Chapitre 32

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À la une !
À la deux !
À la trois !
Et à la quatre ! Tout dépend du choix.

-Maman ! Répète Badara.

-Tu...tu as...tu as dit.... Je ne peux pas le croire. Tu m'as appelé "Maman". Tu m'as appelé " Maman ". Dieu, dites moi que je rêve. Dit Wouly, ne croyant pas ce qu'elle voit et entend.
Elle prend, sans s'en rendre compte place sur le banc en posant d'abord sa main sur le siège comme si elle a perdu les pédales.

-Maman tu ne rêves pas. C'est moi, ton fils. Dit Badara en s'approchant. Ce n'est plus tata Wouly mais Maman.

-Viens, viens là, dit Wouly en lui tendant les bras. Viens dans mes bras, mon garçon.

Il s'assoit et se réfugie rapidement dans les bras de sa mère. Cette dernière serre fort sa tête contre sa poitrine comme si elle avait peur qu'on le lui reprenne. Que cette femme le lui reprenne. Même si elle est morte, elle lui fait peur. Même si c'est la grand-mère de son fils, elle lui fait peur. Même si... Même si... Elle lui fait peur.

-Maman, je n'arrive plus à respirer. Se plaint le petit en riant doucement.

-Pardonne-moi, pardon mon chou. Tu ne peux pas imaginer le bonheur que Maman ressent en ce moment. Dit-elle en lui prenant les deux mains, les larmes inondant ses joues.

-Alors, Arrête de pleurer. Dit-il en lui essuyant délicatement ses larmes.

-Justement, ce sont des larmes de joie. Je pleure parce que je suis contente de te retrouver. Je suis contente de t'entendre dire Maman.

-Moi, je ne veux pas voir des larmes mais un sourire. Montre-moi que tu es heureuse, montre-moi ta joie avec des sourires pas avec des pleurs. D'accord ?

-Je ne pleurerai plus. Je t'aime tellement Badara, tellement..tellement. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te retrouver.

-Tu continues de m'aimer après tout ce que je t'ai dit ?

-Qu'est ce que tu vas croire? Non, pas une seule je n'ai pensé à te haïr ou quoi que ce soit
Je te comprends et j'aurai réagi de la même manière si on m'avait fait croire à tous ces...je ne sais même pas comment qualifier cela. L'essentiel est que la vérité est apparue au grand jour. N'y pense plus, d'accord ? On ne parle plus de cette...incompréhension.

-Tu es formidable, Maman. Dit-il en lui donnant un autre câlin.

-Non, c'est toi qui es formidable. Désormais, tu es ma vie, mon bonheur, ma raison de vivre, mon commencement, ma fin, mon but, mon tout. Toi, tu es tout cela. Avec ton petit frère, Junior, vous êtes ma vie. Tu as compris ?

-Tu ne peux pas imaginer à quel point, j'ai prié, jour et nuit pour ce moment. T'entendre me dire ces choses sont un rêve devenu réalité. Je t'aime Maman.

- Moi aussi je t'aime mon poussin, dit Wouly une larme au coin de son œil, la voix tremblante d'émotions.

-Hé, qu'ai je dit à propos des larmes ? Le réprimande-t-il faussement.

-Tu es sûr que tu as quatorze ans Badara? On dirait un adulte qui parle. Tu m'étonnes vraiment petit. Constate Wouly en montrant un large sourire.

-Oui, M'man, j'ai quatorze ans et je parle comme les personnes de mon âge.

-Non non, xale bougnou sol yapou mak nga, tu es un adulte dans un corps d'enfant.

Ils rient ensemble et se reprennent dans leurs bras. Ils ne s'en lasseront pas. Ces deux personnes ont eu besoin de ce moment de retrouvailles. Ils s'aiment de manière incommensurable et se retrouver assis, sur ce banc en bois dans ce tribunal qui a tranché sur leur avenir à eux deux, mère et fils. Rien de grandiose. L'essentiel est qu'ils soient biens dans leur moment. Une mère qui a besoin de son fils et réciproquement. Leur cœur déborde de joies et d'émotions contenues.
C'est en ce moment que Wouly sent qu'elle est mère. Mère de ce bout de quatorze ans dont les yeux lui rappellent sa mère et ce visage qui lui rappelle son adolescence. Il n'a rien pris de son père, physiquement. On aurait dit Wouly en garçon "manqué".

Maux MêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant