Maux Mêlés

chapitre 18

Parfois il faut savoir souffrir, pleurer, crier de douleur, sangloter, soupirer de désarroi, de résignation. Pour ne pas dire que la vie n'est pas rose, on dira qu'elle est multicolore et change en fonction des évènements et de leurs ampleurs.
Une vie de joie, de peine, d'acharnement, de tristesse, de pleurs, de rires et sourire. Une vie où on apprend à vivre, à survivre et si possible à aider, assister ceux qui veulent vivre.

L'hôpital, un lieu où on se rend pour se soigner,soigner sa femme, son épouse, son enfant, son géniteur, ses proches amis. Il est également important de reconnaître que le médecin exerce son métier grâce aux malades, le pharmacien ne peut vendre ses comprimés, ses gellules, sirop,seringues, poche de perfusion, vaccin et sérum, si l'homme ne tombe pas malade. Paradoxal non!
Il ne se passe pas une seconde dans le monde sans que quelqu'un ne rende l'âme, ne souffre de douleurs. Et probablement dans cette même seconde, certains rient, éclatent de rire à se tenir le ventre, dansent de joie, élargissent leurs lèvres dans un sourire qui contaminent, savourent les délices de la vie.
Pourtant tous ont vécu des instants de bonheur jugé incapable d'être interrompus, superposés parfois par des jours noirs, visages exempts de tout maquillage, yeux rouges cachés par des lunettes, outil vestimentaire assez décent et correctement porté et exceptionnellement simple, foulards de tête ou chapeau, chapelet à la main, vernis, or, talons hauts rangés dans les tiroirs pour n'être utilisés que lors des prochains événements plus heureux.

Apprendre une mauvaise nouvelle au téléphone est... La technologie a certes émergée, percée mais elle est témoin de tellement de choses tragiques. Le téléphone informe, donne des nouvelles désastreuses. Il peut être bref, trop direct et inattendu.
Pourtant, il est porteur d'annonces réjouissantes, un moyen de donner des nouvelles à ses proches sans avoir à se déplacer et les "entendre" fréquemment avec moins de moyens qu'un voyage aller-retour.

Une voiture vient d'accélérer son moteur et le conducteur le fait vrombir pour pénétrer l'hôpital Dantec de Dakar. Cependant, le gardien n'est pas de l'avis que cette voiture passe la chaînette et puisse se rendre dans l'enceinte centrale du centre hospitalier. Mohamed qui joue le rôle de chauffeur sort, salue poliment en faisant un effort de soudoiement pour permettre à sa soeur, son père et son frère Farba de franchir cette grande porte. Il s'est servi de tous les arguments dont il disposait pour "charmer" l'homme en tenue d'agent de sécurité. Niet! Il est quinze heures passé, les visites sont terminés. Pourtant ce n'est pas une visite, du moins pas en tant que tel. C'est simplement une famille rongée d'inquiétude qui souhaite s'enquérir de l' état de santé de leur beau frère, beau fils, époux.
Impatiente et ne voyant pas Mohamed revenir avec une autorisation de passage, Wouly détacha sa ceinture de sécurité et lorsqu'elle mit sa main droite sur la porte d'entrée, son père l'interpella.

-Wouly, où vas tu?

-Je vais voir où en est Mohamed avec ce gardien là, dit-elle la voix basse à cause des larmes et de la gorge remplie de douleur.

-Reste ici, Mohamed va venir bientôt. Sois patiente chérie.

- C'est ce qui me manque papa, de la patience. Je ne peux pas attendre alors que je ne sais pas comment se porte mon mari en ce moment. Je n'ai pas de nouvelles claires et positives. Alors je t'en prie ne me demande pas cela, ce n'est pas le moment. Dit-elle en criant.

-Oulimata, je suis toujours ton père. Tu n'as jamais haussé le ton avec moi. Qu'est ce qui te prend enfin ? Tu ne...
Farba à côté de son père lui presse l'épaule en signe d'abandon. Papa Fara tourne sa tête et voit dans les yeux de son fils de ne plus insister et de la laisser régler la situation comme elle le pense.

-Je te demande pardon Papa, vraiment, c'est juste que...tu me comprends non, dit-elle la mine attendrissante.

-Ne t'en fais pas ma fille, tu es comme tu es, va régler cela et soutiens ton mari.