Chapitre XVIII

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Le jeune marié Léon Aizon faisait parti de cette minorité d'homme qui aimait le romantisme à un point de non retour. Il chérissait chaque moment avec son épouse, et la regardait, l'admirait dès qu'il pouvait. C'était pour cette raison qu'il avait dans l'idée que leur première nuit ensemble demain être parfaite. Une perfection telle qu'il était prêt à attendre. Alors quand il embarqua dans le bateau à Rival, capitale du Romaland, il n'avait qu'une hâte: arriver en Auguste pour concrétiser de la plus belle des manières son amour pour la belle et jeune Alexane. Celle-ci se demandait sérieusement si son époux n'était pas tout simplement dans l'incapacité d'honorer sa femme. Ses nombreux bagages dans l'embarcation luxueuse, elle observa Léon s'agiter. Il donnait des directives au capitaine comme-si 'il s'y connaissait. Alexane détourna le regard, et marcha sur le ponton en bois qui craquait sous ses pas. Elle portait un léger chapeau et tournait son ombrelle sur son épaule. Elle fit un sourire à l'homme qui arriva vers elle:

-Jacob. Je me demandai où tu étais.

-Je viens de quitter Calvil.

Calvil VII était l'empereur du Romaland, et le parrain de Jacob. Il avait accueilli le jeune couple et son filleul avec joie, et comme à chaque fois, il ressassait l'histoire du Comte Noir, Vladimir Layton, et de sa demande en mariage incroyable. Vladimir est le grand-père d'Alexane, l'empereur d'Allénie, père de Cyril Moscov. Il s'était opposé aux fiançailles de Calvil, alors jeune Prince, avec Olga Moscov, fille ainée de l'Empereur Gregor VII d'Allénie. Tout le monde connaissait cette histoire, une belle histoire d'amour:

-Comment de temps de traversée? Demanda Jacob transpirant dans son uniforme.

-Quatre jours, et quatre nuits. Soupira Alexane. Quatre...

Jacob ne se souciait guère du temps de traverser depuis qu'il avait appris le départ d'Aysha. Elle avait décidé de rentrer chez elle afin de préparer le palais à la venue de ses invités:

-J'ai terriblement faim! S'écria Léon enthousiaste en arrivant vers eux. Qui se joint à moi?

Tous le suivirent jusqu'au pont supérieur pour déjeuner. La bateau quitta le quai, quelques irréductibles fanatiques firent des signes de mains au couple. Jacob n'avait pas faim. Il regardait son plat comme une chose étrange et lointaine. Il ne pensait qu'a une personne: Aysha. Et des sentiments multiples et étranges se mêlaient: tout d'abord l'envie, le désir, puis le regret, celui de ne pas l'avoir embrassé, et enfin une haine discrète mais sensible. Qui sait ce qu'elle complote avec Daniel Moscov? Jacob avait peur de Daniel, de ce qu'il pouvait faire, faire au monde, faire à Aysha. Jacob avait conscience de la richesse de son existence, de la plénitude du palais dans lequel il avait grandit, du confort de sa vie, et du poids de son nom illustre. La plus vieille dynastie du monde était la sienne. A quoi sert un nom comme le sien, et une fortune comme la sienne, si ce n'est pas pour faire de grande chose? Faire de grande chose...

Il avait envoyé Alexane au loin avec l'encombrant Léon. Daniel avait terminé une partie de son plan. Il restait à convaincre Denis Aizon de se remarier. Seul depuis la mort de sa femme, la ravissante Sibylle, il n'avait jamais envisagé le mariage depuis. Il avait la politique comme amie, femme, et il aimait ses enfants, cela lui suffisait. Daniel passa donc à la vitesse supérieure. Soline n'était guère d'accord avec son amant. Ils déambulaient, côte à côte, dans les Beaux Jardins. Ces jardins se trouvaient dans le centre de Lebel, à quelques pas de l'Avenue du Lys. Il faisait si beau en ces jours. Soline resplendissait de beauté, le soleil faisait ressortir son teint de porcelaine, et ses lèvres rouges. Sa tête, couverte par une chapeau fin et blanc, souriait aux passants. Daniel lui clissa à l'oreille:

-Denis me parle souvent de toi.

-En quoi cela est surprenant. Je suis inoubliable. Répliqua Soline.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant