Chapitre 6

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Cela faisait trois mois que je sortais avec Ouzin toujours à l'abri du regard des autres. Nous nous faisions confiance mutuellement. Chaque nuit, nous nous retrouvions à se faire des câlins chaleureux surtout en cette période d'hivernage. Jamais je ne m'étais senti à aussi bien, ma flamme se ravivait jour pour jour. Je ne pouvais pas rester une minute sans penser à lui. Je me demandais même s'il ne m'avait pas jeté un sort tant je n'arrivais pas à me le sortir de la tête. Lui aussi disait la même chose. Même lorsque ses collègues le trouvaient seul assis fixant le plafond de son bureau, ils le taquinaient en le surnommant "l'effet Wouly ".Il montrait toutes ses dents tellement il était fier de ce nom. L'on lui demandait tout le temps comment il ferait s'il m'avait épousé. En effet, il se collait tellement à moi qu'on lui demandait la manière dont il se comporterait si j'étais son épouse. Chaque matin, avant de commencer son travail, il m'appelait parce que soit disant, ma voix lui donnait encore plus envie de commencer une journée de labeur. Je pouvais dire que ma voix lui portait non seulement bonheur mais aussi le faisait pour toute son entreprise car elle a gagné la première place des entreprises privées du pays. Quant à moi, je persévérais dans mon travail à l'université et me préparais pour les examens de Mars .
Un soir comme à l'accoutumee,nous nous retrouvions sur la terrasse après que tout le monde se fût endormi .Cependant je décidais de faire une petite frayeur à mon bien aimé. Je me mis derrière la porte et attendis son arrivée pour le faire. Dés qu'il monta la dernière marche de l'escalier, je criais dans ses oreilles. Il eut si peur qu'il faillit s'évanouir.
-Tu ne finiras donc jamais de me surprendre Oulimata Fara Sarr ?Hum? Si j'étais atteint d'une maladie cardiaque, je serai mort et ce serait la faute à qui ?dit-il l'air sérieux.
Je pris peur tout à coup. Sa voix était si sévère et son visage si fermé que je voulais fondre tellement j'avais honte.
-Je voulais juste te faire une petite surprise . Dis je en jouant avec mes doigts.
-C'est ça ta surprise. Tu manques vraiment d'originalité . Si c'est me voir mort qui te fera plaisir, laisse moi me marier avec une autre.
Je crus mal entendre. Cette fois ci je le regardais dans les yeux pour ne serait ce que voir une expression de plaisanterie mais il ne laissait rien paraître.
-Tu es un connard, un homme bête qui ne se doute pas de ce qu'il rate en allant voir ailleurs. Je suis mille fois plus belle que ces filles que tu crois plaire. Je ne fais pas de pose hanches, fesses ou seins, tout est naturel. Va te marier avec une autre, c'est ce que tu veux non ? Saute sur l'occasion et n'hésite pas. Tu crois que je suis ta serpillière et que tu peux essuyer tes pieds et me jeter ensuite. Ne te gêne surtout pas. Tu te permets de me menacer d'aller chercher une autre pour une petite frayeur.
Après tout ce que j'ai dit, il n'a répondu qu'avec un rire bruyant et agaçant. Je m'enervais de plus belle et me mis à le frapper en l'insultant en serère, des insultes que je préfère ne pas traduire . Tout à coup, il immobilisa mes deux mains avec sa seule main, me tira par la taille et m'embrassa d'abord fougueusement ensuite avec plein de douceur, ses mains voyageaient entre ma nuque, mon dos et ma taille . Il s'arrêta et me murmura contre les lèvres. .-Tu emportes pour très peu, ce baiser doit sûrement te prouver que je ne chercherai jamais une autre alors que j'ai tout ce qu'il me faut juste sous mes yeux. Je t'aime.
C'était à mon tour de l'embrasser, je me collais plus à lui.
-Tu me rends fou Wouly . Je te jure que tu me rends complètement taré. Dit il en m'embrassant sur le cou et mon épaule. Il denuda mon épaule droit en enlevant le pan avec ses dents de façon si sensuelle que je frémis.
-Allons dans la chambre pour plus de confort.
Je ne disais rien, je le laissais me guider. Il me prit la main gauche et nous marchions comme des évadés de prison. Il ouvrit avec précaution la porte de la chambre et dès qu'on entra, il m'embrassa encore .
-Où est ce que nous en étions déjà ?
Comme si j'étais sortie d'un aveuglement, je le repoussais brusquement.
-Non non, Ouzin.
-Non pourquoi ?s'étonnait -il.
-On ne doit pas faire ça. Arrête, arrête.
Sans le laisser parler,je courais m'enfermer dans ma chambre. Je fermai la porte à clé et m'y adossai. J'emis un long et fort soupire. Je ne voulais pas repenser à ce qui venait de se passer car j'avais honte. J'avais besoin de parler avec quelqu'un ,comme ma mère. Elle aurait sûrement pu me conseiller, me guider. J'ai failli coucher avec Ouzin ce qui équivaudrait à rompre ma promesse de ne me donner qu'à mon mari. Dans la culture sénégalaise et surtout celle serère que je connais mieux, la femme a le devoir de se préserver jusqu'au mariage. J'étais consciente que j'ai failli faire une bêtise, la pire même de toute mon existence. Mon amour pour Ouzin ne devrait pas me pousser à faire des choses regrettables.
Je me jetai sur le lit sans me déshabiller et me déchausser. La fatigue et le sommeil avaient réussi à me vaincre et je m'endormit rapidement.
Étant donné que nous étions à la fin du mois de Janvier, nous les étudiants avions tout le mois de février pour réviser pour les examens du mois de mars. À cet effet, je révisais dans le calme et me reposais en même temps. En gros, j'alliai l'utile à l'agréable.
Le lendemain, comme Ouzin s'était levé tôt, je ne pus le voir jusqu'au soir. Dès qu'il rentra, mon coeur lâcha un fort battement, si fort que je crus le perdre.
-Bonsoir tout le monde, dit il béat -Bonsoir Ousmane, répondit son père.
-Tu es rentré mon grand et ta journée ?
-Ma journée était très chargé. Comment vas tu Wouly ?
Prise de panique, je le regardais pendant des presque une minute avant de répondre d'une toute petite voix.
-Ça va bien.
-Tu es sûre ? Insista-t-il.
-Puisqu'elle te l'as dit, toi aussi ,s'emporta sa mère.
-Je ne faisais que m'enquerir de ses nouvelles.
-Tu n'es pas fatigué ? Si n'est ce pas ? Alors vas te rafraîchir, je t'apporte ton dîner.
-Mais...
-Je ne veux rien entendre, obéis juste.
-Toi Dibor, quand vas tu enfin te décider à comprendre que notre fils n'est plus ce petit garçon qui descendait de l'école tout sale. Comprends qu'il est désormais en âge de gérer son foyer, avoir une épouse et des enfants. Tu le couvres trop voyons.
-Toi aussi Djibril, il est mon unique enfant, je ne veux que le meilleur pour lui. Figure toi que je vais lui trouver une femme qui lui conviendra, une fille belle, cultivée, issue d'une famille noble et réputée, pas une de ces villageoises qui n'ont aucun savoir vivre -se moqua -t-elle en jetant quelques regards de mon côté.
J'essayais tant bien que mal de ne pas faire attention à ses railleries mais elle n'arrêtait pas de me cracher son venin. Brusquement je me levai et retournai dans la chambre.
Deux heures après, j'aurais du normalement rejoindre Ouzin sur la terrasse mais je ne pouvais pas car j'avais peur que l'incident de la veille se produisit encore. Alors que je commençais à dormir, mon téléphone sonna, quand je vis le numéro d'Ouzin, je laissai libre cours au téléphone de produire une musique . Entêté qu'il était, il n'arrêtait pas d'appeler et ne se fatiguait décidément pas du tout. Agacé je finis par appuyer sur "répondre "et posait l'appareil sur mon oreille .
-Tu te décides enfin à répondre. Que fais-tu? Je t'attends depuis plus d'une demi-heure dans ce froid de canard et tu ne daignes pas présenter ta tête de jolie serère sur la terrasse.
-Ousmane Mbaye, tu es l'homme le plus incroyable que je connais. Penses tu vraiment que je vais me retrouver seule avec toi sachant ce qui a failli se passer hier. Repondis je furieuse.
-Oh Oh oh oh ,ne t'énerves pas. C'est à propos de cela que je veux te parler. J'ai besoin de toi, ici. Alors je te demande, je te supplie même de venir, s'il te plaît. Sois gentille, je ne vais pas bien. Je te le demande à genoux mon coeur. -Si tu ne vas pas bien, que fais-tu là haut. Prends un médicament et va dormir.
-Ce que tu dois comprendre, c'est que tu es mon médicament. Si tu veux aussi, je peux le chercher. Dans ce cas, je serai obligé de venir dans ta chambre.
-Non surtout pas cela. J'arrive tout de suite, ne t'avise pas de venir dans ma chambre.
-Tu vois quand tu veux, n'est ce pas ? Allez, cours,marche et vole, ton amour t'attend.
-Tu m'énerves, j'arrive.
Je raccrochais après ces mots. Après avoir porté mes chaussures et dévalé en deux temps trois mouvements les escaliers, j'hésitais à marcher pour le rejoindre.
-Viens, enfin je ne vais pas te manger chérie. Dit il en me sortant de ma réflexion.
Prise au piège et un peu plus rassurée, je me dirigeais à pas lents comme si j'allais vers ma sentence. Si cela ne l'était pas ? Il me pris la main et la serra comme s'il essayait de se convaincre sur ma présence. Ouzin avait le don de me faire baisser les armes. Dès que je le vois, toute l'amertume que je m'étais promis de lui cracher se dissipaient comme neige au soleil.
-Je suis là comme tu me l'as demandé . Pus je dire.
-Oui ,j'ai remarqué .
-Arrête, je ne suis pas là pour blaguer. Sois sérieux.
-Ouh lah, elle sort ses griffes .
Remarquant que je ne me plaîs pas dans son jeu, il opta de ne pas continuer.
-Je veux juste détendre l'atmosphère, tu as l'air nerveuse. -Viens en juste aux faits. C'est à dire, ce qui concerne l'incident d'hier .
-Je préfère ne pas en parler . Répondit il simplement.
-C'est ce que tu as trouvé de mieux à me servir comme réponse. Il est impératif d'en parler.
-Tu sais mieux que moi que deux êtres qui s'attirent ne peuvent passer outre le désir, la passion . Dis toi que se retrouver dans une chambre et ne pas seulement jouer à la marelle n'est plus possible entre nous. Je te désire et tu ne peux pas nier la réciprocité de ce désir. Par conséquent, c'est un faux débat, il ne mène à rien de s'y attarder. Si on venait à coucher ensemble, chose possible, ce ne serait pas une bêtise. On n'est pas des enfants. Bref, si je t'ai demandé de venir, c'est parce que j'estime qu'après une journée de travail épuisante, avoir le droit de passer de bons moments avec ma princesse. En plus d'être ma muse, ma force, tu es mon réconfort.
-Tu me fais peur en me parlant ainsi d'une éventuelle intimité.
-Oublie ce que je viens de dire. Je ne t'ai pas manqué, alors pourquoi tu as refusé mon appel de ce matin. Je ne cesse de te répéter que sans ta voix, je ne fous rien au boulot. Je commence à croire que tu t'amuses à traiter ton pauvre Ouzin d'amour.
-Non, ne dis pas ça, moi aussi j'ai passé une journée maurose et atroce dans la maison sans te voir ou t'entendre . Tu m'as terriblement manqué mon chou fleur. Dis je en me blottissant dans ses bras.
-Moo, c'est quoi ces surnoms pourris que tu me donnes . Je ne veux plus que tu m'appelles comme ça . Hum ?
-C'est un ordre ? Je vais trouver d'autres plus pourris et tu n'y pourras rien. Tu verras bien qu'on ne me donne pas d'ordre, c'est moi qui les donne.
-Oh non! dit il après un rire. Je suis mort. J'ai une annonce à te dire, tu es la première à le savoir ,je dois faire un voyage assez long en Tunisie .
-En Tunisie ? Demandais je en levant la tête . Pour combien de temps .
-Environ 18 jours. Ce n'est pas long. Je fais la mission et je reviens après cela .
-18 jours ne nous sépareront pas, n'est ce pas ?
-Qu'est-ce que tu vas penser, bien sûr que non. Tu veux déjà te débarrasser de moi ou quoi ?
-Non ce n'est pas ce que je veux dire
Vois tu j'ai très peur. Tu as entendu ce qu'à dit ta mère. Elle ne veut pas d'une villageoise et mes origines ne te sont pas inconnues.
-Je me moque totalement de ce que veulent mes parents et surtout ma mère. Elle ne peut pas m'imposer une fille . Je suis assez grand pour choisir la femme idéale, avec qui je passerai le reste de ma vie . Et je suis à mille pour cent sûr que c'est toi et pas une autre. Seulement et uniquement toi ma dulcinée, ma serère d'amour. Contre vents et marées, je t'épouserai. Je ne sais pas si tu as compris ?
-J'ai très bien compris même. Tu vas tellement me manquer mon chéri. Je n'envisage pas ma vie sans toi, tu m'es indispensable . Je t'aime.
-Moi aussi, je t'aime encore plus, plus que tu ne peux l'imaginer.
Il saisit avec délicatesse mes lèvres, les captura en m'entraînant dans une frénésie, un cocktail de bonheur, d'amour, d'affection.
J'interrompis malgré moi le baiser car il commençait à faire tard et il devait aller travailler le lendemain.
On se souhaita bonne nuit avec une multitude de baisers et des pluies de"je t'aime " qui n'en finissaient pas.

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