Chapitre XII

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Balsam était en fête. Le couronnement de la nouvelle Tariqua avait lieu en ce jour béni des Dieux. Dans son palais, Aysha se préparait à devenir ce qu'elle avait rêvé d'être toute sa vie. Ses habilleuses lui mirent sa tenue, ses parures dorés dans sa chevelure noire, ses diamants sur ses mains, elles-mêmes recouverte d'écriture sacrées censées la protéger du mauvais sort, afin que son règne soit glorieux. Rafael arriva dans sa tenue de gouverneur du Sud, un bel uniforme aux couleurs clairs, et au coutures dorées. Un bel homme, brun, le visage bronzé, toutes les femmes le regardaient, mais lui n'avait d'yeux que pour Aysha qui resplendissait. Rafael lui baisa les joues et la félicita. Mais elle ne paraissait pas être heureuse:

-Que t'arrive-t-il? Demanda son demi-frère.

-Et si j'avais fait une erreur.

-Comment ça?

-Je l'ai laissé. Murmura Aysha plus pour elle même. Je suis si égoïste de le vouloir alors que je ne peux pas.

-Mais de quoi parles-tu?

Elle ne dit plus un mot, mais il vit une larme couler sur sa joue, un peu du noir qui entourait son oeil coula avec elle. Cette larme unique et ultime. Il est temps d'aller au Temple de Tyria pour qu'il voit enfin le nouvelle Tariqua. Un carrosse tiré par six chevaux noirs se présenta devant elle. Saluant la population, venue en nombre, sur le chemin qui menait au Temple, Aysha souriait de toutes ses dents. Elle était aimée, et le savait. Mais l'amour part aussi vite qu'il vient. Rafael était à ses côtés, juste face à elle, l'observant agité sa main vers une masse, une foule de personne qui hurlait son nom:

-Tu es prête? Demanda-t-il.

-Non. Je ne le serais jamais. Je suis heureuse que tu sois là Rafael.

-Tu aurais préféré Jacob.

Elle eut un mince sourire:

-Je ne sais plus ce que je veux. Mon esprit et mon coeur se contredisent sans cesse.

Ils arrivèrent devant le temple où attendaient tous les officiels du pays, les invités de marques, et le Grand Prêtre, serviteur de Tyria. Elle pénétra dans le lieu de culte, les mains battantes, le torse en avant, la tête haute, devant toutes les personnes qui l'admiraient. Tous s'inclinèrent en silence, accompagnant la marche de la Tariqua jusqu'a l'autel consacré à Tyria. Le Grand Prêtre la salua d'un regard et leva les mains au ciel:

-Tyria, de part notre présence dans ta demeure vénérable, nous te demandons du temps, du temps a nous consacré afin de couronner Aysha, simple mortelle, de ta protection divine pour qu'elle puisse accomplir son destin. Un destin consacré à l'Auguste, à son pays, à son peuple, et aux Dieux.

Le Grand Prête prit une coupe d'eau. Une eau sacré, béni plus tôt, et il déposa dix gouttes sur le crâne de la jeune femme:

-Te voici pure Aysha. Purifié par Tyria de tes péchés, présents, passés, futurs. Prions à présent pour que Tyria nous entende.

Un silence pesant prit place. Aysha à genoux sur un coussin de soie, les mains vers le ciel, pria. Brusquement alors que plus personne ne parlait, des pas se firent entendre contre le sol froid et propre du Temple. Des pas lents, et maitrisés, hésitant mais avançant. Aysha ouvrit les yeux, et se tourna vers l'entrée du Temple:

-Jacob. Souffla-t-elle.

Il sentit tous les regards sur lui. Aucun soldats ne l'avaient arrêté, l'ayant facilement reconnu. Ils avaient dû penser qu'il était tout simplement en retard. Aysha se redressa. Jacob continua à avancer vers elle. Il transpirait de peur, et personne ne lui disait quoi faire. Il se stoppa au milieu de l'allée. Les langues commencèrent à se délier. Tout à coup, Aysha se mit à courir vers lui, en soulevant le pan de sa robe. Il ouvrit les bras. Elle l'enlaça si fort qu'elle sentit toute la chaleur de Jacob contre sa peau malgré l'épaisseur de leurs tenues:

-Tu es là. Murmura-t-elle en pleurant.

-Je t'ai dit que je ne renoncerai jamais à toi. Jamais.

Elle l'embrassa, lui tenant les deux jours. Rafael se mit à applaudir des deux mains, et a siffler. Tous le suivirent dans son mouvement. Des acclamations de joies retendirent dans toute l'enceinte du temple. Même le Prêtre tapa dans ses mains, alors que Aysha ne décollait pas ses lèvres de celles de Jacob. Ils avaient beau être entouré de centaine de personnes, à cet instant, il n'y avait qu'eux. Il fallait finir le couronnement.

    Les festivités du couronnement d'Aysha furent mieux qu'elle ne le projetait. Et Jacob y était pour beaucoup. On lui donna une tenue du Sud pour qu'il est moins chaud, et à présent il ressemblait à un Prince Augustin dans toute sa splendeur. Il était heureux d'être ici. La soirée se déroula au palais, et dans la rue, des vivres avaient été distribué à la population pour qu'elle festoie elle aussi. Aysha dû recevoir chaque membre de l'Assemblée de l'Auguste et en profita pour leur promettre une reforme dans laquelle ils auraient plus de pouvoir. Puis elle reçut les membres du gouvernement, puis les généraux...Jacob n'eut pas le temps de lui parler. Il était là certes, mais il ne lui avait pas dit pour combien de temps, ni pourquoi. Il attendit la fin de ces présentations incessantes pour qu'enfin Aysha descend de son trône et profite de la soirée. Accoudé au balcon, Jacob discutait avec Rafael quand elle arriva vers eux. Elle mit sa main sur le bras de Jacob et Rafael sentit qu'il était temps de les laisser:

-Tu veux voir le jardin? Demanda-t-elle à Jacob.

-Si ça ne te dérange pas, j'ai une meilleure idée. Sourit-il.

-Laquelle?

-Suis-moi.

Il lui prit la main et ils partirent discrètement par un couloir. Il savait exactement où il voulait l'emmener. Il lui mit la main sur les yeux, elle se laissa faire. Puis après une marche, il enleva la main:

-Un boxe pour chevaux. S'étonna-t-elle.

-Pas n'importe quel boxe, dit-il fièrement, celui où on s'est embrassé pour la première fois.

-Tu es un grand romantique. Rit-elle.

-Et encore, tu n'as pas tout vu. C'est dans ce boxe qu'on s'est embrassé, et c'est dans ce boxe, que je vais te dire que j'ai renoncé à mon trône, avec l'accord de ma mère, et que je commence demain mon enseignement pour apprendre la religion Augustine. Dans le but de t'épouser.

Elle ne sut que dire. Aysha fixait Jacob, et ne sut que dire. Elle sentit son coeur explosé, son corps trembler, ses mains ne bougeait plus. Alors Jacob lui prit les mains, et les embrassa doucement:

-Qui ne dit mot, consent.

Elle ria avant de l'embrasser:

-Je pensais ne plus jamais te revoir. Murmura-t-elle.

-On ne se débarrasse pas de Jacob de Harval si facilement. Retournons célébrer ta nouvelle vie.

-Non. J'ai une meilleure idée.

-Laquelle?

-Suis moi. Fit-elle malicieuse.

Elle lui prit la main. Ils se rendirent dans un endroit que Jacob n'avait jamais vu. Un souterrain richement décorée de mosaïque bleu, verte, jaune. C'était magnifique. Ils descendirent un escalier étroit et Jacob eut le souffle coupé. C'était un magnifique plan d'eau, à l'eau claire et pure. Une fontaine imposante trônait contre le mur du fond:

-Bienvenu dans les bains du Tariq. Dit Aysha. La tradition veut que les Tariq et leurs épouses fassent l'amour dans cette eau bénite et sacrée pour favoriser la fertilité. Je suis à peu près sûr que les trois quarts de mes ancêtres ont été conçu ici.

Jacob comprit ce que voulait Aysha. Elle avait toujours le pouvoir à ce niveau là. Il rougit. Elle se déshabilla doucement et plongea dans l'eau, complètement nue. Jacob sentit son corps devenir chaud et son esprit ne répondait plus qu'au désir que ce corps qu'il venait de voir, et qu'il aimait, faisait naître en lui. Il enleva ses habits avec une telle rapidité qu'il crut tomber. Aysha ria. Il sauta dans l'eau entièrement éclaboussant le rebord. Il embrassa brusquement Aysha. Elle passa ses bras autour de son cou. Puis elle regarda les cicatrices:

-Désolée pour ça.

Il haussa les épaules:

-Ça valait le coup.

Elle rit, lui aussi. Ils s'embrassèrent, s'embrasèrent. Ils avaient la nuit pour eux. Puis toute la vie.

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant