Chapitre 2

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<<Très belle jeune fille d'ethnie serère , je suis née à Patar, quelque part à Fatick,dans une famille assez pauvre et un père polygame de17 enfants , Fara Sarr. Il était redoutable et redouté mais malgré ses faibles moyens il réussissait à accomplir les trois repas du jour même si nous n'étions pas toujours repus
Je suis l'aînée de la famille même si mon père aurait préféré avoir un garçon comme aîné.Ma mère ,Gnilane Diouf était la deuxième épouse de mon père, sa première femme étant morte quelques mois après la venue de ma mère à la maison. Ma mère vendait malgré les protestations de mon père, au marché du village ,des céréales locales. Elle pouvait participer à la dépense quotidienne. Les autres épouses de mon père était au nombre de 2 l'une qui répondait au nom de Coumba et elle avait 11enfants:c'est dire qu'avant que l'un de ses enfants ne marchait ,un autre pointait son nez, elle était grave fertile .L'autre ,Bintou Dibor avait 17 ans soit 3ans de plus que moi et elle avait déjà 2 enfants.
L'apprentissage scolaire était impensable pour lui, le Coran demeurait le seul outil de connaissances. Heureusement pour moi, un de mes oncles, particulièrement influent dans ma famille l'a convaincu de me laisser «essayer l'école ».J'ai ainsi fait tout mon cursus primaire à l'école élémentaire de mon village et réussi avec brio à mon certificat de fin d'études moyennes et j'ai commencé mes études au collège. J'avais 14ans et j'aidais ma mère avec mes deux frères Mohamed Fara et Farba Fara à vendre au marché.
Un jour, ma mère était rentrée très tard du travail et dès qu'elle est rentrée ,mon père, sans lui demander des explications a commencé à la gronder et pis à la frapper.Mes frères et moi etions caché dans l'entrebaillement de la chambre entrain de regarder le "spectacle " en pleurs silencieux, j'en voulais à mon père, ma seule envie en ce moment était de lui sauter dessus et de lui arracher les deux yeux mais je n'osais pas, mon éducation ne le permettait pas. Voir ma mère se faire humiliée devant ses coepouses et tous les autres enfants de la famille. Après avoir subi les assauts de mon père, maman est rentrée dans la douche. Des minutes à la limite une heure était passé, l'eau coulait mais on entendait plus ma mère, mon oncle a frappé à la porte mais ma mère ne répondait pas. Il a fallu qu'on défonce la porte pour se rendre compte qu'elle était inerte, couchée sur le sol ,un liquide blanc sortant de sa bouche, le corps en sueur .Avec l'aide de mon père, on put la faire sortir de la douche et l'envelopperent avec un pagne avant de la coucher au milieu de la cour, l'eventaillant ,lui claquant des joues pour la réveiller. Il a fallu l'intervention du médecin pour nous confirmer sa mort.
Ma réaction a été la plus bizarre lors de cette annonce:j'ai ri. Mon père m'a crié de me taire mais je continuais de plus belle .Soudain une larme puis deux perlaient sur mes joues.Le courroux, l'amertume, la tristesse et surtout la peur étaient les sentiments qui m'animaient à cet instant .J'avais peur, peur que cette vérité soit vrai, peur de vivre sans elle, d'imaginer mon existence sans elle,de m'occuper de mes frères, de vivre sans son soutien et sa présence .
Durant tous les 3 jours de deuil, j'étais restée cloîtrée dans la chambre, mes frères étaient au plus mal,inconsolables.Notre mère était celle qui nous apaisait après les engueulades de mon père, elle trouvait le moyen de nous faire rire tout le temps. Qui allait s'occuper de mes deux frères trop jeunes pour subir ce sort .À 14ans, je dû abandonner mes études pour continuer à faire les tâches ménagères et la vente au marché. Mes frères commençaient à se faire humiliés par les autres femmes et enfants de mon père. Je sentais que c'était mon devoir de le faire mais je ne savais pas comment.
Un soir, alors qu'il venait d'effectuer sa dernière prière du jour, mon père me fit appeler par mon frère pendant que je comptais l'argent de la vente du jour. Il entama la conversation :
-Oulimata, tu sais que depuis la mort de Gnilane, rien ne va plus à la maison. J'ai de nombreuses dettes. Il n'y a pas longtemps, Abdallah, le boutiquier me menaçait de lui payer si je ne veux pas me faire humilier. Je suis un notable de ce village, mon humiliation sera un grand scandale. Mon ex voisine, ta tante Dibor vient de me proposer de t'envoyer à la capitale pour tenter ta chance comme toutes les autres filles de Dakar. J'avais un peu d'argent de côté, il te servira pour ton transport. Tu partiras demain à 15 heures. Ne t'en fais pas pour tes frères, ils iront à l'internat de Fatick grâce à une vieille connaissance.
Je n'eus pas besoin de prononcer un mot après ce discours. Je rêvais de partir à Dakar mais pas de cette manière. Je voulais y aller après mon bac pour étudier à l'université de Dakar
À 14 heures j'étais déjà prêté ainsi que mes bagages. Le départ fut très triste. D'ailleurs tous les membres de la famille pleuraient,me conseillaient et priaient pour moi. Après avoir passé toute une vie dans ce si beau village
Dans l'autobus, je me rememorais les bons souvenirs de Patar et je pleurais en pensant à mes amis d'enfance, à mes maîtres d'écoles...
Notre bus arriva à Dakar vers 20 heures. Ma "tante "Dibor et son mari Djibril Mbaye m'accueillirent. Nous empruntames la route menant vers Fass par la voiture de tonton Djibril . Arrivés à la maison de ma tante me présenta ma chambre . Ils n'étaient que 2 dans cette si grande maison, leur fils ayant été envoyé en France pour continuer ses études de comptabilité .Ma chambre était assez grande avec un grand lit et une armoire où j'avais déjà rangé mes habits. Ma tante m'avait dit qu'elle me trouverais un travail mais en attendant, je devais m'occuper des travaux menagers de sa maison. De même ,elle d'occuperait d'envoyer de l'argent à mon père comme il le voulait . Étant donné la grandeur de la maison et que j'étais seule, mon travail ne se terminait que vers 18 heures. Ma tante Dibor m'acheta de nouveaux habits, ceux là que je voyais souvent dans les magazines avec ma demi-soeur Codou, elle les recevait de sa cousine dakaroise. Nous revions en feuilletant ces pages sans la moindre lassitude tellement nous étions submergés.
J'appris au fur et à mesure à prendre soin de ces habits
Quelques mois après, bien que je fus très réservée dans mes déplacements qui ne se limitaient qu'à la boutique et au marché, j'eus la chance de rencontrer une femme plus âgée que moi,togolaise mariée, de teint un peu clair, forte, les fesses rondes, le visage naïf. Elle se nommait Rebecca, nous nous rencontrions souvent sur le chemin du marché, à la boutique où nous restions des heures à parler bien sûr en français et elle me relata son histoire. En effet, à l'âge de 16 ans, elle a rencontré un sénégalais du nom de Bakar Seye, âgé de 28 ans à l'époque qui a émigré au Togo pour tenter d'obtenir un travail comme cela devenait dur au Sénégal. Ils vécurent un amour grandiose et durable. Vint le jour de présenter Bakar à son père vue que celui-ci avait déjà fait sa demande en mariage. Rebecca le convia à sa belle demeure de Lomé. Ils dinerent dans la gaieté jusqu'à ce que Bakar leur apprit qu'il était descendant d'une famille pauvre de la banlieue. Ayant ressenti une humiliation dans sa réponse et cherchant un mari de famille aisée capable de subvenir aux besoins de son unique fille, il demanda amèrement au jeune homme de sortir de sa maison et de mettre une croix sur sa fille. Rebecca se sentit aussi mal que son copain qui comme un veritable sénégalais vit son orgueil et sa fierté réduits à néant . Rebecca fut interdite de sorties à part ses cours jusqu'à nouvel ordre. Elle décida de s'enfuir avec son soupirant vers notre pays. Entraînés par leur fort amour, ils effectuèrent le voyage sans plus entendre parler de la famille de Rebecca. Depuis lors, elle vit à Fass avec son mari et sa fille Aquarium. Malgré les difficultés au début ,Ils réussirent à préserver leur union bénie par la famille de Bakar
-C'est ça l'amour pensais je
Entre Rebecca et moi naquit une si grande amitié que je ne pensais pas me séparer d'elle que je ne pensais me séparer d'elle. Cependant ma tante Dibor ne voyait pas d'un bon oeil cette amitié. Dès qu'elle nous voyaient ensemble, Elle faisait tout pour me faire rentrer dans la maison. Jamais je n'osais demander pourquoi son comportement avec elle alors qu'elle ne la dépasse pas sans lui dire bonjour. Un jour qu'elle était venue me demander si j'allais au marché, ma tante la chassa comme une malpropre. Rebe comme j'aimais l'appeler était si surprise qu'elle ne pipa mot, elle retourna, la tête baissé et les yeux rouges de colère. Je trouvais ça injuste et cruel de la part de tante Dibor
C'est ainsi qu'au fil des temps, je découvrais la face cachée de ma tante. Tous ces sourires qu'elle s'efforçait de faire n'était que de la farce, son jeu ne dura que quelques mois
C'est ainsi que je compris pourquoi lors de mon départ, Coumba la 2ème femme de mon père me tira de la foule accompagnatrice pour me demander de faire attention à cette femme car... Elle ne put achever sa phrase car on me fit appeler pour faire quelques incantations et m'enduire de"safara"
Je ne reconnaissais plus cette femme qui m'avait accueilli comme sa propre fille .À mon arrivée, elle n'était pas aussi méfiante et insensible à mon égard. Elle était douce et me traitait bien. Progressivement, elle montrait son visage en plus de ne toujours pas respecter sa promesse de me trouver du travail. Il paraissait évident qu'elle m'avait fait quitté le village pour son propre compte. Elle m'avait interdit de m'asseoir sur les fauteuils du salon qu'il fasse chaud ou froid et je ne devais pas manger ni avec elle ni avec tonton Djibril encore moins s'il y a des invités. J'avais seulement mon petit bol avec quelque viande ou poisson
Un jour alors que je faisais la vaisselle,elle me surpris en me traînant jusqu'à sa chambre pour me jeter au sol. Elle me lança un regard de feu et son cri laissait un écho bien sonore dans la pièce.
-Où sont mes bijoux?
Je restais silencieuse ne sachant pas de quoi elle parlait mais elle se jeta sur moi comme une chatte sur sa proie et je ne pouvais pas supporter son poids
-Je dois aller au mariage de la fille de la voisine, dis moi vite où tu les a mis pour que je les récupère
-Tante, je n'ai pris aucune de tes affaires, je le jure, sanglotais-je
-Arrête de faire ta comédienne oui. Petite voleuse, villageoise, tu ne sais même pas celle que tu as volé. Je vais t'amener chez mon marabout, il va te transformer en guenon si tu ne me dis pas où sont mes bijoux en or.
-Mais je...je...je ne sais pas ,disais -je entrecoupée par des sanglots.
-Sèche moi ces larmes, j'ai d'autres choses à faire.
Je restais front baissé et les yeux humides de larmes. Tout d'un coup, elle recommença à me battre comme un esclave. Je suppliais,implorais,pleurais,me refais mais elle n'en faisait pas cas.N'eut été l'intervention miraculeuse de tonton Djibril qui ressit à la tirer, j'aurais été morte.
-Mais que fais-tu ?cria mon oncle
-Je punis une voleuse alors lâche moi. Se débattait -elle.
-Jamais, elle n'est qu'une enfant et qu'est-ce qui te prouve qu'elle les a volés.
-On est seuls dans cette maison, cela ne peut être qu'elle.
-Wouly lève toi et va dans ta chambre.
Je me suis exécutée et me suis enfermée dans ma chambre. Harrassee par les coups, je me suis allongée sur le lit en parlant toute seule et en pleurant.
-Au mon Dieu, qu'ai je fait pour mériter tout ce qui m'arrive.Maman,pourquoi m'as tu laissée, pourquoi es tu partie. Je suis si seule dans cette vie au milieu de toutes ces personnes viles . Oh Seigneur des gens comme ma mère doivent être immortels comme les dieux grecs. Je suis certaine que je ne serai en paix qu'au jour de ma mort. Je décidais de sécher mes larmes, de me doucher et d'aller me coucher .

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant