Chapitre XII

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Une tasse de thé chaude à la main, elle regardait par la baie vitrée de son bureau au deuxième étage, son fils ainé déambulé au milieu des roses si célèbres du pays. Des roses d'un rouge éclatant presque céleste, une couleur inhumaine et improbable. Pia observait l'attitude de Jacob depuis quelques temps. Elle décelait un changement dans son comportement. Il était hagard, perdu, mangeait peu, et montait rarement à cheval, chose qu'il adorait faire depuis sa plus tendre enfance. Il a changé, pensa-t-elle. Il est maussade et triste. Elle se tourna vers Harald qui jouait avec Ida sur un sofa. Il la balançait en la tenant fermement. Elle riait à gorge déployée comme un enfant c'est si bien le faire. Harald avança vers son épouse, la petite dans ses bras, et fit « l'avion ». Puis il dit:

-Tu me sembles préoccupée ma chérie?

Pia haussa ses fines épaules blanches, et prit une gorgée de thé:

-Tu ne trouves pas que Jacob a l'air...Perdu?

Harald s'approcha de la fenêtre, et fit la moue. Il posa sa fille sur le sol, et lui demanda de filer voir sa nourrice. Elle courut, appréciant énormément cette jeune femme qui travaillait pour eux depuis trois ans. Harald souffla, et effleura les bras de sa femme avec délicatesse:

-Il est amoureux.

-Nom de Rey! De qui? Une belle Manaée?

-Non.

Harald prit un ton grave et pesant:

-D'Aysha d'Auguste.

Pia n'y croyait pas. Elle posa sa tasse et cria:

-Quel idiot! Il n'y avait pas pire choix! Les Augustins sont fourbes et cruels! Et ce sont des païens! Quel idiot!

-On ne choisi pas de qui on tombe amoureux. Plaida gentiment son époux. Regarde-nous.

-Certes, nous avons eu de la chance. Tu es de bonne famille.

Il se mit à rire brusquement. Pia l'accompagna. Ils s'embrassèrent doucement, elle le prit dans ses bras:

-Heureusement que personne n'est allé vérifier. Dit-il.

-Qu'importe nous aurions fuis. Vivant loin de tout.

-Tu es faite pour diriger. Il aurait été dommage de fuir.

-Bref, n'en parlons plus. Notre plan a fonctionné parfaitement. Je ne remercierai jamais assez ma grand-mère pour nous avoir aidé. Paix à son âme.

Harald approuva d'un geste de la tête, puis simultanément ils se tournèrent vers la vitre. Jacob déambulait, mains dans le dos, les yeux vers le sol, au milieu des arbustes:

-Comment est-elle? La Princesse Aysha? Demanda Pia.

-Magnifique. Fit Harald plein d'admiration.

Elle lui frappa le bras. Il cria de douleur, et la toisa du regard:

-Je ne fais qu'énoncer la vérité. Répondit-il. Ne sois pas jalouse, amour de ma vie.

-N'essaye pas de m'amadouer avec tes mots doux. Nous devons faire quelque chose. Jacob doit l'oublier. Trouvons-lui une épouse. Organisons une soirée avec des prétendantes. Cela doit se faire dans la semaine.

Pia avait la capacité de réfléchir très vite, et de ne pas attendre les approbations de son époux pour prendre des décisions. A propos de décisions, elle devait accorder un entretien à Ronor Turnin aujourd'hui afin de prendre une décision concernant la possible attaque de Daniel Moscov contre l'Allénie. Elle finit son thé, embrassa son mari, et gagna la grand salon au troisième étage. Ronor l'attendait déjà. Il était fatigué. Des cauchemars lui prenaient l'esprit depuis quelques temps. Ses nuits étaient hantées par l'image de Pauline avec Daniel. Il l'avait abandonné, et il commençait à s'en vouloir. Ses yeux étaient entourés d'immenses cernes rouges, ou violettes. Il marquait facilement. Il s'inclina devant l'Hospodar. Pia trouvait qu'il ressemblait énormément à son père à cet instant. Cyril Moscov fut l'homme le plus triste qu'elle ait jamais connu:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant