Chapitre 30

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Dura lex sed lex.

-Allez petit gars, reste tranquille pour que je puisse t'habiller avant que Papa n'arrive. Ne cesse de répéter Wouly.
Qui va voir Papa ? Dit-elle en souriant. Dis moi qui va voir son petit Papa d'amour qui l'aime, l'aime très fort. Hun? Mon Junior ? N'est-ce pas ? Le Junior à son père. Il t'a manqué ?

Elle asperge son corps de parfum et lui met ses minuscules chaussures avant de l'embrasser et de le coucher.

Tapha a été absent pendant quelques jours. Son voyage ne lui a pas laissé le choix. Et comme d'habitude, lorsqu'il est loin d'elle, elle se sent seule et abandonnée. Surtout qu'ils ne vivent plus ensemble. Il lui manque plus et lors de ses appels, elle veut faire sentir un détachement mais dès qu'elle entend sa voix, tout son corps tremble, son cœur saute et elle se met à palpiter, son pouls s'accélère et elle n'a qu'une envie, lui crier qu'il lui manque. Il lui demande des nouvelles de Junior et discute légèrement avec elle. Disons que leur relation se "normalise" depuis l'histoire avec Ouzin. Wouly lui est très reconnaissante pour son aide précieuse. D'ailleurs, leur procès est prévu pour quelques temps seulement. Ouzin n'a pas reçu sa convocation et même si elle en meurt d'envie bien qu'on lui a interdit, elle veut parler à Badara, son fils. Cela lui paraît incroyable et invraisemblable mais c'est le cas. Cet enfant qu'elle a écrasé ce fameux soir, celui qui lui a tout confié concernant sa vie, sa mère, son père est en réalité son sang et sa chair. Qui doit en ce moment le détester ! Certes !

Les premiers jours après son appel, elle ne voulait plus rien savoir, elle ne voulait voir personne et s'enfermait dans la chambre avec son fils. La devanture de la porte lui devenait inconnue. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à ces paroles blessantes, des paroles d'un fils à sa mère, des paroles amères, dures à avaler et qui demeurent dans sa tête, flottant au dessus de son esprit, alourdissant ses rêves.
Farba a tout fait, son père, Mohamed ont appelé mais elle rassurait, promettait et ne faisait rien. Amy a épuisé son stock d'arguments pour la faire sortir du lit. Tapha, quand il venait, c'est Farba qui allait prendre le petit dans la chambre et lui remettre pour lui dire que Wouly dort. Tous les jours, la même excuse.
Debo, qui, par hasard s'y trouvait lui a révélé que Wouly ne fait plus rien de sa vie, elle ne mange plus, ne sort plus, ne s'amuse plus et refuse de parler aux gens qui viennent chez elle. Dépassé par ces aveux qu'ils ont tous refusé de lui faire, Tapha s'est dirigé vers la chambre avec son fils dans ses bras après avoir raccompagné Debo. Automatiquement après l'avoir couché sur son berceau, il a ouvert les fenêtres, tiré les rideaux puis la couverture de Wouly et l'a jeté par terre.

-Debout, debout. Cria-t-il en tapant des mains.

Croyant qu'il lui faisait une blague, Wouly se lève, ramasse la couverture et se recouche.
Infatigable, il reprend possession de la couverture et cette fois la jete au fond de l'armoire.

-J'ai dit debout. Reprend-il.

-Mais j'ai sommeil, proteste vivement Wouly en se recouchant.

-Tu n'es pas une marmotte et nous ne sommes pas en hiver. Wouly, j'ai dit que c'est fini, tu ne dors plus. Dit-il en la soulevant pour l'amener dans la douche.

-Prend un bain et reviens me voir, je t'attends ici de pieds fermes.

-Attends Tapha, qu'est-ce qui te prend? Je ne...

Tapha ferme la porte et va s'assoir sur le lit.

-J'ai dit d'ouvrir le robinet et de te laver. Tu as cinq minutes, si je n'entends pas l'eau de la chasse, je viendrai moi-même te donner un bain. Menace Tapha en criant assez pour qu'elle l'entende.

Après sa douche, elle sort en dévisageant Tapha comme s'il était fou et rentre dans les toilettes pour s'habiller.
Wouly, sans le regarder se couche, les genoux pliés et les mains enveloppant ses épaules.
Tapha reprend son manège et la soulève pour qu'elle s'asseye.

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant