Chapitre XXVIII

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La douleur grandissait au fur et à mesure qu'il reprenait connaissance. Jacob retint un hurlement dans sa gorge nouée par l'anxiété et la peur. Le tigre lui apparaissait dès qu'il fermait les yeux. Les yeux ouverts, il vit de la ferraille, juste de la tôle. Il avait été Amiral et savait où il se trouvait: dans un navire. Mais où allait-il? Il tenta de se redresser mais sentit une main sur ses bras:

-Votre Altesse. Dit un homme qu'il ne connaissait pas. Restez allongé.

-Où allons-nous? Demanda-t-il d'un voix faible.

Sur son torse d'immense bandage épousant la forme des griffures profondes du tigre. Il aurait cinq cicatrices de longueur différente qui traversaient son torse de gauche à droite. Une horreur:

-Nous allons à Massoa. Le Tariq a ordonné qu'on vous donne aux Montois qui viennent de prendre la ville grâce aux Augustins.

L'homme avait un accent étrange. Sûrement un Augustin. Jacob était sur un navire Augustin et on allait le remettre en cadeau aux Montois qui envahissent tout doucement l'Allénie. L'Augustin explique que l'armée de son pays marchait avec vers Macan pour rejoindre le coeur de l'armée Montoise, et Jacob était le cadeau de Damir à Daniel. Ainsi dans quelques jours Jacob serait à Macan, de nouveau enfermé. Il resta couché. Il avait si mal, mal partout. L'Augustin proposa de l'eau au Prince:

-Pourquoi êtes-vous si gentil avec moi?

-C'est la Princesse qui m'a dit de vous protéger quoi qu'il arrive et de vous garder en vie. Je lui obéis.

-Vous obéisse à elle plus qu'au Tariq? S'étonna Jacob.

-Oui, elle est l'être humain le plus gentil de notre pays, le Tariq n'a que soif de vengeance depuis la mort du bon Prince Salim. De plus, je suis un Nouveau-Duc, et pas un Augustin. Je suis fidèle à ma Reine.

Jacob comprit. Aysha était la fille de Saphira, la Reine du Nouveau-Duché, et sa seule héritière déclarée, les Nouveaux-Ducs considéraient donc Aysha comme leur Reine et reniaient Damir. Le Nouveau-Duc expliqua que tout le Nouveau-Duché n'attendait qu'une chose: qu'elle accède au pouvoir. Damir ayant envoyé presque toute l'armée du Nouveau-Duché qu'il possède vers l'Allénie, les Nouveaux-Ducs étaient de plus en plus impatients. Ils désiraient que finisse cette guerre stupide qui ne les concernaient en rien:

-Pourquoi suis-je en vie? Demanda Jacob.

-Le Tariq a longuement hésité, mais sa fille l'a convaincue de vous laisser en vie. Ils ont trouvé un accord: vous serez livrer à Daniel Moscov, et vous restez ainsi en vie. Elle a marchandé, elle a bataillé pour vous garder en vie.

Jacob eut un sourire, puis se crispa de douleur:

-Elle m'a dit de vous suivre, de ne jamais vous quitter. Je suis à son service depuis dix ans.

Le Nouveau-Duc avait plus de quarante ans, des cheveux gris, un nez imposant, et un sourire absent à cause de ses lèvres trop fines. Dans son uniforme militaire, les bras croisés, il observait la cabine dans laquelle il était en compagnie du Prince. Tout était fait de ferraille:

-Vous la protégiez? Demanda Jacob.

-Oui.

-Alors maintenant qui va la protéger?

-Personne Monsieur. Personne.

Silence. Jacobs se sentit coupable, honteux et se mit à pleurer. Il pleura car il l'aimait et qu'elle se sacrifiait pour lui. La honte s'abat sur lui. Il aurait dû mourir dans l'arène. Il aurait dû mourir. Le Nouveau-Duc ouvrit sa veste et en sortit une lettre:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant