Chapitre XXXIII

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Pendant toute cette longue marche jusqu'a l'ancienne capitale Allénienne, Daniel ne cessait de penser qu'a une chose: le moment où il se retrouvait devant le tombeau de son père, avec ce corps intacte, et le moment où il déposait une gerbe de fleur devant la stèle de sa mère. Il ne pensait qu'a ça, le reste lui était totalement secondaire. Même l'annonce de l'annulation de son mariage ne le préoccupait plus. La voiture se stoppa. Daniel descendit précipitamment. Rafael à sa suite. Ce dernier n'était plus réellement considéré comme un prisonnier aux yeux de Daniel, mais comme un frère. Rafael ne comprenait pas cette soudaine affection née. Lui s'en voulait de plus en plus chaque jour de ne pas avoir le courage de venger Soline comme il l'avait promis à Monsieur Candice. Mais à quoi cela servirait-il? Tuer Daniel, pour mourir juste après, tué par les soldats. Alors il suivait le convoi sans un mot, se consolant en s'affirmant qu'il marchait sur la terre de son père. Au fond il espérait rencontrer Aysha au détour d'une bataille, ou d'une réunion entre Daniel et elle. Mais cela semblait bien compromis maintenant qu'elle était contre eux:

-Rebourg est à seulement 7 kilomètres. Dit Donovan à Daniel.

-Pourquoi nous nous arrêtons?

-L'armée Allénienne a fuit Monsieur le Président. Elle est dans le Nord, non loin des ruines de Lavily.

Daniel n'en revenait pas. Ça y est! La ville est à lui:

-Ils sont tous partis?

-La plus part, la population est enfermée chez elle, beaucoup ont fuit.

-Alors, allons-y! Jubila Daniel. Ce soir nous dormons au Palais Semaine.

Le convoi reparti. La capitale légendaire des Moscov était là, devant eux. Ils pénétrèrent dans les rues pavées, les grands boulevards aux noms des ancêtres du président
. Daniel arrêta sa voiture et décida de partir à pied afin de profiter pleinement de l'ambiance de « sa » ville. Il fit une visite guidée à Rafael, Donovan et quelques soldats qui l'accompagnaient. Il trouva sans aucun mal la plaque commémorative de l'attentat contre son grand-père. Il adressa une petite prière et continua son chemin, les mains dans le dos, sautillant parfois. Il était heureux, car il était chez lui. Il pénétra dans le tombeau impériale non loin du palais Semaine. Un silence oppressant accompagna les visiteurs. Un prêtre Déisien les salua. Les vitraux laissaient un peu de lumière passer, le reste était sombre, intimidant, inquiétant. Daniel avança doucement, comme-si chacun de ses pas allaient briser quelque chose, ou ce moment. Il avait tellement rêvé cet instant que si cela ne se passait pas comme il l'avait prévu, il s'en voudrait toute sa vie. Son père était juste là, sous un socle de verre, imperturbable. Daniel eut envie de vomir. C'était comme le regarder dormir. Il était trop jeune pour être son père. S'approchant, il mit ses deux mains à plat contre le verre, et soupira. Salim D'Auguste était mort trop jeune. Beau, le teint morbide, un bandeau sur l'oeil gauche qu'il avait perdu durant l'attentat, dans un costume blanc immaculé, Salim dormait. Rafael arriva à son tour:

-C'est lui? Murmura-t-il à Daniel.

Daniel hocha la tête:

-C'est vrai que tu lui ressembles.

-Toi aussi. Dit Daniel sans détacher son regard du corps.

Tout autour d'eux était dorures, brillances, moulures, et sacré. Mais ils ne voyaient qu'une chose: ce corps embaumé depuis 20 ans:

-Ça fait des années que j'attendais ce moment. Dit-il.

-Tu es heureux à présent? Demanda son demi-frère.

-Au contraire, je n'ai jamais été aussi triste.

Daniel se laissa tombé sur le sol, et pleura. Personne ne l'avait jamais vu comme ça. Il pleura comme-si n'avait jamais pleuré de sa vie et que toutes cette eau salée qu'il avait accumulé devait à présent sortir. Un flot de larmes. Il se mettait subitement a regretter ce qu'il avait fait. Tuer Soline. Forcer Pauline à se marier. Tuer Léon. Tout ça pour un corps embaumé. Tout ça pour ça. Mais que s'imaginait-il? Que l'Allénie allait lui ouvrir les bras, lui le fils de la Despote. Il leva les yeux et brusquement il vit la stèle de sa mère: Ici gît Elizabeth Moscov Layton, Impératrice Elizabeth Quatrième du Nom. Mère, Épouse, Femme. Daniel se redressa et relu plusieurs fois ces derniers mots: mère, épouse, femme. Pas de despote. C'était une personne. Une personne qui mérité qu'on se batte pour son nom. Daniel s'essuya le visage et déclara haut et fort:

-Allons au Palais Semaine! Je dois remettre l'Allénie sur pied!

Rafael ne comprenait plus rien. Il jeta un dernier coup d'oeil au corps de son père, et souffla. Il pria Rey sans y croire, et demanda humblement que la Prince Salim repose en paix, loin des tractations que formatait son deuxième fils. Dehors, le désert environnent était à frémir d'angoisse. Même la Montagne, souvent écartée de toute civilisation semblait plus vivante que chaque rue de la ville pensa Rafael. Tout le monde était sur leur garde. La main sur son arme, Donovan suivait Daniel comme son ombre. Ils pénétrèrent dans le palais Semaine. Daniel exigeât qu'on remette en place tous les symboles de l'Empire et en particulier le portrait de sa famille qui avait, fut un temps, l'habitude de trônait sur la place du palais. Le portrait était si vieux. Cyril devait avoir dix ans, sa soeur à peine treize. Le palais ne semblait pas avoir beaucoup changé en 20 ans, seuls quelques aménagements avaient été fait dans le but qu'ils deviennent un palais présidentiel servant à des réceptions, ou des galas en l'honneur de dirigeants étrangers. Une partie était devenue un musée à la gloire des Deux Révolutions Alléniennes. Daniel décida de visiter ce musée. Il fut agréablement surpris par la teneur des propos des feuillets touristiques. Son grand-père était un héros, tous étaient d'accord là dessus. Cyril un martyr, souvent accompagné de Lana dans les écris. Elizabeth une pauvre despote aveuglée par sa supériorité qui s'est donnée la mort sans réfléchir. Ils avancèrent marchant doucement sur le paquet somptueux du musée. Les reliques du passé glorieux des Moscov s'enchainaient devant lui. Quelques portraits, des diamants, des tiares, des diadème, des épées...Bref un historique parfait de la dynastie d'Ivan Ier à Elizabeth IV. Plus de 1000 ans d'histoire. Daniel s'extasia devant ce qui lui appartenait de droit, plus qu'il est l'héritier des Moscov. Dans ses pensées, il omettait presque Alexane et cet enfant qu'elle avait eu. Il l'oublia vite, et passa dans une autre pièce. Cette salle était appelée « La salle de la Deuxième Révolution ». Des photographies de Lana Ronor, de Charles, et des Ronoriens en général encombraient des meubles vitrés. Plus loin, un portrait à pied de Cyril Moscov en uniforme Allénien. Un beau portrait. Sûrement le portrait officiel du Prince fait la dernière année de sa vie. Enfin Daniel se tourna. Voilà, le portrait qu'il cherchait. Le couronnement de sa mère. Elle était assise sur son trône, l'épaisse épée de Lux, la première souveraine de la Principauté d'Alexis, dans une main, le spectre de le justice dans l'eau, et l'imposante couronne en diamants rouges des Empereurs Alléniens. Elle était droite, les yeux distants, fermes, elle dominait par sa prestance. Un jour, Daniel aurait son portrait. Ainsi lui aussi porterait l'épée de Lux et le spectre, mais surtout son honorable tête aurait une couronne. Il s'approcha et souffla d'un ton admiratif et soumis:

- Mère, je n'abandonnerais jamais notre Empire.

Pourtant Daniel était plus seul que jamais. Aysha était prête à attaquer Macan, Pia de Harval avait envoyé la totalité de sa flotte vers Rebourg, Pauline l'avait abandonné. Mais devant le portrait impérieux de sa mère, il se sentit revivre. Non, Daniel n'abandonnerait jamais, quoi qu'il en coût.








Fin de la Deuxième Partie.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant