber qui passent à la télé, non, plutôt un sale orange, à la limite du jaune, avec des cheveux emmêlés qui puaient le métal rouillé - bon, j'exagère, mais j'imagine. Il m'avait vaguement raconté qu'il avait eu, à une époque, une prof de lycée qui avait la même couleur de cheveux et qui était détestable.
Je ne fis pas plus attention à mon ami et frappai à la porte du bureau. Il permit vite à la personne de l'autre côté de la porte d'entrer, moi, en l'occurrence, et j'ouvris doucement la porte pour découvrir un homme pétrifié dans son fauteuil. Il reprit pourtant rapidement son visage peu assuré et me regarda avec un regard haineux. Je ne fis que lui sourire et alla m'asseoir alors qu'Isaac observait la décoration douteuse de la salle.
"Bonjour, Paul." dis-je calmement après avoir prononcé le charme de la bulle sonore.
"Ma-" commença-t-il, mais il s'arrêta en voyant mon œil tiquer, "Bonjour."
"Est-ce que je dois encore préciser la raison de ma venue ou vous savez déjà ce qui m'amène ?"
Le directeur pinça ses lèvres et je souris en voyant qu'il commençait à paniquer. Quel spectacle excellent.
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Projet Hybride
WerewolfOn m'a dit que je devrais vivre une vie normale, m'amuser, profiter. Mais comment faire, si tout ce qui devrait être qualifié de 'normal', dans ma vie, m'a été enlevé ? Quand je suis, moi-même, loin d'être normale ? Obligée de me cachée pour vivre...