Chapitre III

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La date du procès de la meurtrière Soline Candice avait été annoncé juste après son arrestation. Tout le Monterre était en émoi, perplexe, parfois choqué de la nouvelle. L'une des plus grande actrice de sa génération en cellule pour ce genre de motif si grave. Personne ne l'avait imaginé même dans leur pire cauchemar. Les journaux ne parlaient que de cela. Soline Candice n'avait jamais été aussi connue. Pauline posa le journal devant elle, près de sa tasse de thé chaude. Le ciel était gris. L'hiver n'était pas loin. Daniel était là. Il mettait un point d'honneur à petit-déjeuner avec sa femme chaque matin. Ils ne dormaient pas ensemble, alors il espérait que ces rares moments de proximité physiques allaient les rapprocher. Ils mangeaient dans un coin du second salon, celui qui avait une vue magnifique sur le jardin arrière, celui boisé et aux grands chênes. André apporta du café à Daniel:

-C'est de ta faute n'est-ce-pas?

Pauline posait cette question. Daniel la regarda en essuyant sa bouche avec un mouchoir blanc immaculé:

-De quoi parles-tu?

-De Mademoiselle Candice.

-Je n'y suis pour rien. La police a reçu un appel anonyme. Explique-t-il. Et le médecin légiste a confirmé la présence de substances illicites.

-Tu l'aimes et tu la laisses mourir. S'énerva Pauline.

-La justice fera son travail. Et je ne l'aime plus. Elle en a choisi un autre. L'amour est parfois cruel. 

Souriant à sa femme, il essayait d'effacer ses méfaits. Il souhaitait de tout son être que Pauline ne le voit plus comme un monstre, ou un homme digne de mourir, un homme que personne ne pleurera. Il voulait que Pauline le pleure. Il ignorait pourquoi. La regardant, ses cheveux si fins, si doux, ses yeux en amandes, sa minuscule fossette sur le menton qu'il rêvait de toucher, il se perdit dans ses pensées les plus étranges. Pauline remuait d'un geste évasif son thé avec une petite cuillère:

-Soline a tué Denis. Tu le sais aussi bien que moi.

Daniel voulait juste que son épouse ne le condamne pas à vie pour ce meurtre. Il en était l'investigateur, mais elle n'était pas obligé de le savoir:

-Ne me prends pas pour plus stupide que je ne le suis. Répondit-elle. Je sais que tu es le cerveau. Soline n'a fait que t'obéir. Pourtant une chose m'échappe.

-Laquelle?

-Pourquoi, subitement, tu essayes de t'innocenter, comme-si mon opinion t'importait? Il fut un temps où tu te fichais de ce que je pensais sur toi.

-Les choses changent. Nous sommes mariés et j'aimerai que tu ne penses pas que tu ais épousé un monstre.

-Où est Ronor dans ce cas?

-Tu ne le reverras jamais! S'écria Daniel.

-Ce n'était pas ma question. Répliqua Pauline. Si tu ne veux pas que je te prenne pour un monstre, dis-moi ce que tu en as fait?

Daniel soupira. Il réfléchit un instant. Ronor était loin. Jamais il ne reviendra au Monterre, il y a trop de risque. Qu'importe si Pauline sait la vérité!

-Je l'avais envoyé en prison, et il s'est échappé. Aux dernières nouvelles, il était en route vers l'Allénie. Voilà, tu sais tout.

-Ainsi il est en vie.

-Evidemment. Je ne suis pas si monstrueux que ça.

Pauline ne répondit pas. Finissant son thé, elle quitta le salon, soulagé de savoir Ronor en vie. Le palais présidentiel n'était plus le même depuis le mort de Denis. Rien ne souriait aux Aizon. Et lorsque Pauline entendit des pleures émanant d'une pièce, elle s'arrêta. La suite d'Alexane et Léon était juste là. Au fond du couloir, bien après la chambre de Pauline. Alexane pleurait. Le visage enfouie dans un oreiller. Pauline entra dans la chambre. Un calme étrange régnait. Pas un bruit, juste les sanglots de la Princesse. Sa belle-soeur s'approcha du lit, et s'enquit avec un regard du mal-être d'Alexane:

Les Seigneurs de Fallaris Tome 2: MonterreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant