Chapitre 29

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La vie est remplie de joie mais ce sont les gens qui la ternissent. Un quiproquo peut détruire immédiatement des relations.

Les deux hommes essaient tant bien que mal de réanimer la dame. Elle demeure stoïque, presque inerte, couchée sur leur canapé.

C'est au bout d'une trentaine de minutes que Wouly se réveille, seul Badara à ses côtés.

-Oh, tata Wouly, tu vas bien, on s'est inquiété.

Wouly se lève pour bien s'assoir et boutonner son chemisier.

-Je me suis endormie et j'ai rêvé de mon ex petit ami qui est mort il y a des années. Il était là, devant moi entrain de me fixer.

-Tu n'as pas dormi tata. À la minute où tu as vu mon père, tu es tombée. S'il ne t'avait pas tenu à temps, tu te serais cassée la tête.

Wouly cherche dans sa tête le visage de l'homme, cet homme, le père de Badara. Ah mais oui...

-Tu décides de te réveiller la Belle au bois dormant ou devrais-je dire Oulimata Fara Sarr. Déclare quelqu'un devant elle.

Elle lève les yeux et manque de s'évanouir encore.
Lui?
Ici?
Vivant ?
Père de Badara ?

-Tu connais son vrai nom, Papa ? Demande Badara, choqué.

-Oui, petit. Disons que cette dame et moi, nous nous connaissons très bien. Avant qu'elle ne soit si célèbre et mariée. N'est-ce pas Mme ?

-Tu connais mon père, tata Wouly ? Quelle coïncidence ! S'exclame-t-il toujours aussi surpris.

Wouly ne répond pas. Toujours absorbée par ces questions qui lui triturent l'esprit, qui la tenaillent.
Les fantômes n'existent pas, pas vrai?
Les morts ne reviennent pas ?
Et puis, la grande préoccupation. Est-ce elle la mère de Badara ?
Si possible, comment est-ce possible ?

Non, non. Elle doit se faire des propres idées.
Il y a une multitude de Ousmane Mbaye et de Badara au Sénégal.
Mais ce visage est bien celui du Ouzin qu'elle a connu. Ou bien ?

-Tu sais ce qu'on va faire, petit ? Hun ? Va chez Ousseynou. Va lui rendre visite. J'ai des choses importantes à dire à ta...ta "tata".
Allez, prends tout le temps nécessaire.

-Comme tu veux. Accepte Badara.
Il approche sa bouche de l'oreille de Wouly pour ne pas que son père entende.
Ne pars pas tant que je ne reviens pas et s'il te veut des problèmes, viens le voir, je suis à l'appartement d'en face. Je le connais, il est désagréable et stupide.
OK, je me tais, c'est mon père.

-Vas-y, Alioune Badara, crie d'exaspération son père.

-Doucement, doucement.
À tout à l'heure, tata. Tu as compris ce que j'ai dit.
Il se lève, lui fait la bise plus un clin d'il. Wouly force un sourire et le regarde partir.

-C'est lui ? Murmure-t-elle une fois que le jeune homme ait quitté l'appartement.
Elle reste quelques minutes sans parler puis elle se met à crier.

-C'est lui ? C'est mon fils ? Dis moi. C'est mon Badara ? Parle Ouzin. Parle bon sang !

-Non, répond Ouzin en criant. Non ce n'est pas ton Badara. Il ne t'a pas dit qu'il n'a pas de mère.

-Ça veut dire que je suis sa mère. Déduit Wouly en se tenant la tête.

-Ne me dis pas que tu n'as pas vu la ressemblance. Femme indigne ! Continue de crier Ouzin.

-Je ne savais pas. Et toi ? Accuse-t-elle en pointant son index. Tu t'es fait passer pour mort, tu m'as fait croire qu'il était mort-né et tu es partie avec lui. Tu m'as fait vivre toute cette douleur. C'est toi l'homme indigne.

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant