Chapitre XXIV

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La pluie tombait en abondance sur le front. Daniel sentit ses bottes s'enfoncer dans la boue. Il ne les voyait même plus au milieu de ce bordel. Les soldats, avec leurs fusils, couraient s'abriter dans leurs tentes de fortune. Rafael servit du thé lorsque Daniel pénétra dans le grand salon de la demeure qu'ils occupaient. Rafael tendit une tasse à son frère qui se laissa tomber sur un fauteuil:

-Quelles sont les nouvelles? Demanda Rafael.

-Bonnes et mauvaises. Notre armée avance, les Alléniens ont rebroussé chemin, sûrement pour protéger Macan. Nous serons à Macan dans moins de trois jours. Mais...

Daniel allait s'énerver, il prit une gorgée de thé, et, crispé, déclara:

-Ce maudît Jacob est prisonnier de Damir, et le Tariq refuse de me le livrer afin que nous marchandons avec l'Hospodar!

-Ce qui signifie?

-Que Pia va se mettre en colère! Elle va sûrement envoyer toute sa flotte vers Rebourg, et si elle débarque, elle peut nous battre!

Il posa la tasse sur la table avec violence. Il soupira, retenant un hurlement dans sa gorge nouée:

-C'est le pire qui pouvait nous arriver! L'intervention des Îles! Je me demande encore pourquoi elles sont intervenues! Elles n'avaient aucun intérêt dans cette guerre!

Rafael pensa à ce qu'Hermann lui avait dit. Ronor était en Allénie. Ronor avait dû jouer un jeu dans cette affaire. Daniel se leva, et marcha dans la pièce comme pour réfléchir. Il rependit de la boue:

-Si les Îles débarquent...Nous devons arriver à Rebourg avant elle, et les empêcher de débarquer. 

-Quand pouvons-nous êtes à Rebourg? S'enquit Rafael.

-Cela dépend de Macan, si Macan tombe vite alors nous pouvons vite partir vers Rebourg. Et là-bas, nous irons nous recueillir mon frère, nous recueillir devant ma mère et notre père. Enfin!

Il n'attendait que cela depuis le jour où il avait compris que ses parents étaient enterrés là-bas. Il leurs devait la vie, son sang bleu, sa descendance illustre. Il leurs devait tout, il devait, voulait se recueillir devant la tombe de ses parents. Rafael approuva d'un signe de tête en approchant sa tasse chaude vers ses lèvres bleuies. Daniel posa sa tête contre la vitre froide. Il pensa à Rafael. S'il le gardait près de lui c'est car il est un allié fort, héritier du Nouveau-Duché. Lorsque Daniel aura l'Allénie toute entière, il envahirait le Nouveau-Duché, se vengeant ainsi de Damir qui refuse de lui envoyer Jacob, et placera l'héritier légitime sur le trône, le fils de l'Amour, le fils de Saphira. Rafael est un atout, un précieux atout. Un atout menotté, mais un atout tout de même. Un Général arriva et déclara à Daniel:

-Nous levons le camp Monsieur le Président. Votre véhicule est prêt.

-Bien, allons-y cher frère.

Il montra la porte à Rafael. Une voiture, les roues dans la boue, attendait juste devant le perron de la bâtisse. Daniel savait que la prochaine étape était les frontières de Macan. Rafael se joignit à lui dans le véhicule. Les soldats partaient à pied, ou à cheval, et les généraux suivaient en voiture. L'armée se déplaçait. Et un tel déplacement était impressionnant, imposant, déroutant. 45 000 hommes se mirent en mouvement en même temps, en cadence, marchant dans la boue et se demandant s'ils allaient vivre ou mourir au pied de Macan. Daniel et son véhicule doublèrent le cortège. Rafale associa cette marche des soldats à une marche funèbre comme aux enterrements. N'allaient-ils pas vers le mort? Il s'enfonça dans le siège de la banquette arrière. Daniel observait l'extérieur, et soupira:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant