Chapitre 15

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Après sa sortie de l'hôpital psychiatrique, Wouly était complètement guérie et commençait à sourire. Après quelques mois passée avec les siens, elle décida de voler de ses propres ailes et donc de continuer ses études, cependant loin d'eux pour réclamer plus d'autonomie et apprendre à vivre seule. Ses frères Farba et Mohamed insistèrent pour lui payer un appartement et le billet d'avion, elle fut réticente mais accepta tout bonnement pour 3 mois avant de pouvoir se chercher un travail à mi-temps comme le font la plupart des étudiants sénégalais en France. Wouly est la manifestation même de l'orgueil, de la fierté et du désir d'indépendance. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, elle déteste qu'on s'occupe d'elle. Pour elle, c'est à elle de s'occuper de ses petits frères, le contraire le mettrait mal à l'aise. Sa mère Gnilane lui avait confié ses petits bouts de choux et pas le contraire. Sa décision était de se battre pour leur bonheur même si les contextes ne sont pas les mêmes. Elle a vécu dans la torpeur mais comme le phœnix renaît de ses cendres, elle s'est relevée pour finir heureuse sans tendre la main.
Comme dit ci dessus, elle posa ses affaires sur les terres françaises plus précisément à Toulouse, Wouly put bénéficier des cours d'une grande université en reprenant sa première année. Moustapha Ndoye, le plus brillant étudiant de master spécialisé en gestion, vice président de l'Université. Il faut dire que le racisme avait sa place et avec ses voix, le siège du président était à lui, mais il n'en fit pas cas, il était conscient de sa côte de popularité et n'en était que fier. Dans son coin, avec ses amis" thug", il observait les moindres faits et gestes d'une fille, seule tout le temps , qui à vue d'œil semblait polie, timide, peu courtoise mais excessivement belle avec son teint sombre qui contrastait avec les filles blanches et même métisses. Cahiers sur les cuisses cachées dans des  jeans simples avec les bas plus grands qu'un sachets de course appelé" pattes d'éléphant " à l'époque et des  chemises simples sans flashies ni rayures, propres et bien repassées, elle croquait sans grande appétit son sandwich ou sa pomme verte. Finalement dans cette école, tout ce qui l'intéressait ou l'intriguait était cette fille, la mystérieuse étudiante de première année. Parce que oui, grâce à ses nombreux amis et connaissances, il connut son nom, sa nationalité et le numéro de la classe et l'information la plus croustillante son adresse . À l'opposée de ces femmes qui faisaient l'intéressante et passaient leur journée à palabrer et charmer, la jeune sénégalaise restait dans sa bulle, solitaire.

En plus de l'intriguer, Tapha ne pouvait nier la naissance d'une attirance pour la mystérieuse. Pour éviter que ses camarades, qui manifestaient le voeu de conquérir son cœur, il prit les devants, l'interpelle alors qu'elle devait retourner en classe. Tapha se présenta et ne fut pas dessus que la jeune femme lui réponde par des mimiques ou des bouts de phrases. Même pas un sourire alors que toutes les filles blanches comme noires sautaient comme des puces en l' écoutant parler ou le voir sourire. En voulant prendre congé d'elle, il lui tendit la main et la jeune fille la lui serra. En la retirant, elle remarqua qu'il avait glissé quelque chose dans sa main: une note rose soigneusement pliée. Elle la rangea  différemment dans la poche de son pantalon. En classe, pour cause d'absence du prof et étant une sans amie dans l'Université, elle sortit son roman du moment: L'étranger d'Albert Camus. En s'étonnant de l'attitude désintéressé de Meursault, elle se rappela de la lettre pliée que lui avait donné le soit disant beau gars de l'école. En voyant les filles réajuster leurs paires de seins et se remettre du rouge à lèvres en le voyant marcher, remuer leur pauvre derrière et rouler des hanches , faire montre de toutes leur dentition en passant devant lui, elle se moquait intérieurement. Elle aurait pu être comme ces filles au temps mais son corps et son cœur ont rejoint Ouzin dans sa tombe.

Elle sortit de la poche de son pantalon la note, la dépliant sans empressement et s'étonna de l'élégance de l'écriture en parcourant fébrilement les lignes sûrement écrites avec beaucoup de grâce. Elle lit:

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant