Chapitre XIX

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- À terre!!!

Jacob n'eut le temps de comprendre ce qui se passait qu'un marin Manaé le poussa sur le sol et le protégea de son corps. Un canon augustin venait de faire feu sur le navire. Jacob jura. Le marin l'aida à se relever. Le ponton était remplie de ferraille abimée, de pourpre noir, et quelques traces de sang agrémentaient le tout:

-Vous allez bien Votre Altesse? Demanda le marin.

-Oui, oui. Allez voir les blessés.

Jacob grimpa les marches qui le séparaient du poste de commandement deux par deux. Un bruit sourd résonna. Un énième canon fendit l'air. Jacob protégea sa terre avec ses mains et se courba dans un coin. Au poste de commandement les marins tentaient de garder le cape pendant que d'autres répliquaient aux Augustins:

-Prince! Fit un des Amiraux. Les Augustins viennent d'envoyer un sixième navire depuis Diavie.

-Un sixième! Répéta Jacob.

Il avança vers la vitre et aperçu au loin une petite tâche noire qui grandissait. Un sixième navire alors que les Manaés n'avaient que trois bateaux a disposition:

-Prévenez le reste de la flotte restée à Massoa. Dit Jacob. Si les renforts ne viennent pas, nous sommes perdus.

Le message pour Massoa partit immédiatement. Jacob n'avait plus qu'une seule solution, répliquer un maximum en attendant l'autre partie de la flotte. Bruit sourd. Un éclair. De la ferraille qui tombe. Jacob trembla. Il était top jeune pour mourir, comme la plus part des marins. Il regagna le pont inférieur et alla prêter main forte à ceux qui armaient les canons. Les coups étaient envoyés en rafales. À quelques mètres d'eux, le bateau des Augustins. Un marin voyant le Prince lui demanda de les bénir, de les aider grâce à ce qu'il était:

-Nous avons guère le temps de faire des prières. Dit Jacob. Armez moi donc ce canon!

-Feu! Hurla un des marins.

Bruits sourds à répétitions. Jacob se cacha les oreilles et se courba. Un boulet de canon pénétra la carlingue et éjecta des marins à l'extérieur, ils tombèrent dans l'eau froide. Jacob fut sonné, un bruit perçant lui troubla l'esprit et sa vue était floue. Il tituba et tomba sur le sol. Un carnage. C'était un véritable carnage autour de lui. Il n'entendait rien, mais imaginait sans peine les cris de douleur des soldats, de ses compatriotes. Il vomit à la vue d'un corps sans vie. Un jeune marin. Il était mort, bouche ouverte, son sang comme lit, une carcasse en fer comme linceul. Quelle horreur! Jacob était à bout, il ne pleurait pas, il n'avait pas la force. Il grimpa les marches. Le pont était enfumé, il ne voyait rien à plus de dix mètres sur un cargo de plus de 300 mètres. Des marins couraient dans tous les sens avec des fusils:

-Les Augustins sont sur le navire!! Hurla un Manaé.

Jacob se saisit de son pistolet qui se trouvait à sa ceinture. Il tira sur le premier Augustin qu'il vit. Ils étaient passés à l'abordage et, armés de fusils, ils les brandissant donnant des coup de crosse aux Manaés qu'ils croisaient. Ces derniers répliquaient par les armes à feu dont ils disposaient. Les navires se frôlèrent. Jacob put presque voir le capitaine Augustin sur le pont d'en face. Un marin attrapa le bras de Jacob:

-Mon Prince nous devons partir! Abandonner le navire!

-Jamais! Je n'abandonne pas un navire Manaé!

-La moitié des soldats sont déjà partis! Partons Votre Altesse!

-Comment...

Jacob était perdu. Les soldats avaient désertés le bateau. Pourquoi? Bruit sourd. Une explosion projeta les deux hommes en dehors du navire. Jacob tomba dans l'eau salée. Il saignait. Du rouge envahit la mer devant lui. Il mit sa main sur son bras. Il avait si mal. Retrouvant la surface, il prit une profonde inspiration. Ses yeux ne savaient pas où se poser. C'était un véritable carnage. Le navire était une carcasse en flamme qui brûlait sous les coups de feu des Augustins. Des cadavres s'enfonçaient dans l'eau profonde, d'autres flottaient sur des bouts de bois. Jacob voyait ses camarades, son armée, devenir poussière. Ses larmes se mêlèrent à l'eau salée de la mer de Juin. Il jura, s'agitant dans l'eau. Brusquement une ombre immense le recouvrit. Il se retourna. Un bateau Augustin arrivait et surplombait le Prince. Trois hommes braquèrent sur lui des fusils depuis le pont:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant