Chapitre IV

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Alors que Alexane priait pour que les troupes de sa tante ne bombardent pas son habitation Pauline et Ronor se demandaient par quel moyen ils allaient quitter la ville. Ils se disputaient à cause de cela. Ronor affirmait qu'il était impossible de fuir, Elia l'avait fait comprendre, mais Pauline voulait essayer. Elle refusait de mourir sans avoir essayé. C'était les pleurs de la petite Léonie qui les interrompaient. Exaspéré, Ronor décida de faire un tour. Alexane n'étant pas sortie depuis plusieurs jours l'accompagna, et prit Léonie, refusant de laisser sa fille dans cette minuscule pièce avec une Pauline énervée. Ils allèrent vers le parc encore intact, et prirent un bon bol d'air malgré l'ambiance froide et morne de la ville en partie détruite. Dehors, il faisait toujours aussi froid. Ronor était glacé, mais donna son bonnet à Léonie, la petite était devenue sa priorité. Alexane remercia intérieurement Ronor pour ce allure paternalisme qu'il prenait avec sa fille. Elle regrettait tellement la présence de Léon, il aurait été parfait en père de famille. Sa gentillesse légendaire, et sa crédulité, auraient fait de lui le père le plus humble et aimant du monde. Un avion survolait le parc. Ronor pestiféra dans sa barbe en levant les yeux au ciel. Un bruit sourd, comme une explosion arriva à leurs oreilles, mais l'habitude les tiraillait et ils ne firent même plus attention. Le calme devenait inexistant. Le parc était à l'abandon, et plus rien ne poussait droit, et les statues au allure de fantômes blancs trahissaient un passé impérial révolu.

De son côté Pauline ouvrit la fenêtre et gratta une cigarette, agacée. Il fallait fuir, mais Ronor était trop têtu pour abandonner la ville à Daniel voila tout. Mais elle, Pauline, il l'avait bien abandonné à Daniel, et il ne s'était jamais excusé. Quel goujat! pensa-t-elle en expirant de la fumée par l'ouverture qui donnait sur une petite rue. Elle fut surprise d'apercevoir deux hommes en contre bas. Elle pencha la tête et eut un sursaut de peur. Non! Pas lui! Brusquement il leva les yeux et Dimitri Correst eut le sourire le plus cruel et ravie que Pauline n'avait jamais vu. Elle lui jeta sa cigarette, il l'évita avant de pénétrer dans l'immeuble. Nom de Rey! Il venait pour elle. Que faire!? Elle paniqua alors que Dimitri et son homme de main rentrèrent dans l'appartement:

-Bonjour Madame Moscov. Dit-il.

Elle allait répliquer quand elle se rendit compte que Ronor était le fils de Cyril Moscov, et que donc ce nom de famille était encore le sien. Dimitri lui attrapa le bras et la poussa dans le couloir:

-Donnez-moi au moins mon manteau!

-Pas besoin! Le palais Semaine n'est pas loin! Fit-il entre ses dents. Votre époux vous attend!

-J'ai changé d'époux!

-Vous êtes bien volatile! Ria Dimitri en la menant vers les escaliers.

Ils montrèrent dans un véhicule qui attendait en bas de la rue. Pauline se consolait en s'affirmant intérieurement que cela aurait pu être pire. Si Ronor, Alexane et Léonie avaient été là...Elle préférait ne pas y penser. Dimitri a ses côtés lui dit d'un ton fort, sanglant et menaçant:

-Ça fait des mois que je vous cherche!

-Vous êtes un enquêteur d'un piètre niveau alors. Répliqua-t-elle sur le même ton.

-Vespay sait couvrir ses arrières. Toutes ses propriétés ne sont pas à son nom! Mais je vous tiens! Daniel sera très content de vous voir.

-Je n'en doute pas une seconde. Dit-elle ironique.

Ils passèrent les grilles teintées d'or du palais en morceaux. Pauline fut horrifiée de l'état de la bâtisse pourtant si belle et resplendissante sous le soleil du nord. Elle fut invitée à descendre par un domestique qui lui ouvrit la portière devant une des entrées de l'aile Est du palais. Elle avança sur le tapis vert bouteille qui la menait dans un hall de la même couleur, et aux œuvres d'art multiples. Tout à coup un homme cria depuis le haut de l'escalier:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant