Chapitre 7

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C'était le jour de la Saint Valentin, le 14 février, un jour très célèbre parce que c'est la fête de tous ceux qui aiment et qui sont aimés. Elle n'est pas seulement destinée aux amoureux ou à ceux qui sont en couple mais elle concerne également l'amour entre amis, l'amour fraternel, maternel ou paternel. En gros à tous ceux qui animent un certain sentiment à l'égard d'un autre.
Toutefois, cette année là, ma première Saint Valentin avec mon fiancé ne se passait pas comme je le revais puisqu'il était toujours à son voyage en Tunisie. À la télévision, étant donné que j'étais une grande mais alors grande amatrice des films surtout ceux qu'on a l'habitude d'appeler les films à l'eau de rose, je remarquais que lorsqu'un couple, il s'habillait en harmonie avec les couleurs fétiches, adéquats à la fête : le rouge et noir. La femme organisait soit un dîner en amoureux pour son bien aimé, soit l'homme l'invitait à dîner au restaurant ou dans un hôtel. Que ce soit pour l'homme ou la femme, ils faisaient en sorte que cette soirée aient été l'une des meilleures de l'année à défaut d'être la meilleure et la plus inoubliable. La femme allumait les chandelles, s'embellissait et sentait bon. Elle allait même jusqu'à mettre une musique d'amour ,mettait l'homme à l'aise, souriait, susurrait des mots d'amour et l'homme à son tour, promettait monts et merveilles. La journée, ils avaient déjà envoyé des roses rouges, elle paraissait être la fleur idéale à offrir ce jour là car elle dévoile l'amour que porte l'auteur de ce cadeau.
J'aurais aimé que la première fois que j'aurais célébré ce jour du 14 février ait été inoubliable et original. J'avais beaucoup d'idées et je l'imaginais tout type de scenarii entre Ouzin et moi. De surcroît, les deux fous qui servaient de parents à Ouzin, je veux parler de Tonton Djibril et de Tante Dibor avaient comme par hasard décidé de partir au village de mon oncle pour présenter des condoléances à la famille éplorée. Pour couronner le tout, Anta la ménagère de la maison avait demandé la permission de passer la Saint Valentin avec son mari. Et comme pour mieux me punir, ma tante la lui accorda avec empressement. Elle avait l'air tellement contente de me voir solitaire qu'avant de partir, elle me lança
-Oh Wouly, tu auras ainsi la chance d'être seule et de réviser dans le calme absolu, n'est ce pas ?
-Bien sûr que oui tante. Passez un bon séjour et faites un excellent voyage. Repondis je poliment.
Ce qu'elle pouvait m'exasperer, elle sait très bien que je suis claustrophobe. La preuve quand elle m'enfermait je ne cessais de la supplier, le noir et l'enfermement m'insupporte , je dors sous la lumière.
Cette femme ne ratait aucune occasion pour l'humilier et me rabaisser comme une malpropre, je me demandais ce que j'avais bien pu faire pour mériter ce mépris qu'elle me témoigner. Nulle occasion ne lui passait sous le nez pour me dévoiler son ressenti à mon égard. Si Ouzin n'avait pas insisté pour que je reste dans cette maison, j'aurais demandé à mon frère de m'envoyer un billet d'avion après l'obtention de mon visa afin que je scrute les horizons du Canada. D'ailleurs le plus grand, Mohamed Fara avait déjà acheté une maison et y vivait avec Farba et mon père qui de son côté avait déjà enterré ce maudit cancer et ne parlait même plus de rentrer chez lui, au village. La vie au Canada l'enchantait et il ne songeait pas quitter ce "paradis sur terre ".Plaisenterie ou pas, il parlait même d'épouser une jeune Canadienne "toute fraîche ". Ah ce vieux ! Allons maintenant savoir quelle jeune fille aurait accepté de côtoyer notre vieux père.
Vers 17 heures, j'avais pris le temps de me concentrer sur les leçons. En aucun cas, je ne devais échouer à cet examen. Je me l'étais promis personnellement. C'était un défi que je devais relever pour moi, ma défunte mère, ma famille au Canada, ma tante et mon oncle, et, ne dit on pas que le meilleur pour la fin, ma raison de vivre, mon amour, ma force, mon tout, Ousmane Mbaye. La tête lourde et les yeux voulant sortir de leurs orbites car n'en pouvant plus de me laisser malmener par cette fatigue fatiguante, je pris sur moi et décidai de ranger les cahiers avant de faire mes ablutions, étaler la natte de prières, mettre ma tenue adéquate et entama cette "discussion " avec Dieu.
<<Asalamalekou wa rakhmatoulah, assalamalekoum wa rakhmatoulah. >>
Je venais de terminer ma dernière prière de ce jour en tournant ma tête de chaque côté en prononçant ces phrases. Je pris mon chapelet, fis mes "wirds "et "douas " pour les personnes chères qui ont été enlevés à mon affection. Je terminais par prier pour tous y compris tante Dibor et son mari. Je priais également pour mon bien aimé afin de le voir bientôt, de le serrer dans mes bras, de l'entendre avec sa voix rauque de parisien, son sourire assassin, sa démarche d"'homme ",son parfum envoûtant et qui pourrait faire céder une soeur d'église, son corps d'Appolon et ses yeux qui brillent quand on finit de s'embrasser, son regard rempli de sous entendu quand nous plaisantons. Mon amour pour lui franchissait largement les limites de la raison.
Il me manquait terriblement, atrocement, avidement.

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant